Thank You for Smoking est présenté en compétition officielle dans le cadre du Festival du Film Américain de Deauville de 2006.
Fils du réalisateur Ivan Reitman (S.O.S. Fantômes), Jason Reitman c'est avant tout fait connaître à travers ses courts métrages. Deux d'entre eux, dont In god we trust, ont d'ailleurs été présenté à Sundance. Avec Thank You for Smoking, il écrit et réalise ainsi son premier long métrage.
Thank you for smoking est adapté de la nouvelle homonyme de Christopher Buckley. Ce-dernier apparaît brièvement dans le film, il est l'homme dans le métro lisant l'article d'Heather au sujet de Nick.
Lorsque son pamphlet est publié en 1994, Christopher Buckley semble être l'incarnation même de la culture marketing politique s'étant emparée des Etats-Unis. Partout dans le pays, la vérité est désormais un outil qu'il faut manier avec précaution, en l'exprimant ouvertement que très rarement. Son oeuvre stigmatise cette tendance, tout en créant le personnage de Nick Naylor.
Le livre, Thank You for Smoking, ne tarde pas, au vu de son succès, à susciter un vif intérêt et la convoîtise de nombreux producteurs hollywoodiens. La Warner en obtient les droits d'adaptation pour le compte de Mel Gibson qui désire alors incarner Nick Naylor à l'écran. Cependant la transposition soulève de nombreuses difficultés, ce qui en retardent l'adaptation cinématographique. Au final, c'est le scénariste et réalisateur Jason Reitman qui, des années plus tard, porte l'ouvrage à l'écran.
Cette adaptation de Thank you For Smoking de Jason Reitman est "très fidèle au livre. Bon nombre des dialogues viennent directement du roman."
Le jeune réalisateur a cependant décidé de se concentrer en partie sur la relation père-fils : "L'opinion que vos enfants ont de vous est fondamentale, et la réponse à cette question compte manifestement beaucoup aux yeux de Nick. (...) J'ai ajouté plusieurs scènes entre Nick et Joey, car je pensais que la nature de leur relation pouvait avoir une incidence sur le dénouement du film. Je me suis dit que le personnage de Joey donnait une dimension humaine à Nick (...)"
Alors que les droits d'adaptation étaient en possession de la Warner pour le compte de Mel Gibson, David O. Sacks décide après lecture du scénario de Jason Reitman, de s'engager dans une bataille juridique qui durera 18 mois pour pouvoir produire Thank You for Smoking.
C'est donc finalement lors de l'été 2004, que Sacks détient les droits d'adaptation et se lance dans un marathon de 6 mois pour que le tournage puisse débuter en janvier 2005 : "Cela avait déjà pris presque deux ans pour que le film se fasse. Pour Jason, cela faisait même 4 ans qu'il avait écrit le scénario. J'estimais qu'on avait attendu assez longtemps comme ça, et qu'il était temps de démarrer le tournage. (...) A Hollywood, les projets s'enlisent souvent pendant plusieurs années. Il était hors de question que cela se produise, quitte à investir mon propre argent."
A l'époque de la sortie du livre Thank You for Smoking, Jason Reitman est étudiant à l'université en littérature britannique. C'est alors une amie qui lui fait découvrir le roman de Christopher Buckley : "Je me suis mis à le lire le soir même et, dès la première page, j'y ai décelé un regard que je recherchais depuis longtemps. Je n'avais jamais lu une histoire d'une telle drôlerie et d'une telle intelligence."
Le réalisateur et scénariste de Thank You for Smoking Jason Reitman a expliqué avoir écrit des lettres à destination de chaque acteurs qu'il désirait voir apparaître au générique de son film. Ces lettres expliquaient de manière détaillée pourquoi Jason Reitman voyait l'acteur dans un rôle précis. De ce fait, tous les acteurs contacté par le réalisateur l'ont remercié pour sa lettre et ont accepté de participer au film.
Dès la lecture du scénario, le producteur David O. Sacks avait songé à l'acteur Aaron Eckhart pour prendre les traits du charmeur et charismatique Nick Naylor. Le réalisateur de Thank You for Smoking Jason Reitman a tout de suite considéré ce choix comme extrêmement judicieux : "J'avais vu En compagnie des hommes et Erin Brockovich de Steven Soderbergh, et j'étais vraiment subjugué que le même homme ait pu jouer dans ces deux films. Pour moi, Nick Naylor se situait entre ces deux personnages. Il possède le terrifiant pouvoir de séduction du Chad d'En compagnie des hommes, et la richesse émotionnelle innattendue du George d'Erin Brockovich."
C'est l'accord d'Aaron Eckhart qui a permis à cette aventure de réellement se concrétiser. Robert Duvall a ensuite confirmé sa présence au casting de ce film, il a ensuite été rapidement rejoint par William H. Macy, Maria Bello et David Koechner.
L'acteur Aaron Eckhart, tête d'affiche de Thank You for Smoking se reconnaît dans son personnage de Nick Naylor : "Il peut se révéler charmant, c'est un beau parleur et un passionné. Il adore les femmes. C'est un peu une canaille, en somme. Cela me correspond assez bien. (...) Sur ce film, j'ai joué à fond la carte de la comédie."
Pour le tournage de Thank You for Smoking, la production tenait absolument à représenter le milieu politique de la manière la plus réaliste possible. Pour cela, Jason Reitman s'est rendu à Washington accompagné de David O. Sacks, qui y avait travaillé comme assistant parlementaire. Sur place, les deux hommes ont rencontré des députés, des lobbyistes et des administrateurs du Congrès. Reitman et Sacks ont également visité les bureaux et les salles d'audience du Sénat, ainsi que les lieux fréquentés par les lobbyistes. Pour finir, le réalisateur est allé à la rencontre de membres du Centre de Contrôle des Maladies et même de jeffrey Wigand, dénonciateur des pratiques des fabricants de tabac, campé par Russell Crowe dans Révélations de Michael Mann.
Thank you for smoking illustre le combat de la politique interne américaine contre ce qu'elle nomme comme les Marchands de Mort. La M.O.D. Squad en version originale représente les corporations des vendeurs d'armes, de tabac et d'alcool. David Koechner, Aaron Eckhart et Maria Bello interprétent les représentants de ces trois industries.
Ces trois personnages sont d'ailleurs l'incarnation de la critique du politiquement correct prenant place dans le film de Jason Reitman, comme il le précise lui-même : "Ce que j'aime chez ces personnages, c'est qu'ils disent tout haut ce qu'on n'ose jamais dire. Ils sont totalement politiquement incorrects. L'escadron des MDM ("Marchands de Mort") n'a vraiment aucune censure. C'est ce qui fait que je les adore!"
Le lobbying désigne l'activité menée par des groupes de pression ou d'influence souhaitant faire entendre leurs revendications en pesant sur les décisions des figures politiques de leur pays.
Aux Etats-Unis, cette activité est un droit consacré par le 1er amendement de la Constitution. Cette pratique s'est d'ailleurs considérablement développée à partir des années 1870, avec le général Grant.
Aujourd'hui, le lobbying est une activité institutionnalisée aux Etats-Unis. Entre les multinationales, les banques, les syndicats, ..., rares sont les organisations qui n'ont pas un bureau permanent à Washington. Ils s'engagent à financer une campagne électorale ou obtenir les votes de telles ou telles communauté, et peuvent ainsi influencer les décisions des députés.
L'essor de la profession s'explique par trois facteurs essentiels :
- la croissance du nombre de personnels du gouvernement fédéral,
- la mainmise des républicains - très favorables au lobbying - sur la Maison Blanche et le Congrès,
- un consensus parmi les chefs d'entreprise prêts à débourser d'importantes sommes d'argent pour s'assurer les faveurs de l'Etat fédéral.
Menant une réflexion caustique sur les lobbies pullulant à Washington, sur le pouvoir des entrepises de relations publiques et la mégalomanie des producteurs hollywoodiens, Thank You for Smoking est profondément politiquement incorrect : "Le film n'est pas tendre avec la classe politique.", précise le producteur David O. Sacks. "Et quelle que soit leur appartenance, les hommes et les femmes politiques ont aimé le film et s'y sont reconnus, d'une manière ou d'une autre. Les gens de gauche ont cru y voir une dénonciation des pratiques malhonnêtes propres au monde de l'entreprise. Quant à l'aile conservatrice, elle y a décelé une critique du politiquement correct."
Le réalisateur Jason Reitman rajoute : "J'ai beaucoup de mal avec le politiquement correct. Je trouve vraiment dommage que les gens n'osent plus s'exprimer. C'est épouvantable pour notre culture."