Commandé par Staline à Eisenstein, "Alexandre Nevski" est un film de propagande. Il s'agissait alors, d'un message destiné à l'Allemagne Hitlérienne qui menaçait le territoire russe par ses volontées expansionnistes. Quoi de mieux qu'un héros national, le Prince Alexandre Nevski, , pour dorer le blason national. Célèbre pour avoir défendu de manière admirable les territoires russes au XIIIème siècles, face aux chevaliers teutoniques après avoir conclu une alliance avec l'empire Mongol.
A priori maigre, le scénario du film tient en ces quelques lignes. L’épaisseur est à chercher ailleurs. En effet, une double lecture s’impose, les princes Teutons renvoyant à l ‘Allemagne Hitlérienne. Le teuton est représenté comme une force mécanique oppressante et sans pitié. En témoigne la scène d’exécution de prisonniers, femmes et enfants compris. Dans cette scène, le montage insiste bien sur la cruauté de l’ennemis, alternant gros plans sur le visage d’enfants et sur les bourreaux. Alexandre Nevski est alors l’homme en qui ( doivent) se remettent les habitants. L’union du peuple sous l’égide d’un seul homme-dont on ne montrera que les qualités de meneur d’homme et de bravoure- n’est pas sans rappeler une certaine idéologie. Le fond de l’œuvre se passe presque de commentaires. Pourtant, on ne peut s’empêcher de s’affliger de ce manichéisme total dont le simplisme pénètre jusque dans une bataille amoureuse on ne peut plus mièvre. En revanche, un rapport fusionnel bienvenu s’établit entre l’image et la musique. En effet, la symbolique de l’image est constamment décuplée par la très bonne partition de Prokofiev. A cela il faut ajouter, un réalisme étonnant pour l’époque notamment dans la représentation de la violence du conflit.
Malgré tout, le film peine à passionner. L’interprétation brutale des comédiens (certains imposés par le Parti) est douteuse. Il s’agit d’un film épique, on est donc en droit s’attendre un peu plus d’émotions que ce qu’il nous procures. Car si l’image est souvent belle, elle parvient bien moins souvent a toucher. Finalement, « Alexandre Nevski » est une beauté froide, trop froide.