C'est en lisant un journal local syrien, en septembre 2001, que le réalisateur Mohamed Malas a eu l'idée de réaliser Passion. Dans un entrefilet, on pouvait lire que la passion d'une jeune femme syrienne pour les chansons de la grande cantatrice égyptienne Oum Kalsoum avait suffi pour qu'elle soit soupçonnée d'être amoureuse d'un autre homme que son mari. Son frère, deux de ses cousins et son oncle l'assassinèrent, en présence de ses trois enfants. Mohamed Malas explique : "Ce crime affreux, cette violence aveugle sont des signes forts qui permettent l'analyse de la société syrienne d'aujourd'hui. J'ai donc décidé d'écrire ce scénario pour raconter l'histoire de cette femme."
Pour dénoncer le crime qui lui a inspiré Passion, le réalisateur Mohamed Malas a raconté l'histoire selon deux axes : un axe géographique et un axe temporel. Concernant le lieu, Malas explique que si les évènements sont situés dans la ville d'Alep, c'est parce que "c'est une ville célèbre pour son amour de la musique, et ses habitants sont connus pour leur penchant prononcé pour la chanson. Que l'amour de la musique soit la preuve de l'adultère est alors d'autant plus monstrueux." Pour ce qui est du temps, Malas déclare : "Le fait divers date de septembre 2001, mais j'ai pensé qu'en déplaçant ce crime en septembre 2000, cet événement aurait une portée symbolique plus profonde. En effet, le président syrien Hafed El Assad est décédé en septembre 2000, après un règne sans partage de 30 ans."
Avec Passion, le réalisateur Mohamed Malas place un fait divers, en l'occurence un crime, "dans le cadre spacio-temporel le plus signifiant. Je souhaite, à travers ce crime, questionner la société syrienne, dénoncer la confusion idéologique qui y règne, ainsi que la dérive des valeurs et des responsabilités. Le but de ce film est de faire l'autopsie de ce crime, mais aussi l'autopsie d'une ville, Alep, célèbre pour son histoire et pour le penchant prononcé de ses habitants pour le chant et la musique, et comment le chant est devenu un crime sanctionné d'un arrêt de mort."
Fabienne Servan-Schreiber, la productrice française de Passion, raconte : "Le scénario m'a touchée par sa musicalité ; d'un côté les mélodies d'Oum Kalsoum, l'amour d'une femme pour son mari et ses enfants, la joie de vivre modeste et quotidienne d'une famille d'Alep. De l'autre, l'intolérance des hommes chargée d'une violence qui va jusqu'au crime. La juxtaposition de ces deux mondes fait naître un film bouleversant et engagé. En effet, Passion est le premier film de cinéma qui traite de cette abominable réalité des crimes dits "d'honneur" dans les pays musulmans, ces crimes qui nient aux femmes le statut d'être humain."