Müetter : les secrets du tournage

Pour son premier long métrage, Dominique Lienhard s'est fortement inspiré de son histoire personnelle. Lui-même originaire d'Alsace, il suivit de brillantes études (maths sup, maths spé, Ecole Centrale), avant de quitter sa région natale pour devenir ingénieur et se lancer dans le cinéma. Il n'est retourné en Alsace qu'à l'occasion du décès de sa grand-mère, appelée "Müetter". Pendant les obsèques, il eut un peu l'impression d'être un étranger face aux membres de la famille restés au pays. C'est ce sentiment de honte qui est à l'origine de Muetter : "On a un peu honte d'avoir oublié tout ce monde, d'être parti. Et puis à ce sentiment de remords s'ajoute peu à peu un autre sentiment : ce monde s'est très bien accoutumé à notre absence. Qui ne l'a pas ressenti, ce sentiment douloureux, en revenant dans un lieu d'autrefois, dans sa famille, ce sentiment amer qui donne envie de crier et laisse sans voix : le sentiment d'être inutile ?"

Muetter est le premier long métrage réalisé par Dominique Lienhard, auteur en 2001 d'un court-métrage intitulé Le Petit déjeuner. C'est aussi le premier long métrage produit par la société Butterfly productions, qui n'avait jusqu'alors produit que des courts (dont celui de Lienhard). Ajoutons que le cinéaste a choisi pour son casting des acteurs de la jeune génération, à commencer par Stanislas Merhar, César du Meilleur espoir masculin en 1998 pour son rôle dans Nettoyage à sec, Sophie Quinton, nommée au César du meilleur espoir féminin en 2005 pour sa prestation dans Qui a tué Bambi ?. Enfin, Muetter a été présenté en 2005 en compétition lors de la toute première édition du Festival du Film de la Réunion (manifestation consacrée aux premiers et seconds films).

Le cinéaste a tenu à ce que son film ait pour cadre l'Alsace, une région qui lui est chère. "Je suis né à Strasbourg et j'ai grandi à Sélestat. Dès l'écriture du film, je voulais le tourner là, dans la région de mes grands-parents. J'aime beaucoup les collines", confie Dominique Lienhard. D'autre part, différents éléments constitutifs de la culture alsacienne apparaissent dans le film, dont l'action se situe principalement dans une maison à colombages du canton de Bouxviller, dans le nord du département. Muetter témoigne aussi de la persistance des traditions locales (par exemple la vente de pain ambulante, ou l'homélie prononcée en allemand) et de la permanence du dialecte.