Pour Mohamed Zran, Le Prince traite de la relation qu'entretient toute société avec le rêve. Le réalisateur explique : "C'est un conte moderne à la fois subtil et généreux, qui reprend les schémas classiques des oppositions ancestrales d'un thème hors du temps : celui de la princesse et du pauvre, ici fleuriste. Toute l'histoire tourne autour d'un geste, celui d'Adel apportant des fleurs à la belle Dounia, déesse inaccessible qu'il convoite en secret. Ce geste à la fois banal et passionné, audacieux et évident, constitue le pari du film. Autour de cet enjeu central se développe toute une série d'histoires parallèles. Dans chaque cas, une dialectique se met en place entre la part de rêve et la part de réalité."
L'"arme" employée par Adel pour séduire Dounia est un bouquet de fleurs, une "empreinte de noblesse, d'élégance et de beauté" dixit le cinéaste. D'où le titre Le Prince, un vocable qui n'a dans le dialecte tunisien aucune connotation politique, mais renvoie plutôt à une conduite affable et raffinée.
Dans le film, l'avenue Henri Bourguiba a son importance. Comme l'explique Mohamed Zran, "l'artère principale de Tunis joue le rôle d'un personnage à part entière, d'un actant qui conduit les Tunisiens, toutes catégories sociales confondues, à se croiser, à se regarder, à se confronter et à tisser entre eux un réseau complexe de rapports tout à la fois tendus et sereins, solidaires et conflictuels. Donc, c'est l'avenue qui a commandé l'invention des personnages du film et déterminé la trajectoire de leurs destins respectifs."