Le projet est né de la rencontre du cinéaste Mark Achbar avec le scénariste et écrivain Joël Bakan en 1997, à une réception qui suivait un enterrement. Joël avait écrit son premier livre, Just words, sur les limites des droits de l'homme, et pensait en rédiger un sur le monde de l'entreprise. Mark Achbar souhaitait de son côté mettre en scène un documentaire sur la mondialisation. Joël se souvient : "Nous nous sommes dit qu'il serait intéressant de regarder l'entreprise comme une institution : j'allais donc écrire le livre et nous allions simultanément mettre le film en route".
Joel Bakan explique comment lui est venue l'idée de se lancer dans une psychopathologie de l'entreprise : "En faculté de droit, vous enseignez que l'entreprise est une personne. Vous leur enseignez aussi que selon le principe d'exploitation, elle doit servir son propre intérêt. J'ai réuni ces deux idées et je me suis demandé : "Quel genre de personne n'est programmé que pour servir son propre intérêt ? Pour ne pas se soucier des autres, pour ne pas ressentir de culpabilité ?" C'est un psychopathe."
Les cinéastes ont utilisé les critères employés dans le texte de l'OMS et le DSM-IV, l'outil diagnostic standard des psychologues et des psychiatres, et ont demandé au Dr. Robert Hare, l'expert mondial en psychopathes, d'appliquer et de légitimer ces notions dans le monde de l'entreprise.
The Corporation a remporté le Prix du public au Festival de Sundance 2004.
Ces cinéastes radicaux sont parvenus à interroger les ex-présidents des entreprises Goodyear et Royal Dutch Shell en se faisant passer pour un titulaire de la bourse de Rhodes, également professeur de droit, et un réalisateur primé dans plusieurs festivals.