Thierry Klifa définit le style de son film : "Nous voulions faire une comédie glamour et mystérieuse. Dès l'écriture, je savais que je voulais lui donner de l'ampleur, que je voulais tourner en vrai Scope. Si nous avions en tête les comédies américaines des années 50 (...) nous rêvions aussi d'un film résolument moderne, où les actrices seraient belles, où les acteurs seraient beaux, où il y aurait un vrai travail sur les costumes, sur les décors, sur la lumière, où le quotidien serait stylisé, où l'on n'aurait pas peur des situations excessives, colorées et ambiguës, où l'on pourrait être sentimental, sans pour autant basculer dans la sensiblerie, où les chansons et la musique joueraient un rôle emblématique... Nous voulions faire un film gai, joyeux, avec des airs nostalgiques et des feux d'artifi ce, avec des actrices qui chantent, où la confusion des sentiments s'exprimerait aussi par la confusion des genres - y compris cinématographiques : comédie, drame, musical..."
Le Héros de la famille réunit une pléiade de stars du cinéma français qui, pour certains avaient déjà eu l'occasion de se donner la réplique. Catherine Deneuve avait déjà tourné avec Gérard Lanvin (Le Choix des armes), Emmanuelle Béart (8 femmes), Claude Brasseur (L'Agression, L'Argent des autres, Ils sont grands, ces petits) et Valérie Lemercier (Palais royal !). Gérard Lanvin a déjà eu comme partenaires Miou-Miou (Est-ce bien raisonnable ?) et Claude Brasseur (Camping). Claude Brasseur et Miou-Miou ont souvent travaillé ensemble (Au revoir... à lundi, Guy de Maupassant, Josepha et Le Bal des casse-pieds, dans lequel apparaît aussi Valérie Lemercier). Citons enfin le tandem Miou-Miou-Lemercier dans Milou en mai.
Thierry Klifa précise ses intentions : "C'est (...) un film sur la transmission et l'héritage, les secrets de famille et l'appartenance, malgré soi, à un milieu social et culturel... Je suis parti d'une phrase que j'avais en tête et que je voulais que le fils dise à son père : "'J'ai perdu tellement de temps à essayer de ne pas te ressembler" En effet, que fait-on de la vie de ses parents, de leurs racines, de leur passé affectif, de leur sexualité, de leurs réussites et de leurs échecs ? Et qu'est-ce que les parents font de la vie de leurs enfants ? Marianne et Nino ont ainsi tout fait pour se créer leur propre espace vital loin -géographiquement, professionnellement et affectivement- de leur famille. Mais c'était compter sans le destin qui va les confronter à tout ce qu'ils cherchaient à fuir..."
Pour incarner les deux personnages représentant la jeune génération, Marianne et Nino, le cinéaste a choisi Géraldine Pailhas et Michaël Cohen, deux comédiens qu'il avait dirigés dans son premier long métrage, Une vie à t'attendre.
Michaël Cohen a de nombreux souvenirs liés à ses différents partenaires : "Catherine Deneuve, je connais tous ses films, je suis tombé amoureux d'elle dans La Sirène du Mississippi et c'est peut-être pour elle que j'ai voulu devenir acteur (...) Lanvin, je me souviens, j'étais tout jeune et j'avais réussi à faire de la figuration sur Mes meilleurs copains et dans les scènes où il était je ne pouvais pas m'empêcher de l'observer et de remarquer à quel point il était toujours juste, toujours vrai (...) Miou-Miou (...) est liée au premier tournage que j'ai vu de ma vie. C'était Tenue de soirée. J'avais 15 ans, j'étais en pension à Maison-Laffitte, et quelqu'un m'a dit : "Il y a un tournage de film là-bas." J'ai couru, c'était une scène entre Depardieu, Blanc et Miou-Miou. Je voulais déjà être comédien et j'étais juste fasciné de les voir, d'entendre leurs fous rires... Emmanuelle, c'est l'actrice que... j'aurais aimé être ! Ses choix, son courage, ses implications, sa beauté... Valérie , je l'ai rencontrée sur le premier film que j'ai fait en tant que stagiaire régie Operation Corned-beef et déjà, j'avais pu goûter à son humour, son sens de l'observation et son jeu très précis. Et aujourd'hui, je tourne avec eux !"
L'action du Héros de la famille se situant dans l'univers du cabaret, on entend trois des comédiennes pousser la chansonnette : Géraldine Pailhas (La Rose), Catherine Deneuve (Ho capito che ti amo) et surtout Emmanuelle Béart, qui joue le rôle d'une chanteuse (six titres : It had to be you, Taking a chance on love, Maria's eyes, When somebody thinks, I'll close my eyes, Histoire d'un amour). Pour les deux dernières comédiennes, ce n'est pas une nouveauté : dans 8 femmes, Deneuve chante Toi jamais de Sylvie Vartan et Béart A pile ou face de Corinne Charby. Deneuve a également enregistré un album, Souviens-toi de m'oublier, Serge Gainsbourg, composé par Serge Gainsbourg et sorti en 1980, tandis que Béart, qu'on entend fredonner a capella dans J'embrasse pas, a chanté pour les Restos du Coeur. Dans Une vie à t'attendre, son premier film Thierry Klifa avait déjà demandé à son actrice de donner de la voix : il s'agissait alors de Nathalie Baye, entonnant Pour une amourette lors d'une escapade amoureuse en Toscane.
Catherine Deneuve, qui lance quelques répliques vachardes dans le film, décrit ainsi le personnage d'Alice : "Une peste ! Une vraie peste ! Bon, d'accord, elle a des raisons de l'être - mais on a tous des raisons d'être ce que l'on est à un certain âge dans la vie. Tout le monde a un passé, tout le monde a vécu des choses diffi ciles ou douloureuses, ça n'excuse pas tout ! Mais c'est quand même une peste assez rigolote et, au fond, assez sentimentale (...) Oui, elle a eu des cassures dans sa jeunesse ou dans sa première maturité. Ça me paraît assez normal, mais enfin bon, elle est assez bien retombée sur ses pieds ! (rires) Elle a peut-être vécu des choses difficiles mais elle ne s'est pas laissée abattre. C'est une femme qui a du ressort, qui a du cran."
Miou-Miou évoque sa complicité avec Catherine Deneuve, les deux comédiennes étant réunies pour la première fois à l'écran : "C'était un des vrais plaisirs de faire ce film que de pouvoir travailler avec Catherine et dans ce registre-là, entre amour et haine. Ce qui est amusant, c'est que peu de temps avant que Thierry ne m'envoie son scénario, j'ai croisé Catherine chez le coiffeur, nous avons bavardé, et je lui ai dit en partant avec un petit côté fataliste, comme si ça ne pouvait plus arriver : "C'est bête, on n'aura jamais tourné ensemble !" Je ne savais pas alors que Thierry était justement en train d'écrire pour nous deux ! Avec Catherine, on se croise depuis longtemps, on se connaît sans être intimes. Sur ce tournage, on s'est rendu compte en plus que l'on s'entendait très bien dans le jeu, que l'on prenait vraiment beaucoup de plaisir à jouer ensemble. Il est vrai que nos scènes sont très bien écrites et parmi les plus drôles."
Gérard Lanvin, qui incarne l'un des personnages-pivots du Héros de la famille, évoque certaines de ses appréhensions avant le tournage : "Imaginez-vous, j'ai connu Claude Brasseur sur Camping où nous sommes devenus amis, en short et en charentaises, et là, je dois danser un slow avec lui habillé en femme, sans que ce soit comique mais qu'au contraire, cette danse dégage une belle émotion d'amour ! Ce n'est pas évident au départ et ça devient très simple à l'arrivée parce que vous êtes en situation... Mais quand vous le lisez ! Surtout qu'au fil des pages, ça s'accumule : il faut être très tendre avec Emmanuelle Béart sous les draps, il faut embrasser Catherine Deneuve sur un balcon, devant un feu d'artifice... Oh la la ! [Rires] Ce n'est pas simple tout ça ! Et d'un coup, ça se met en place et tout roule (...) Comment on y est arrivé, on ne sait pas trop. Mais c'est ça, le truc magique, c'est pour ça que l'on aime faire du cinéma."
Dans le film, on voit une photo réunissant Gérard Lanvin et Miou-Miou, avec 25 ans de moins. Cet authentique cliché avait été pris durant le tournage de Est-ce bien raisonnable ?, film de Georges Lautner dans lequel les deux acteurs se donnaient la réplique. On remarque également dans le film une odalisque, dessinée spécialement pour le film, inspirée d'une photo de Belle de jour de Luis Buñuel. Le cliché de Catherine Deneuve que montre Nino est quant à lui extrait de La Sirène du Mississippi. Un des morceaux qu'interprète Emmanuelle Béart dans le film est Maria's song, que chanta Keith Carradine dans Maria's Lovers de Andrei Konchalovsky. D'autre part, la chanson qu'interprète Géraldine Pailhas est une adaptation en français (signée Carla Bruni) de The Rose, un titre immortalisé par Bette Midler dans le film homonyme, évocation de la vie de Janis Joplin.
Pour jouer le rôle de Fabrice, le petit ami de Nino, Thierry Klifa a choisi Pierrick Lilliu, connu pour avoir été finaliste (face à Myriam Abel) de La Nouvelle star (édition 3, en 2005), l'émission télévisée diffusée sur M6. C'est sa première apparition au cinéma. A la suite de sa prestation dans le show de télé-réalité, le jeune chanteur a enregistré un album, Besoin d'espace sorti quelques mois plus tard. Après le tournage du Héros de la famille, il a travaillé sur son deuxième album avec David Moreau, qui n'est autre que le compositeur de la musique du film.
Pour mettre au point les numéros de magie (Gérard Lanvin joue le rôle d'un prestidigitateur), Thierry Klifa a engagé comme conseiller un des plus célèbres illusionistes français, David Jarre. Celui-ci n'avait encore jamais travaillé pour le 7e art, en dépit de sa prestigieuse ascendance : il est le fils de Charlotte Rampling et le petit-fils du compositeur Maurice Jarre (son père étant le musicien Jean-Michel Jarre).
Le cinéaste a fait appel à plusieurs collaborateurs qui figuraient au générique d'Une vie à t'attendre : citons le chef-op Pierre Aïm, le monteur Pierre Aïm, le compositeur David Moreau (le demi-frère de Patrick Bruel, héros du premier opus) ou encore le photographe de plateau Luc Roux qui a longtemps travaillé pour Studio, le magazine dont est issu Thierry Klifa.
Comme Une vie à t'attendre, Le Héros de la famille a été coécrit par Christopher Thompson, scénariste -et comédien- qui a notamment collaboré avec une autre cinéaste qui aime les films choraux : sa mère Danièle Thompson, auteur de La Bûche (avec, déjà, Emmanuelle Béart) et Fauteuils d'orchestre (avec entre autres Valérie Lemercier et Claude Brasseur).
Avant que le réalisateur n'opte pour le titre Le Héros de la famille, le projet s'appelait Le Lapin est dans le chapeau, en référence à l'émission de magie présentée par Nicky et Simone.