Après quinze années passées à oeuvrer dans l'industrie de la publicité, John Dullaghan a commencé à réunir des documents vidéos au sujet de Charles Bukowski : interviews de la femme de l'écrivain, de sa fille, de ses petites amies, de ses anciens collègues de la poste... Témoignages auxquels il adjoint les hommages de personnalités (Sean Penn, Harry Dean Stanton, Bono) et des images d'archives tirées d'émissions télévisées ou du stock de Barbet Schroeder (qui pensait réaliser lui-même un documentaire sur l'auteur).
" Si j'ai fait ce film, ce n'est pas que pour les admirateurs de Bukowski", explique le réalisateur. "Ils aimeront de toute façon. Mais j'ai essayé d'être plus généraliste et accessible pour ceux qui ont simplement entendu son nom. (...) J'ai voulu leur donner une chose à laquelle chacun peut s'accrocher. Et si on n'aime pas Bukowski à la fin du film, on comprend au moins d'où il vient, on comprend d'où il vient en tant qu'artiste. Si Bukowski se résumait au sexe et à la violence... Ce sont des éléments qu'on trouve n'importe où. Mais il y a autre chose".
Depuis le début des années 80, l'oeuvre de Charles Bukowski a été portée plusieurs fois à l'écran. Par Marco Ferreri (Contes de la folie ordinaire), Barbet Schroeder ( Barfly, dont Bukowski écrivit le scénario, et dans lequel il fait une apparition), Patrick Bouchitey (Lune froide), Dominique Deruddere (L' Amour est un chien de l'enfer) entre autres... Sean Penn dédiera pour sa part son second film (Crossing Guard) à la mémoire de l'écrivain, décédé peu auparavant.
Charles Bukowski, alias Hank pour ses proches, poète-saoûlographe et auteur culte, est mort en 1994, à un âge qu'on peut estimer canonique pour quelqu'un qui a autant tâté de la bouteille. Parmi ses ouvrages les plus célèbres, on peut citer les Contes de la folie ordinaire, le Journal d'un vieux dégueulasse, Factotum, Le Postier... Admirateur de John Fante, puisant son inspiration dans ses expériences (petits boulots, emploi de postier -qu'il haïssait- , rixes de bar, errances alcoolisées, etc...) il se fera le porte-parole des "pauvres, des paumés, des idiots" (Souvenirs d'un pas grand-chose), jusqu'à atteindre, assez tardivement, le statut d'auteur vedette de la contre-culture.