Le Fataliste est adapté du roman Jacques le fataliste de Denis Diderot (écrit en 1773 et publié en 1796). C'est la troisième fois que l'ouvrage est porté sur grand écran. En 1945, Robert Bresson l'adaptait avec Les Dames du Bois de Boulogne, porté par Jean Marchat. En 1993, Antoine Douchet signait son Jacques le fataliste, avec Serge Riaboukine dans le rôle-titre.
Le réalisateur Joao Botelho explique ce qu'il a voulu exprimer au travers de la comédie satirique Le Fataliste : "L'objectif était d'évoquer la seule chose qui trouble le monde : la lutte des classes. Quand il a adapté la pièce de Diderot pour tourner le sublime film Les Dames du Bois de Boulogne, Robert Bresson a déclaré que le texte était à la fois puissant et magnifique mais aussi hermétique et équivoque. En gardant tout cela à l'esprit, j'ai mené un combat impitoyable pour dérober d'autres parties du roman et faire mon propre film où pourraient y coexister l'âme, le coeur, le cerveau et la chair. Tout cela, par amour des spectateurs, des êtres humains tout comme moi."
Joao Botelho ne tarit pas d'éloges sur l'oeuvre originale de Diderot : "En écrivant son roman, Diderot anticipait la Révolution Française et le fait que les hommes naissent libres et égaux en droits. Dans son roman, étaient déjà sous-jacentes toutes les révolutions qui allaient éclater dans le monde, et celles qui éclatent encore aujourd'hui. "Jacques le fataliste" est un tourbillon hallucinant, avec une écriture et une structure si puissantes, si radicales qu'elles nous laissent avec ce sentiment euphorique que tout est possible. Il contient cette passion furieuse, et chacun peut même en ressentir concrètement le sentiment, l'affirmation de la vie ou la croyance que nos choix personnels sont prédestinés, une joie et un émerveillement comme si nous étions à la fois en train de saisir et de laisser filer la perfection."
Pour le réalisateur Joao Botelho, travailler sur l'oeuvre de Diderot a constitué un véritable plaisir. Plaisir de l'oeuvre même, mais également plaisir de l'oeuvre classique : "Comme nous serions plus heureux si nous lisions les oeuvres classiques. Qu'il est merveilleux de travailler sur un texte comme celui-ci à une époque où penser est devenu un crime. A une époque où les puissant essayent de ternir la dignité humaine, où ils mettent en avant le conflit des civilisations, la guerre des religions glauque et sinistre."
Le Fataliste a été présenté en compétition officielle à la Mostra de Venise 2005. Le long-métrage faisait également partie des sélections officielles des festivals de Toronto et Séville.