Beaucoup aimé à sa sortie en salle. Le dvd sur janvier 2013 procure exactement le même plaisir. Amateurs du polar traditionnel, si vous affectionnez les traditionnels fracas de pétards, patience, l'action se distille avec d'autres ficelles... Xavier Beauvois explore les coulisses policières en y glissant psychologie, réalisme, un soupçon de dérision. De la faiblesse, des débordements, pas de gros effets, juste des faits. Et avant tout un hommage à la profondeur féminine. Le réalisateur s'octroie le rôle odieux pour mieux mettre en valeur le petit nouveau, frétillant, prêt à tous les défis, convaincu de sa supériorité par rapport au commun des mortels (avec sa copine ou dans Paris à fond de cale ôte-toi de là que je passe, il est à claquer !). Nathalie Baye s'amène soudain à gauche de l'écran, plus de première jeunesse et sans maquillage. Avec ses jambes fines, son colt à la ceinture, admirée et crainte, un peu pète-sec en interrogatoires, sans détours face aux experts qui finassent, avec des sursauts d'humanité, du découragement... Une double vulnérabilité révélée pas à pas. Nulle grivoiserie autour d'elle, Jacques Perrin, Roschdy Zem aux petits soins... Jalil Lespert, qui démarrait sur les chapeaux de roue, écope du pire concours de circonstances qui soit. Des scènes très pointues restent en mémoire, toutes les étapes de "la bavure", le baptême, les dépositions avec interprète d'une diction hallucinante... Inoubliable aussi, la complicité affectueuse entre le jeune qui se fait les dents et la quinquagénaire qui transfère sur lui son fantôme. Pas tous les jours que le cinéma offre une vision acceptable de ce tandem (ironique scène du joint !)... Les derniers plans, plage et ressac, ce regard vers la caméra, donnent envie au spectateur de courir envelopper "Vaudieu" d'une grosse écharpe de laine mohair !