Eric Laurent, l'auteur du livre Le monde secret de Bush, évoque les problèmes rencontrés lors de l'adaptation cinématographique d'un livre basé sur une enquête : "sur les livres j'ai travaillé seul mais le travail sur un film est un travail collectif (...) Et là effectivement, un certain nombre d'obstacles se font jour : il y a des gens qui peuvent accepter de vous parler avant l'écriture du livre mais qui ont refusé lors du tournage parce que le contenu du livre les a probablement dérangés ; d'autres témoins qui avaient accepté de se confier lors de mon enquête ont craint de montrer leur visage devant la caméra."
Le documentaire Le monde selon Bush n'a pas été sélectionné au Festival de Cannes. Thierry Frémaux, le délégué général du Festival, a estimé qu'il ne pouvait pas, pour des raisons diplomatiques, sélectionner deux films anti-Bush, Fahrenheit 9/11 de Michael Moore étant déjà projeté sur la Croisette. Selon le producteur Jean-François Lepetit, "Michael Moore sombre parfois dans la démagogie. En présentant Bush comme un imbécile, il simplifie le propos et rend son message dangereux. L'approche de William Karel est autrement plus rigoureuse."
Le monde selon Bush est émaillé de témoignages extrêmement critiques de différentes personnalités. Les écrivains Stanley Hoffman et Norman Mailer font part de leur mépris envers les Bush, et certains ex-membres de l'administration Bush comme David Kay ou Joe Wilson critiquent leur ancienne équipe. William Karel signale qu'aucune personne soutenant George Bush n'a accepté de participer au documentaire. Seul David Frum, qui est l'auteur des discours présidentiels et inventeur de la formule "axe du mal", a accepté de témoigner.
Le monde selon Bush est pour une large partie basé sur une enquête menée par le grand reporter spécialiste de politique étrangère Eric Laurent, enquête consignée dans son livre, Le monde secret de Bush. Celui-ci a également écrit La Guerre des Bush et La guerre du Golfe, le dossier secret.
Le film de William Karel dénonce les travers de la dynastie Bush au grand complet. On y découvre le grand-père de l'actuel Président, Prescott Bush, qui a fait fortune en prenant la direction d'entreprises nazies, après l'arrivée au pouvoir de Hitler, avant de voir ses entreprises saisies pour collaboration avec l'ennemi. Les relations entre George Bush père et Saddam Hussein sont aussi largement évoquées.
William Karel sait depuis longtemps que les documentaires n'ont pas de conséquence au niveau politique. Il raconte qu'il a perdu ses illusions lorsqu'il a fait Histoire d'une extrême droite, où il retraçait l'ascension de Le Pen. Parmi les lettres qu'il a reçues, la plupart d'insultes, il y en avait une où une femme le félicitait en disant : "Merci de m'avoir ouvert les yeux. Je militais depuis 15ans pour Le Pen. Je viens de rejoindre Bruno Mégret !"