Saccage a obtenu l'Ours d'Or d'Honneur du Festival de Berlin 2004.
"Répondre aux questions posées par la catastrophe sociale ou revoir les chapitres honteux de l'histoire récente serait impossible dans les marges limitées d'un film : il en faudrait beaucoup plus, avec des enquêtes, des débats et des études pour rendre compte de l'ampleur de cette catastrophe. Ce film est né pour faire vivre la mémoire contre l'oubli, reconstruire l'histoire d'une des étapes les plus graves de l'Argentine, pour inciter à dénoncer les causes qui ont provoqué la mise à sac économique et le génocide social", explique le réalisateur Fernando E. Solanas.
Ce sont les grandes manifestations de 2001 lors de la chute du gouvernement de Fernando de la Rua qui ont donné l'envie à Fernando E. Solanas de faire un film : "J'ai été tellement impressionné par ce qui se passait que je suis sorti dans la rue avec ma caméra". La moitié du film a ainsi été tournée en DV par le réalisateur, dans la rue. "Ensuite, j'ai tourné encore sept semaines avec une steadycam et une équipe de cinq personnes. Il y a aussi 30 minutes d'images d'archives".
Pour le réalisateur, "la clé de Saccage, c'est une structure qui rappelle celle d'un essai, avec un prologue, dix chapitres et un épilogue".
Ce documentaire comporte certaines scènes évoquant la violence en Argentine, comme par exemple l'éprouvante séquence représentant un enfant mourrant de malnutrition. Mais le réalisateur tient à rassurer le public sur le contenu du documentaire : "J'ai vu des choses bien pires, croyez-moi, et j'ai fini par couper tout ce qui était excessif. Mais il fallait absolument montrer cela. Ce plan ne dure que cinq secondes ! (...) la violence a connu un essor terrifiant. Vous ne pouvez plus rentrer chez vous à pied à partir de 8 heures du soir".
Fernando E. Solanas décrit le film comme "une façon de contribuer à la tâche plurielle d'une refondation démocratique de l'Argentine et au débat qui se développe dans le monde face à la mondialisation deshumanisée avec la certitude qu'un autre monde est possible".
Le réalisateur a obtenu les autorisations nécessaires pour tourner dans plusieurs lieux du pouvoir politique et économique de son pays, tels que la salle du trésor de la Banque centrale. "Seul le Haut-Tribunal de justice m'a refusé, parce que j'avais été à la tête d'un mouvement qui demandait la démission de la Cour Suprême... Mais quelqu'un de mon équipe a réussi à faire quelques images et j'ai bricolé cette séquence un peu grotesque à la manière de Murnau".
Fernando E. Solanas conclut son film sur une note d'espoir : "Je pense qu'un pays peut se relever et qu'on peut récupérer une partie du patrimoine perdu dans ces escroqueries par la voie judiciaire. En ce moment, je prépare déjà un autre film qui s'intitulera "l'Argentine latente" (...) Ce sera un film beaucoup plus émouvant, j'espère, sur la possibilité de reconstruction du pays".