Avec ce documentaire, Marie-Claude Treilhou fait l'éloge de la chorale. Elle explique : Un choeur, c'est une grande diagonale dans le corps social, un mélange inouï d'individus aussi dissemblables que possible, qui s'assemblent régulièrement pour mettre en commun l'instrument le plus démocratique qui soit, le plus communément possible : la voix humaine, chantée. Et qui partagent par ce détour le désir, et le plaisir de s'écouter, et de s'entendre, chanter ensemble, et devant d'autres, pour quelques concerts en publics. C'est une école de la modestie, de la concnetration, de l'éveil constamment requis, de l'amélioration perpétuelle, tout comme pour n'importe quel instrument de musique. C'est le contraire de la désinvolture, et une expérience artistique à part entière."
Quelques mois avant la sortie du documentaire Les métamorphoses du choeur, les spectateurs ont pu assister à des scènes de chorale dans plusieurs films français, à commencer bien sûr par Les Choristes de Christophe Barratier qui connut un succès phénoménal. On peut également citer Les Sentiments de Noémie Lvovsky, dans lequel une chorale commentait les faits et gestes des personnages de façon décalée, ou encore Comme une image d'Agnès Jaoui : le spectacle donné par des chanteurs amateurs constituait en effet une des séquences-clés de cette comédie acide.
C'est moins le spectacle en lui-même que le long processus de création qui a intéressé la réalisatrice : "Un choeur en construction, c'est un immense chantier qui exige, de la part de tous, une inifinie rigueur ; de la part de la direction de choeur une puissance de travail hors du commun, une caapcité à marier des éléments composites, hétérogènes, une puissante faculté d'entrainement et de persuasion, et des qualités artistiques d'exception (...) Ceci à l'arraché, dans des délais toujours trop étroits, au défi de risques qui ne font qu'augmenter à l'approche des grandes représentations. Chaque pièce du puzzle devenant indispensable, irremplaçable au fur et à mesure que l'on avance vers l'achèvement de l'oeuvre, qui ne se découvre que pas à pas, un peu comme une tapisserie qui se tisserait à l'envers, dans une tension de plus en plus soutenue, palpable. Car ce n'est qu'au moment de la générale, la veille du grand jour, que tous les ingrédients sont enfin réunis. C'est bien cet envers du décor qui nous intéresse, côté cuisine d'un travail méconnu, à rebours du sublime, dans l'espoir de mieux encore le servir, lorsqu'il se présente décoiffé, sans préméditation, sous les oripeaux les plus ordinaires."
Réalisatrice de fictions singulières (Simone Barbes ou la Vertu, Le Jour des rois), Marie-Claude Treilhou a également signé plusieurs documentaires avant Les Métamorphoses du choeur, notamment Il etait une fois la télé (1985) -dans lequel elle demandait à des habitants d'un village du sud-ouest de la France ce qu'ils pensaient du petit écran-, et, en 2000, Au cours de musique , ou le quotidien d'Edouard Exerjean, professeur de piano au Conservatoire du XIIIe arrondissement de Paris.
Les Métamorphoses du choeur est produit par Les Films d'ici, une société spécialisée dans le documentaire. Fondée en 1984 par Richard Copans et Yves Jeanneau, cette maison de production a financé des centaines de films, courts et longs métrages, parmi lesquels des documentaires aussi réputés que Etre et avoir de Nicolas Philibert, Coûte que coûte de Claire Simon, Route one/USA de Robert Kramer ou encore Reprise d'Herve Le Roux.