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Joël DI DOMIZIO
13 abonnés
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4,0
Publiée le 15 décembre 2022
Jerry Schatzberg venait du documentaire et ce film en a les aspects par bien des côtés. Pacino débutait, et c'est d'ailleurs en montrant des extraits de ce film à des producteurs, que Coppola a réussi à engager Pacino pour "The Godfather" en 72. L'univers des toxicomanes est sordide et on sent bien qu’aucun échappatoire n'est possible. En 73, Schatzberg donnera un autre rôle magnifique à Pacino dans "The Scarecrow" !
Panique a needle park est un film de Jerry Schatzberg sortit au début des années 70. À cette époque où la criminalisation de la drogue commençait à faire ses effets, mais surtout peu avant l’épisode épidémique qu’allait connaître les États-Unis. Si le film prend un peu de temps à démarrer, je crois que j’apprécie particulièrement le rythme et l’intelligence de ce film. Notamment, par rapport à d’autres films contemporains qui traitent de la drogue. Les deux personnages ne sont pas que des victimes et pas que des drogués, ils existent en dehors de ces considérations et c’est ce qui les rend si multidimensionnels par rapport à d’autres personnages de fiction toxicomanes. Je trouve que le film est un pari risqué, parce que justement, il refuse de prendre ce parti-pris de condamner et damner ces personnages, ils les laissent respirer et vivre sans en faire un étendard pour des principes moraux. (ce qui est facilité par le superbe jeu d’Al Pacino et Kitty Winn qui arrive à faire ressortir cette alchimie). Il refuse aussi cette dialectique insupportable face à ce genre de sujet qui réduit l’addiction à une longue spirale infernale (Requiem for a dream) ou qui présente la rédemption du personnage comme unique porte de sortie. La réalité est bien plus nuancée, et est souvent très compliquée, en refusant ce type de dialectique, je pense que le film est justement de proposer un film bien plus discursif et déroutant qu’on pourrait l’attendre. Ce film peut rendre mal à l’aise par son réalisme, car il ne se refuse à rien pour présenter les côtés les plus néfastes de l’addiction et ses usages et de ses conséquences. Toutefois, il faut admettre que cela peut parfois donner un côté un peu documentaire au film. Ainsi, le film sait faire évoluer ses personnages, qu’il rend aussi bien acteurs que prédéterminés dans leurs addictions. Au-delà de cet aspect, je trouve que ce film a aussi très intéressant sur les relations et la vie. J’apprécie cette vision de l’altérité qui la propose comme une évolution vacillante plutôt qu’une fin en soit. En somme, très bon film que je vous conseille sincèrement.
En optant pour un ton documentaire via une mise en scène très épurée voire absente le réalisateur nous coupe de la réalité potentielle de ces personnages pourtant dépeints avec un lucide réalisme, n'entraînant guère de réactions au long de leurs péripéties héroïnomanes malgré les prestations impeccables d'un casting mené par un fort charismatique Al Pacino. Une mise en lumière osée pour l'époque mais surpassée depuis.
1970, New York, Sherman Square baptisé Needle Park par les toxicomanes du coin. Dans cette foule d’hommes et de femmes perdus, jonglant entre la vie et la mort, il y a un jeune couple, Bobby & Helen, des laissés pour compte, vagabondant dans les rues, cherchant leur prochaine dose. Dans cette lente descente aux enfers, la caméra de Schaztberg n’est jamais intrusive, posé devant les personnages t’elle une spectatrice, un long-métrage se voulant avant tout comme un documentaire, où l’on suit leur quotidien difficile. Al Pacino y est magnétique et Kitty Winn saisissante, essayant de s’accrocher l’un à l'autre, lié par l’héroïne.
En appuyant son propos, le réalisateur a opté pour une réalisation directe et franche, aucune bande originale ni musique durant le film, laissant les bruits environnants d’une ville grouillante de vie. "Panique à Needle Park" est une œuvre intimiste, reflétant le ravage de la drogue dur pendant les années 60/70, jamais provocant le film nous montre une ville et une société en pleine décadence.
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4,0
Publiée le 27 avril 2021
Panique à Needle Park n'est pas pour les personnes aux nerfs sensibles. Son réalisme cru est à couper le souffle parfois presque accablant. Il s'attache à montrer les effets de la toxicomanie sur les couples et y parvient et c'est aussi la raison de son intemporalité et de sa valeur artistique. Al Pacino et Kitty Winn qui jouent les deux personnages principaux Bobby et Helen sont très réalistes lorsqu'ils montrent les hauts et surtout les bas de la vie d'un toxicomane. En particulier la façon dont ils font parfois passer leur besoin de drogue avant les besoins des autres. La première fois que j'ai vu le film j'avais 15 ans. Il était projeté à mon école et il m'a fait une très forte impression en particulier sa description de la vie misérable d'un toxicomane. Je peux donc entre autres le recommander comme un film de prévention pour les jeunes d'aujourd'hui...
Une plongée totale et sans concession dans l'enfer de la toxicomanie, où l'on suit les malheurs de deux paumés ( Kitty Winn et Al Pacino tous deux excellents).
New-york des années 70, la gueule de bois après l'euphorie "peace and love" de Woodstock. Un nouveau réalisateur filme au plus près la faune accro à l'héroïne, dans les appartements sordides du haut de Manhattan. Il déniche une nouvelle actrice Kitty Winn, qui méritera largement son prix d'interprétation à Cannes, au vu de sa très convaincante composition de la compagne d'un jeune dealer, joué par un nouvel acteur qui va exploser à partir de ce film. Al Pacino est monté sur des ressorts, plaisante, jure, castagne, menace et finalement cède à l'emprise grandissante de la drogue, dans un combat perdu d'avance :tenir le manque ou obtenir la came. A n'importe quel prix. Aucune musique n'accompagne des images répétitives et intolérables des piqûres faussement libératrices. Schatzberg nous épargne la violence physique de la fin tragique d'une overdose, ou d'un règlement de compte entre dealers. Maisspoiler: l'obligation de balancer aux flics est-elle une issue moins violente? Le spectateur ressort sonné, on se requinque en disant que c'était une certaine époque. Bullshit.
Premier grand film d'Al Pacino donc à voir, l'histoire traite de l'univers de la drogue sans fioriture dans les années 70. Thème bien traité et un Al Pacino touchant et juste.
30 ans avant "Requiem for a Dream", Jerry Schatzberg réalise l'un des premiers films qui aborde de manière crue l'addiction aux drogues. "The Panic in Needle Park" est ainsi une chronique autour de deux junkies, qui s'efforcent de survivre contre les pénuries de drogues, avec de petites magouilles en tous genres. L'utilisation d'ellipses et de non dits renforce l'aspect déglingué des personnages, mais fait aussi apparaître quelques lenteurs qui peuvent décontenancer le spectateur. Néanmoins, Schatzberg parvient à rendre touchant ses deux être misérables, oscillant entre des plans posés et une caméra tremblotante quand il le faut. Kitty Winn et Al Pacino (inconnu à l'époque) jouent quant à eux un tandem poignant et réaliste.
Les histoires d'amour finissent mal en général. Jerry Schatzberg, qui s’était déjà intéressé dans son précédent film aux dérives de la toxicomanie, retrouve avec « Panique à Needle Park » un sujet qu’il connait bien. Mais loin du strass et des paillettes du show business qui pouvaient encore donner l’illusion dans « Portrait d’une enfant déchue », « Panique à Needle Park » ressemble davantage à une plongée quasi documentaire dans le milieu des junkies new-yorkais et de leur misérable quotidien. Résolument âpre et dur, le film est ainsi une sorte de plongée ultra-réaliste dans l’univers des toxicomanes. Une sorte de descente progressive au fin fond des enfers dont Schatzberg ne nous épargnera aucun détail, aussi choquant soit-il (seringues dans les veines, incroyable scène d’overdose, femmes qui se prostituent pour payer leurs doses), qui conduira les protagonistes vers leur propre déchéance (la fraiche et douce Helen se retrouve rapidement avec le même regard vitreux et le même comportement de zombie que ses camarades) et sans aucun espoir de retour (à l’image de ce chiot qui à peine adopter préfère aller se noyer que de rester avec ses maitres). A l’opposé de l’image des sixties des hippies pacifiques et joyeux s’adonnant aux drogues douces et à la fumettes, le réalisateur signe ici un film mélancolique et désespéré, qui marque en quelque sorte la fin d’une époque. D’ailleurs, « Panique à Needle Park » trouve un étrange écho dans d’autres films du Nouvel Hollywood qui sortiront à la même époque, tel le « French Connection » de William Friedkin qui sort la même année. Il annonce aussi, de manière plus indirecte et plus insidieuse l’hécatombe à venir des années SIDA. Cette fois c’est sûr, le rêve américain est bien mort. Autant que l’idéal libertaire, pacifique et psychédélique de la jeunesse américaine.
Cette très belle réalisation de Jerry Schatzberg bénéficie d’une mise en scène de haute précision, mais le scénario de ce drame très noir se révèle trop monocorde voire monotone pour faire de ce film un chef d’œuvre. Nous assistons pourtant à une excellente prestation d’acteurs du duo Kitty Winn - Al Pacino. Ce film a été récompensé par un prix d'interprétation féminine à Cannes pour Kitty Winn. Jerry Schatzberg recevra lui aussi la palme à Cannes 2 ans plus tard pour « L'Épouvantail » avec le même Al Pacino.
Jerry Schwatzberg nous embarque dans un descente aux enfers où se mêle la drogue, la prostitution et l’amour dans les bas fonds du West Side de Manhattan. Côté mise en scène, le réalisateur se pose comme un véritable observateur. Une curiosité qui inspire des images très réalistes, cela donne un petit côté documentaire par moments. Les bâtiments, le béton, les briques, ce cadre fait corps avec les protagonistes. La photographie est assez ténébreuse et intensifie bien l’ambiance froide et grisonnante.
L’histoire en elle même n’a rien d’originale mais les thématiques sont bien abordées. L’écriture est principalement appuyée sur les personnages et leurs évolutions au milieu de cet environnement hostile. La question qui rôde toujours dans notre tête c’est « Vont-ils s’en sortir ? »
On ne va pas y aller par quatre chemins, Al Pacino est génial ! On voit déjà toute la nervosité et la fougue dans le jeu de l’acteur. Pour son premier grand rôle au cinéma, il assure comme un chef.
Autre révélation du film, Kitty Winn qui campe à merveille le personnage d’Helen. On ressent à travers son regard et ses expressions, la détresse, la peur et la passion qu’elle a envers Bobby (Al Pacino). L’actrice a obtenu le prix d’interprétation à Cannes pour sa prestation, dommage qu’elle n’a pas continué sa carrière dans le cinéma.
Pour voir la critique complète et détaillée, n'hésitez pas à consulter notre blog =)
Deux ans avant d’obtenir la palme d’Or pour L’épouvantail, Jerry Schatzberg avait déjà su révéler Al Pacino (qui explosera quelques mois plus tard grâce au Parrain) en lui donnant un rôle de jeune marginal, celui d’un trafiquant de drogue new-yorkais entrainant sa petite-amie dans sa chute. Cette adaptation, faite grâce au travail des scénaristes John Gregory Dunne et Joan Didion, du roman de James Mills s’impose comme l’un des tous premiers à aborder la question de drogue (très utilisé, depuis la fin du code Hays, en particulier pour caractériser, en toute légèreté, la culture hippie des années 60) par le prisme de la petite délinquance et du drame de la toxicomanie. Devenant en cela un film précurseur dans son approche ultra-réaliste du problème, Panique à Needle Park dresse une peinture très documenté et terriblement alarmante, appuyée par une photographie souillée, de ce quartier populaire de New-York vivant au rythme de ses approvisionnements en drogues dures, où la vente de narcotiques et la prostitution semblent les deux seules façons de gagner sa vie et où les overdoses apparaissent comme une fatalité par ses laissés-pour-compte.
Quasiment rien à reprocher à ce film si ce n'est la mise en situation un peu brute et mal choisie. Peut-être qu'une certaine narration aurait du être mis en place plutôt que la note du début afin de vraiment présenter ce "needle park" comme étant le lieux du drame.... Sinon on a devant nous le portrait d'une décadence ultra-réaliste, non prétentieuse, et qui s'éloigne des mélodrames à spectacle qu'on nous a offert ces dernières années. Les acteurs convaincants endossent leur rôle à la perfection. Et pas besoin de BO pour faire de la qualité, la performance suffit largement. Presque excellent 18,5/20
"Panique à Needle Park" nous fait suivre la descente aux enfers de deux junkies. C'est entre pénurie de drogue, omniprésence des flics ou encore "joie" de l'amour que ce couple va devoir survivre. C'est aussi leurs quotidiens. Par moment c'est presque un documentaire, mais c'est toujours bien fait. Le film est captivant, déjà par son ambiance morbide, et surtout réaliste (ce qui par moment fait froid dans le dos), et aussi par son suspense, l'évolution du couple est incertaine, jusqu'à une bonne fin. Par moment j'ai quand même un peu regardé ma montre, le film aurait pu être raccourcie de 15 minutes (notamment au milieu, avant la rencontre avec entre Helen et le flic), mais dans le fond ce n'est pas trop grave. Mais malgré plusieurs scènes "choc" j'ai trouvé que ça manquait un peu d'intensité dramatique, alors que le sujet est propice pour ça, même si ça reste un film fort. L'autre force du film, c'est Al Pacino, sa composition est époustouflante, que ce soit dans les moments dramatique ou ceux un peu plus heureux. La rare Kitty Winn aussi est excellente, au même titre que Pacino. Un bon film, agréablement surpris, qui fait peur par son réalisme.