J'ai vu ce film à cause/grâce à la mort de Maurice Garrel, acteur dont je ne connais finalement que peu de films, je me suis donc laissé tenté par la discrète où il joue un second rôle, je ne savais rien du film, mais quelle ne fut pas ma surprise de voir Luchini en pleine forme dès la scène d'introduction. Le film commençait fort bien. ça ressemble un peu (voir beaucoup) à du Rohmer. J'avais cette crainte durant les premiers instants du sous Rohmer (et je ne dis pas cela juste à cause de la présence de Luchini, on retrouve une histoire très rohmerienne dans le fond, cette histoire d'amour qui prend du temps à se mettre en place, cette passion pour le verbe et les joutes verbales parfaitement exquises). Mais il n'en est rien, si le film ressemble à du Rohmer il n'a pas à rougir de la comparaison, et Rohmer non plus. C'est un film qui a défaut de m'avoir fait rire (bien qu'il y a une ou deux scènes où je ne pu retenir un léger fou rire), il m'a donné la possibilité d'esquisser un sourire sur mes lèvres d'habitudes si peu promptes à rire de ce genre de situations. C'est un film fort adorable. Le personnage principal portant le plus beau prénom du monde : Antoine, flirte gentillement avec Catherine une jeune fille pas forcément très belle, mais qui au fil des scènes va se sexualiser, devenir une femme, les robes sont de plus en plus attirantes, on sent le désir monter chez cet Antoine, cette fille qu'il doit séduire plus par contrat que par envie va l'intriguer, le déconcerter, l'attirer de plus en plus. On sent que son décolleté plonge de plus en plus, on sent qu'on va voir son sein à un moment. La tension sexuelle monte chez le spectateur et chez Antoine, et retombe avec fracas lorsque subtilement on voit ce sein tant attendu deux petites secondes au détour d'un plan.
C'est un film très réjouissant, malgré la fin, le film aurait pu se finir quelques secondes plus tôt, sur le visage de cette jeune fille, qui quoiqu'en dise Antoine/Luchini est peut-être pas très belle possède un charme fou (sans parler d'un talent d'actrice rare), dans le train. Les scènes suivantes j'avoue ne pas avoir forcément compris l'intérêt, bien que la chute soit pas mal, mais on perd l'intensité du visage de Judith Henry. Les deux dernières minutes seraient les seules choses que je pourrai reprocher au film.
Sinon le personnage d'Antoine, me rappelle inéluctablement moi même. Je pense que c'est ça qui fait que j'ai tant apprécié ce film, ce type qui parle tout le temps, dit tout, élabore des théories sur les femmes, le sexe, la séduction, c'est moi.
Le final prend tout son sens lorsqu'on voit des comédies romantiques basées sur le même schéma à Hollywood comme "comment se faire larguer en 10 leçons" (entre de nombreuses autres) qui reprend un peu le même thème du mensonge dans le "couple" où il est question de séduire suite à un pari ou autres dans le même goût. La discrète n'est pas comme ces films là, de par ses moments de vérités, ses fulgurances, mais aussi car il ne tombe pas dans le piège du Happy End nécessaire pour que le spectateur se sente bien et aille consommer son coca en sortant du cinéma. On est dans quelque chose de tristement ordinaire, ce qui le rend profondément troublant. En tous cas j'ai trouvé ça très beau.