Alexandre Aja signe ici le remake d'un classique du cinéma d'horreur datant de 1977, La Colline a des yeux de Wes Craven. En cela, le long métrage du jeune réalisateur français s'inscrit dans une tendance hollywoodienne consistant à reprendre des films d'épouvante emblématiques des seventies (Massacre à la tronçonneuse, La Malédiction ou encore Amityville, la maison du diable) et à en proposer une nouvelle version. Wes Craven, lui-même, a assuré la production de ce remake pour Dimension Films.
C'est grâce à Haute tension, son film d'horreur made in France qui a été présenté au Festival du film indépendant de Sundance en 2004, qu'Alexandre Aja, seulement âgé de 25 ans, s'est vu courtiser par les pontes de Hollywood et confier ce projet de remake.
Le but n'était pas de copier le film original mais d'apporter une nouvelle vision au film. Alexandre Aja s'exprime à ce sujet : "Nous étions particulièrement enthousiastes à l'idée de pouvoir aller plus loin dans l'exploration des mécanismes de la peur et de développer les personnages. C'était l'occasion de s'intéresser à la nature humaine lorsqu'elle est confrontée à la plus extrême pression. Pour nous, ce film était l'étape parfaite après Haute tension".
Alexandre Aja évoque la difficulté à écrire le remake d'un film d'horreur : "Le secret, c'était de trouver le mélange parfait entre l'originalité et l'hommage, entre l'actualisation pure et la prolongation des éléments d'origine. Il ne fallait surtout pas diluer l'énergie brute du premier film. Beaucoup de remakes de films d'horreur faits ces dernières années ressemblent trop à des clips, ils sont trop clean, pas assez terrifiants et graphiques. Nous avons fait exactement le film que nous voulions voir, sans compromis."
Même si La Colline a des Yeux reste une oeuvre de pure fiction, Wes Craven dit s'être inspiré d'une histoire vraie qui date du XVIIème siècle, en Ecosse. Une famille de 48 membres tendait des embuscades aux voyageurs sur des routes, les tuait pour les manger ensuite. Le roi James Ier d'Ecosse a fini par envoyer 400 soldats pour traquer et exécuter ces cannibales.
Alexandre Aja et Wes Craven ont dû consentir quelques coupes pour ne pas voir leur film interdit aux moins de 17 ans aux Etats-Unis. Certaines scènes d'une rare violence - l'attaque de la famille par les mutants - ont en effet heurté la sensibilité de la redoutée MPAA. A l'initiative des deux cinéastes, une version intégrale de La Colline a des yeux sera disponible en DVD.
L'équipe du tournage du remake de La Colline a des yeux a travaillé avec le studio K.N.B. Effects Group, à qui l'on doit les maquillages de nombreux films d'horreur tels que Re-animator II, Evil Dead III : l'armée des ténèbres, Le Sous-sol de la peur ou Scream. Ce studio très renommé a d'ailleurs travaillé pour les plus grands succès hollywoodiens du moments comme Kill Bill : Volume 1, Sin City ou Hostel.
Afin de renforcer les "liens familiaux" entre les différents acteurs, le réalisateur Alexandre Aja a insisté pour qu'ils arrivent tôt sur les lieux de tournage au Maroc afin de pouvoir passer du temps ensemble. La productrice Marianne Maddalena s'exprime à ce sujet : "Ils ont parlé, répété, ils dînaient ensemble tous les soirs et ainsi, ils ont vraiment appris à se connaître. Cela a permis de nouer des liens très proches, ce qui se ressent dans leur interprétation. Ils ont vraiment l'air d'une famille..."
L'action de La Colline a des yeux se passe en Californie mais l'équipe a décidé de tourner dans les déserts du Maroc. Une situation bien difficile puisque les acteurs et l'équipe technique ont affronté des vents puissant et une forte chaleur montant jusqu'à 48° C : une chaleur suffisante pour faire fondre le maquillage à base de latex. Mais ces conditions spéciales de tournage ont aidé les acteurs dans leur interprétation comme le témoigne le comédien Aaron Stanford : "Tourner à Ouarzazate a aidé à créer cette famille de manière réaliste parce que nous étions dans un endroit isolé, dans des conditions difficiles, et que cela nous a tous rapprochés.".
Après avoir acquis les droits de remake du film de Wes Craven, Alexandre Aja et Grégory Levasseur ont commencé à retravailler le scénario jusqu'à ce que Wes Craven insiste pour qu'ils fassent un film plutôt personnel. C'est ainsi qu'ils ont développé l'histoire de cette famille d'anciens mineurs, atteinte par les radiations nucléaires. Une idée qui semble ravir le réalisateur des Griffes de la nuit : "Le thème de l'irradiation nucléaire et de ses conséquences sur l'être humain est parfaitement d'actualité. Les gens n'ont malheureusement pas vraiment idée des dangers que cela représente".
L'objectif premier de Alexandre Aja était de créer des personnages totalement crédibles, vivants , réalistes et actuels : c'était le moyen le plus efficace de faire vivre au spectateur l'expérience la plus éprouvante possible : "Notre concept a été de faire le film le plus réaliste possible. Nous avons donc cherché des acteurs qui puissent incarner ces personnages de manière naturelle et authentique. Nous ne voulions pas de visages connus, d'acteurs dont la célébrité aurait nui au film parce que leur image publique aurait pris le pas sur leur personnage."
Afin de bien travailler le maquillage de cette famille atteinte par les radiations nucléaire, Alexandre Aja et le responsable des effets spéciaux se sont basés sur des documents réels sur les catastrophes radioactives à Tchernobyl et Hiroshima : "Nous avons fondé nos descriptions sur des documents authentiques (...) des effets des retombées nucléaires à Tchernobyl et Hiroshima. Tout a été créé sur la base des effets réels des radiations nucléaires. Nous avions aussi un postulat de base : les mutants sont le résultat d'une famille qui n'a jamais quitté ce qui est devenu un site dévasté par les essais nucléaire opérés dans les années 50 dans le désert de l'Ouest Américain".
Afin que les effets gore soient le plus réaliste possible, les responsables des effets spéciaux ont eu recours à des répliques animatroniques des acteurs. C'est ainsi que chacun des comédiens a dû se soumettre à un scannage informatique complet du corps afin de fabriquer un "double" parfait pour...mieux les démembrer par la suite. A celà s'ajoute un travail de maquillage très précis mais aussi l'utilisation (très discrète) des effets numériques. En effet, le mot d'ordre était de ne jamais menacer le réalisme cru du film et d'intégrer les effets visuels aux images de manière indétectable.