Doté d'une très solide réputation, la réussite de « Sans mobile apparent » est à relativiser légèrement. Le film est solide à tous les niveaux : mise en scène carrée, scénario parfois inattendu dans son déroulement, chouette bande-originale signée Ennio Morricone, imposant casting à tous les étages (dont un Jean-Pierre Marielle pour le moins inattendu en... anglais !! Sans oublier une troublante Stéphane Audran, pourtant seulement de passage)...
Alors que manque t-il ? Sans doute un peu de nervosité, d'ambiguïté dans cette histoire en définitive assez dérangeante, jouant pas mal la carte de la fausse piste avant que nous ne finissions par deviner de quoi il s'agit (le suspense tient moins dans la dernière ligne droite, même si Labro a l'intelligence de sembler s'éloigner de cette possibilité pour finir par y revenir). Sans doute manque t-il aussi un vrai auteur aux dialogues, certes très professionnels, mais peu marquants, comme la plupart des personnages, notamment secondaires (en plus de Stéphane Audran, Paul Crauchet est sans doute celui qui s'en tire le mieux).
On sent que le réalisateur essaie d'apporter une identité, que ce soit dans sa façon de filmer Nice ou même certaines scènes d'action de façon presque « posée »
(je pense notamment à Jean-Louis Trintignant au milieu de la place, impuissant face à l'assassinat qui va suivre)
, sans y parvenir pleinement : n'est pas Alain Corneau qui veut... Dommage, mais ça n'enlève rien aux mérites de ce solide polar qui, sans être aussi marquant qu'espéré au vu de son potentiel, reste d'assez bonne facture, manipulateur mais pas trop, pour le rendre habile (à quelques exceptions) et fréquentable : du solide.