Petit film léger que ce La Discrète, qui commençait assez mal. Déjà Luchini fait du Luchini et c’est insupportable. Il parle toujours en citations, fait des yeux exorbités à tout va, des manières précieuses germanopratines agaçantes, on frôle l’indigestion. Heureusement, ça s’améliore un peu au fil du film, son personnage devenant un peu plus sympathique et l’acteur arrivant par moment à amener un poil de sensibilité quand il s’échappe de son personnage. Personnage qui n’a d’ailleurs qu’assez peu de consistance et se définit uniquement par son oisiveté, ses citations, son goût de l’écriture et de la drague. Côté casting, Judith Henry est nettement plus appréciable. Elle a un côté touchant, naïf, et son personnage a plus de consistance. Il a une profession, une vie, un appartement, des amis. Son duo avec Luchini fonctionne assez bien, car son côté frais et naturel arrive à équilibrer le côté artificiel et maniéré de Luchini. Tout autour de ce casting, des seconds rôles quasi invisibles.
Le scénario est ténu. Un homme doit draguer une femme (pour des raisons assez superficielles), et bien sûr le charme va opérer et… et… Mystère ! On est sur un scénario de comédie romantique classique avec une fin qui échappe à ce que l’on attend ordinairement d’une comédie romantique. Le résultat est assez simple, parfois un peu trainard, les dialogues très riches en citations et en anecdotes digressives sont parfois agaçants. Maintenant, faut avouer qu’il y a un certain charme, des moments assez touchants, une fin plutôt surprenante et appréciable. Il y a une ambiance parisiano-romantique pas déplaisante, bref, l’ensemble est un marivaudage flegmatique mais jamais assez ennuyeux ou prévisible pour sombrer.
Formellement, le film est plutôt raffiné dans ses décors, sa photographie, sa réalisation. Le réalisateur essaye de créer un Paris romantique à travers ses édifices, ses restaurants chics, ses intérieurs dorés d’institutions parisiennes, tout en contrastant avec les chambres de bonnes des petites mains de la capitale. La bande son est agréable, mais faut avouer qu’il y a un côté un peu compassé, côté compassé qui parfois se manifeste aussi dans les images (et dans le jeu de Luchini).
Pour ma part, La Discrète reste cependant un des meilleurs Luchini que j’ai pu voir jusque-là. Acteur pénible, il joue souvent dans des films mignards qui s’adaptent à lui, et ça devient tout de suite pédants, prétentieux et lourd. Heureusement, ici le jeu plein de fraicheur de Judith Henry et la tonalité romantique du film qui justifie le côté « cliché » du Paris des petits cafés, des monuments historiques et des restos chics parviennent à sauver le film de cet écueil que le même réalisateur ne réussira pas à éviter dans L’Hermine, son dernier film avec Luchini justement ! 3