Takashi Shimizu a accepté de diriger The Grudge 2, car il ne s'agissait pas d'une copie de Ju-on 2 et parce que, les producteurs lui ayant promis une nouvelle histoire, il était désireux de fouiller plus profondément dans le mystère de la malédiction et de ses nouvelles victimes.
Le scénariste Stephen Susco, qui a adapté le premier film, explique : "Nous voulions que cette suite ouvre une nouvelle voie pour approfondir et enrichir l'histoire. Nous avons exploré toute une variété de possibilités différentes et une myriade de personnages, et avons continué à lesaffiner jusqu'à avoir le noyau d'un récit fort."
Takashi Shimizu ajoute : "Le mystère de la malédiction, qui n'a pas été expliqué dans le premier film, est maintenant révélé. J'ai travaillé à cette suite de telle façon que chacun puisse la comprendre et l'apprécier, même ceux et celles qui n'ont jamais vu le premier film ou n'importe laquellede mes versions japonaises."
Travailler avec une équipe d'acteurs internationaux (américains, canadiens, australiens et japonais) a été un nouveau défi pour Takashi Shimizu, qui signe avec The Grudge 2 son deuxième film en anglais. Celui-ci raconte : "Je ne connais pas beaucoup d'acteurs non japonais, j'ai donc expliqué aux producteurs la personnalité de chaque personnage, leur importance dans l'histoire, ce que j'attendais d'eux et ce à quoi je voulais qu'ils ressemblent. Les producteurs aux Etats-Unis ont choisi les acteurs américains, et Takashige Ichise et moi avons choisi les acteurs japonais."
En créant le personnage de Kayako, le spectre de The Grudge, Takashi Shimizu a respecté la tradition japonaise qui veut qu'un fantôme soit le plus souvent une femme avec de longs cheveux noirs qui porte un kimono blanc. Ainsi, Kayako entoure ses victimes de sa chevelure et celles-ci succombent à la malédiction peu de temps après.
"Autrefois, précise le réalisateur, les Japonaises prenaient grand soin de leur chevelure. Elles considéraient leurs longs cheveux noirs comme un trésor et les croyaient même détenteurs d'une âme. Des cheveux ébouriffés expriment une forte émotion, comme une profonde rage. Une femme avec des cheveux en désordre est donc une représentation courante d'un fantôme. Quant au kimono blanc, il vient du fait qu'on habille les morts d'un kimono de cette couleur avant de les placer dans leur cercueil, parce que nous croyons que le vêtement blanc purifie l'âme du mort afin qu'il puisse aller au paradis. Ensuite, le corps est brûlé. Lorsque l'âme d'un mort apparaît, elle porte souvent cet habit."
Le personnage de Kayako a été créé par Takashi Shimizu pour son premier film d'étudiant de 3 mn, Katei Homon. Il avait alors choisi Takako Fuji pour l'incarner, et cette actrice japonaise a toujours joué ce personnage vengeur depuis. Le réalisateur raconte : "Quand j'ai vu Takako dans une représentation théâtrale pour la première fois, j'ai su qu'elle serait parfaite pour mon fantôme, et rien n'a changé depuis."
Elle retrouve ici le personnage pour la sixième fois et confie : "Il y a dix ans, dans Katei Homon, j'exprimais surtout la colère du personnage, mais plus nous avons fait de films, et plus Shimizu me donnait des indications de jeu sur son état émotionnel. Elle n'était plus seulement en colère, elle devenait triste, seule... Kayako est devenue progressivement plus humaine. J'essaie maintenant d'entretenir ce subtil mélange de colère et de sensibilité..."
Jennifer Beals : "Je n'avais jamais tourné de film d'épouvante auparavant, mais après avoir vu The Grudge, j'ai voulu travailler avec Takashi Shimizu, parce que je pense qu'il élève le genre à un autre niveau. Il est intelligent, drôle, extrêmement compétent derrière une caméra, et très exigeant. Sa façon de faire ses films me rappelle un peu ceux de Robert Altman - en nettement plus effrayant !"
Edison Chen, qui joue Eason, le reporter, remarque : "Connaissant les films terrifiants et sombres de Takashi Shimizu, j'ai été surpris de rencontrer un homme aussi gentil, limpide et humain. Comment un type pareil peut-il faire des films aussi effrayants ?"
Arielle Kebbel ajoute : "J'ai été séduite par sa manière de faire. Dans chaque prise, au lieu d'écouter nos paroles, il observait nos corps. Sa vision du placement est très spécifique. Parfois, ses directives avaient un but précis, mais à d'autres moments, elles provoquaient une émotion différente chez moi, il captait alors le sentiment de terreur qui émanait de mes yeux, mes mains, même de mon souffle. En outre, Takashi Shimizu avait le film découpé dans sa tête."
Le tournage a eu lieu au Japon, alors qu'une partie du film se déroule aux Etats-Unis, ce qui a été un défi pour le chef décorateur Iwao Saito, qui avait précédemment travaillé sur The Grudge et Ju-on 2. "Je n'étais pas certain d'arriver à créer au Japon des décors américains crédibles, explique-t-il. J'ai donc demandé aux producteurs de m'envoyer à Chicago pour collaborer avec un directeur artistique familier de la culture américaine, John Marcynuk, qui a travaillé sur beaucoup de séries dont "Dark Angel"."
La production a trouvé un lieu de tournage à Yokohama, au Japon, pour servir d'extérieur à l'immeuble de Chicago, et Saito et son équipe ont créé les décors intérieurs sur le plateau 9 aux Studios Toho.
La barrière linguistique a constitué un obstacle non négligeable durant le tournage. Takashi Shimizu ne parle pas l'anglais et a dû se reposer sur Chiho Asada, une traductrice, qui l'a accompagné en permanence.
Amber Tamblyn admet : "La barrière linguistique fut un problème plus important que je ne m'y attendais. Parce qu'il y a certaines choses qu'on ne peut vraiment traduire à travers le langage, j'ai donc beaucoup utilisé mes mains ! Heureusement, Chiho était une interprète étonnante, capable de traduire non seulement les mots de Takashi, mais aussi ses inflexions et rythmes."