J’ai ressenti un gros choc lors de la vision du film de Stephen Chow. On n’aura jamais été aussi loin dans le film de Kung Fu. Certes, l’aide des effets spéciaux rendent incroyables des choses difficilement concevables il y a peu (la gesticulation de la quinquagénaire à bigoudis ou des préretraités). La première partie reste intéressante, sans plus, au niveau de Tigre et dragon. Mais au milieu du film, le spectacle commence vraiment car Chow sait nous manipuler et faire apparaître les personnages au départ un peu banals avec leurs faiblesses. Alors qu’en fait beaucoup sont des demi-dieux. Les personnages du film, multiples, arrivent au cours de l’histoire, dépassent les autres ou certains montrés comme vedettes disparaissent sans que le spectateur ne s’y attende. Ces acteurs jouent des personnages qui existent vraiment. Comme disait Georges Brassens, rien n’est jamais acquis. J’ai trouvé très belles et justes les scènes avec la jeune fille muette qui vend les glaces. Du vrai romanesque. Les effets numériques sont ici plus des catalyseurs de l’histoire qu’une simple substitution à la narration. Les références de Crazy Kung Fu sont nombreuses : Tarantino, Léone, Matrix et les comédies italiennes (voir le décor des quartiers très pauvres, très style Vittorio De Sica), West side story. Bref, j’ai été la plupart du temps soufflé, aspiré vers le ciel par le souffle épique d’un film qui n’a que peu de limites.