C'est en décembre 1890 que l'auteur Georges Feydeau commence à rédiger les prémices de ce qui donnera la pièce Un fil à la patte. Il se trouve que la pièce sera un vrai succès tant public que critique. Avec cette oeuvre, il pose les bases de la comédie conjugale par excellence.
Un fil à la patte permet au cinéaste Michel Deville de changer de registre et d'explorer l'univers de Feydeau et ses personnages vaudevillesques. Ce qui l'intéressait était d'explorer "la drôlerie et la férocité de son univers, ainsi que la construction très complexe de ses intrigues. Filmer ce mélange si propre au vaudeville - cynisme, humour, ambition et pouvoir de l'argent."
La pièce de Georges Feydeau a déjà été adaptée au cinéma en 1933 par le réalisateur tchèque Karl Anton.
Selon l'acteur Charles Berling, le scénario écrit par Rosalinde Deville "modifie profondément le rôle des femmes. Le rapport est inversé, la femme n'est pas quittée, elle se débarasse de l'homme, ou elle lui accorde la place qu'elle veut." En cela, le personnage de Lucette incarné par Emmanuelle Béart représente une femme résolument moderne voire transgressive. Le comédien poursuit : "Les femmes sont puissantes, alors que chez Feydeau, elles sont charmantes, éventuellement dévergondées, mais manipulées."
Quels sont-ils? Selon Feydeau, pour que le genre fonctionne, il faut "un gramme d'imbroglio, un gramme de libertinage, un gramme d'observation, le tout malaxé." Dérapages, éclats de rires, situations extravagantes et surabondantes sont au programme de ce vaudeville joyeusement déluré.
C'est le chef-opérateur Pierre-William Glenn, habitué des plateaux des films de Bertrand Tavernier ou d'Alain Corneau, qui signe la lumière du film.
Pour son deuxième film, la jeune actrice Sara Forestier récemment césarisée dans la catégorie "Meilleur espoir féminin" pour son rôle dans L'Esquive, change de registre tout en restant dans le "théâtre". En effet, dans le film d' Abdellatif Kechiche, elle était une amoureuse du texte de Marivaux, On ne badine pas avec l'amour" ; ici elle interprète Viviane, l'un des personnages féminins principaux du film adapté de la pièce de Georges Feydeau. ravie de se retrouver dans un univers aussi éloigné de son premier film, elle en apprécie "les cadrages, le montage, le découpage, le rythme d'images. Ce n'est pas seulement un film drôle et malin, c'est tout le temps intelligent, dans tout."
Emmanuelle Béart et Charles Berling se retrouvent pour la troisième fois réunis sur un plateau pour y interpréter encore une fois un couple de cinéma. Leur première collaboration remonte à 1995 avec Nelly et Monsieur Arnaud, sous l'oeil de la caméra du maître Claude Sautet. En 2000, ils incarnent les personnages de Pauline et Jean, le couple romantique imaginé par l'écrivain Jacques Chardonne et mis en image par Olivier Assayas. Pour Un fil à la patte, ils s'aiment, ils se cherchent, ils se fuient tout cela dans un rythme endiablé.
"Michel Deville est un jeune homme intempestif, si présent et si vivant sur un tournage. Il ne dit pas grand chose, il filme à un rythme effréné et vous entraîne dans une valse à vous faire tourner la tête jusqu'à épuisement, puis s'éloigne dans un coin, près de la fenêtre, et son regard se porte sur d'autres paysages. Il m'a sans doute appris qu'on peut dire des choses graves avec légèreté et qu'elles n'en ont pas moins de force." Quant au réalisateur, il souhaitait depuis longtemps la filmer; au final elle incarne une Lucette "solaire et secrète, sauvage et suave, elle est un mélange magnifique de plénitude et de mystère."