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Charlotte28
128 abonnés
2 036 critiques
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2,0
Publiée le 24 décembre 2024
Desservis par un mixage sonore catastrophique, les dialogues empesés alourdissent une mise en scène statique aux allures de théâtre filmé - malgré les quelques extérieurs minimalistes. Se plaisant à son rôle démoniaque, Jules Berry réveille un casting compassé campant des amoureux transis peu stimulants. Sur un rythme ronronnant l'intrigue finit par spoiler: affirmer la prévalence de l'Amour sur le Mal en une fable fantastique voulue poétique . Suranné.
Voilà donc un monument du cinéma français. Et bien bof! Le monument. Ce n'est pas les acteurs qui pêchent, même si de temps en temps le ton me semble un peu trop théâtral. Non, ce qui ne va pas, c'est indéniablement le scénario. Il n'est pas très attirant par cette histoire de diable et de diablotins venus sur terre pour semer la zizanie par le biais de relations amoureuses. En plus c'est long. Pour certains, cela doit être empli de poésie, de mythe. Moi, j'y ai surtout vu l'ennui. A réserver aux amateurs de philosophie sur la mort, l'amour, le diable, les relations humaines. Les autres, il vous est permis de vous abstenir.
Carné et prévert ressuscitent les amants et l'esprit des amours mythiques dans un film où le sentiment amoureux est magnifié, résistant (avec ou sans allusion à l'occupant nazi...) à tous les pouvoirs maléfiques. Précisément, Gilles et Dominique sont des envoyés du Diable (Jules Berry, forcément) que celui-ci a chargés de semer la discorde au château de messire Hugues. Mais Gilles est séduit par la fille du châtelain et fera le choix de l'amour. La poésie incantatoire de Prévert, le caractère tragique de l'histoire et l'intrusion du genre fantastique subliment l'amour entre Gilles et Anne. Cependant, on ne sera pas forcément touché au coeur par cette allégorie passéiste; la faute probablement à une mise en scène et à une direction d'acteurs quelque peu figées par un style dramatique emphatique. Les mouvements sont lents et les déclamations, les serments, quand ils ne sont pas touchés par la grâce poétique de Prévert, sont démonstrativement douloureux. Les intrigues amoureuses, au coeur du château, celles de Gilles et Anne mais aussi celles que suscite la séduction équivoque de la tentatrice Dominique (Arletty) supportent par ailleurs plus ou moins bien leur étroitesse dramatique. Il faut attendre l'apparition -tardive- du Diable en personne, venu punir la désertion de Gilles, pour que le drame, opposant ouvertement le Bien au Mal, la vertu au vice, prenne davantage de relief. La malice du Diable et l'ironie sarcastique dans laquelle excelle Jules Berry n'y sont pas étrangères, tant il est vrai que la méchanceté et les maléfices sont probablement plus spectaculaires que le regard transi des amoureux.
Un des fruits de la collaboration entre Marcel Carné et Jacques Prevert, " les visiteurs du soir" n'est pas toujours considéré comme la meilleure réussite de ce duo vraiment génial Ce n'est pas mon avis. A mes yeux, cette splendeur cinématographique est au contraire au niveau de ce qu'ils ont réussi de meilleur, avec "les enfants du paradis". Bien entendu chacun aura son ou ses films de référence du duo et c'est bien normal. Il est vrai qu'il est difficile de choisir entre de telles merveilles.
Nous sommes en 1485, période où Anne de Beaujeu ( sœur du toi) assure la régence du jeune futur roi Charles VIii apres la mort de son père Louis XI. Le diable envoie deux de ses émissaires ( Arletty et Alain Cuny), dans un château où règne l'harmonie, pour faire le malheur. Mais tout ne se passe pas comme prévu, car l'amour n'a pas dit son dernier mot.
La filmographie de Marcel Carné fut l'objet de critiques de la part de la nouvelle vague française qui lui préférait de beaucoup celle de Jean Renoir. Au même titre que d'autres réalisateurs incarnant " la qualité française ", il n'avait pas grâce à leurs yeux. De même, il était courant d'affirmer que c'était Prevert qui faisait la qualité des chefs-d'œuvre de la collaboration avec Carné, puisque la qualité des films du réalisateur ne sera plus la même après la fin de leur collaboration.
Tout ceci ne correspond qu'à des guerres picrocolines, vaines et inutiles. Carné (au même titre que Renoir)a réalisé certains des chefs-d'œuvre du cinéma français dont "les visiteurs du soir" est un exemple emblématique.
Le film est une ode à la force de l'amour et une invitation à la résistance contre le mal. N'oublions pas qu'il fut réalisé pendant l'occupation allemande en 1942. Carné employa à ses risques et peril Vladimir Cosma ( pour la musique) et Alexandre Trauner ( pour les décors) interdits de travailler par le gouvernement de Vichy en raison de leur appartenance religieuse.
Tout est admirable ici : la distribution est exceptionnelle, les dialogues également et la mise en scène de Carné au cordeau. Les jeunes amateurs du cinéma du patrimoine ne manqueront pas ce film, les autres le connaisse forcément. Sa vision est pour moi un moment de vrai bonheur.
Vu il y a (trop) longtemps, je me souviens surtout du bon acteur Berry. Ensuite cela parait lent et on ne s'y prend pas, mais pour l'époque c'est clairement un film correctement fait.
« La jeunesse du cœur est la seule jeunesse » Je préfère regarder ce film en tant que tel, en tant qu’objet sur l’amour tendre et courtois, si délicatement dépeint par les cœurs purs et les mots de Prévert. Même s’il faut en vérité se départir de cette sincérité, car c’est bien le diable qui intervient et les sentiments ne sont pas toujours empreints de vérité. Reste que l’amour est le plus fort. Cette fin ressemblerait même à une mythologie où les dieux donnent des formes au monde qu’ils façonnent à leur manière.
Que c'est long et ampoulé. Le jeu des acteurs est affreusement théâtrale. Heureusement, au deux tiers du film, arrive le diable, le formidable Jules Berry, qui cabotine peut-être un peu mais relève l'intérêt. Et la fin n'est toutefois pas dénué d'un peu de poésie.
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18 103 critiques
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5,0
Publiée le 1 septembre 2021
La beauté de cette collaboration exceptionnelle entre Jacques Prévert et Marcel Carne est qu'elle fonctionne même sans les références codées qui étaient une nécessité à l'époque de l'occupation allemande en France. Ainsi même si vous considérez Jules Berry comme un simple diable et non comme un symbole d'Hitler et si vous considérez les deux visiteurs non pas comme des symboles de la Résistance française mais comme deux simples ménestrels errants dans cette histoire le film fonctionne toujours et vous serez bien en peine de trouver une image ou un symbole plus poétique que le final de Prévert. Le diable transforme les amoureux en pierre sous nos yeux alors que leurs cœurs continuent de battre. La future icône Simone Signoret en tant que figurante n'est pas le moindre des plaisirs offerts complétés par des paroles savoureuses de Prévert. Les Visiteurs du soir est un délice total pour le spectateur...
Un des plus grands films fantastiques de l'histoire du cinéma. De très grands acteurs, au meilleur de leur forme, et dirigés par un Marcel Carné particulièrement inspiré.
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12 478 critiques
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4,5
Publiée le 19 février 2021
1942, nous sommes en pleine Seconde Guerre Mondiale! Qu'importe les autoritès allemandes, Marcel Carnè, qui n'a pas choisi de s'exiler en Amèrique comme Renè Clair ou Jean Renoir, tourne l'une de ses plus grandes oeuvres, situè au Moyen Âge! Une fable mèdièvale dans laquelle Jacques Prèvert (scènariste et dialoguiste du film) introduit avec courage et avec habiletè de nombreuses allusions politiques à la situation prèsente! L'interprètation est inoubliable : Alain Cuny, Arletty, Marie Dèa (plus belle que jamais), Herrand, Ledoux...et des hommes au sens plein du terme tels que l'èblouissant Jules Berry en reprèsentant du diable! S'il n'y avait que ça car Trauner fait aussi des miracles dans ce conte poètique, en particulier ce grand château blanc dans l'intro qui se marie admirablement avec les paysages minèraux! Suivent les jeux des baladins, le bal d'anthologie, les amants tranformès en statues de pierre, tout est là pour faire des « Visiteurs du soir » , une rèfèrence tournèe sous l'Occupation! A noter que l'assistant et rèalisateur de Carnè est un certain Michelangelo Antonioni...
Incursion de Carné-Prévert dans le fantastique. Le film parfois bavard souffre d’un rythme lent et d’une approche désuète mais la partition, à remettre dans le contexte, est belle, la morale réjouissante et l’interprétation exceptionnelle (avec une réserve quand même pour Alain Cuny). Scène finale culte.
Costumes d'époque,s mise en scène volontairement théâtralisée, voire proche de l'opéra bouffe, personnages hauts en couleurs, topos de la tragédie classique : les amoureux, le diable (Jules Berry, fantastique), le vieux noble qui a perdu la femme de sa vie et se complait dans le souvenir (Fernand Ledoux, touchant), tout y est!
Aussi évocateur qu'un bon Shakespeare, empli de symboles en tout genre qu'un des meilleur Bergman.
Grand classique du cinéma français. Le film aujourd'hui m'a paru bien désuet. Les dialogues de prevet sont parfois un peu nunuches, et les costumes parfois un peu ridicules. Mais le film est plein de symboles et de métaphores pour dénoncer l'occupation nazie qui sévissait à l'époque du film et le jeu de Jules Berry qui joue le diable est tout simplement délicieux !!
On a peine à le croire, et pourtant contrairement à ce que clame la politique des auteurs, ces derniers, aussi brillants soit-ils peuvent se planter. On a peine é croire que le duo Cané-Prévert est pu réaliser un tel ratage. Le rythme est lent, l'histoire peu prenante voire mièvre mais c'est surtout au niveau du casting que l'on touche le fond, l'interprétation d'Alain Cuny est épouvantable et marque le film du tache indélébile, Marie Dea n'est pas terrible non plus, quant au grand Jules Berry, il amuse un peu puis se perd dans des oraisons interminables et sans intérêt. Et Arletty ? Le rôle ne lui convient pas, on l'a connu tellement mieux. Bref on serait au théâtre quand les acteurs reviennent à la fin pour saluer, nous les aurions sifflés. Mais considérons ce film comme une parenthésé dans la brillante carrière de Carné, trois ans plus tard il se rattrapera haut la main en signant ce chef d'œuvre immortel que sont 'les enfants du Paradis".
Bien sûr "Les Enfants du Paradis "est l ' oeuvre de Carne mais ce film est vraiment plein de poésie . Bien sûr le jeu aujourd'hui est un peu "daté " mais l ' histoire reste très prenante et originale. Jules Berry qui incarne le diable a lui un jeu très en avance sur son temps . Alain Cuny fait déjà bien usage de sa voix rocailleuse qui sert formidablement bien son personnage quant à Arletty elle possède cette grâce incroyable à double tranchant . Un film à redécouvrir .