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    La Blessure
    Anecdotes, potins, actus, voire secrets inavouables autour de "La Blessure" et de son tournage !

    Présenté à Cannes et diffusé sur Arte

    Très remarqué en 2004 lors de sa présentation au Festival de Cannes, dans le cadre de la Quinzaine des Réalisateurs, La Blessure est diffusé sur Arte le 5 avril, veille de la sortie du film en salles.

    La genèse du projet

    En 2002, Nicolas Klotz monter une pièce de théâtre autour de L'Intrus de Jean-Luc Nancy, ouvrage dans lequel l'auteur évoque sa greffe cardiaque. "Dès la première page, il pose la question : comment entrer dans un territoire ? Et une fois entré, qu'est-ce qui se passe ? Son corps a rapidement commencé à rejeter ce coeur venu d'un(e) autre", note Klotz, qui explique le sens de sa propre démarche : "(...) pour préparer ce travail, Elisabeth [Perceval, la scénariste] et moi avons fait toute une série de rencontres avec des demandeurs d'asile africains, tchetchènes, et d'Europe de l'Est. Des personnes "intruses", qui sont là et qui attendent à leur manière d'être greffées à nous." En filmant les corps de ces personnes -ils refusaient que leurs visages soient filmés-, le cinéaste a eu l'idée de tourner un long métrage : il s'agissait de raconter comment les gens "apparaissent, comment ils viennent à la présence, comment la venue de l'étranger s'incarne devant nous, dans le cadre de la caméra." Précisons que le livre de Nancy, qui est à l'origine de La Blessure, a fait l'objet, au même moment, d'une adaptation cinématographique par Claire Denis, en salles en mai 2005.

    Un scénario construit à partir de témoignages

    Pour la préparation du film, Elisabeth Perceval a enquêté et s'est documentée pendant un an et demi au sujet des demandeurs d'asile, tout d'abord en dialoguant avec les directeurs des principales organisations et associations, puis en partant à la rencontre des primo-arrivants, réfugiés venus le plus souvent d'Afrique et arrivés à Roissy. La scénariste leur a posé un certain nombre de questions sur la façon dont ils ont été traités par les policiers depuis leur descente d'avion. Si, dans un premier temps, elle prend peu de notes et n'enregistre pas, en raison de la violence des propos et de l'état de fatigue des réfugiés, elle accumule peu à peu des témoignages, qui aboutiront à l'écriture d'un scénario. "Pour les films que nous faisons, explique-t-elle, "le scénario ne peut pas être une pure création, il s'agit de construire, d'organiser l'écriture en rassemblant un ensemble d'éléments que l'on choisit."

    Le réalisateur

    La Blessure est le cinquième long métrage de fiction de Nicolas Klotz. Après avoir passé son enfance aux Etats-Unis, Klotz débute au cinéma comme monteur, le métier de son père. Fasciné par l'Inde, il y tourne son premier film, La Nuit bengali, en 1988, puis réalise La Nuit sacrée. Il signe avec La Blessure une fiction fortement inspirée par la réalité sociale la plus brûlante, comme son précédent film, Paria, avec Gérald Thomassin dans le rôle d'un jeune homme qui sombre dans la spirale de l'excluson. Klotz est également l'auteur de documentaires musicaux, sur Ravi Shankar, Robert Wyatt ou encore Brad Mehldau.

    Changement de titre

    Initialement, le film devait s'intituler La Nuit est-elle plus noire là-bas ?.

    Un projet avec Pedro Costa

    Au départ, le film de Nicolas Klotz était "couplé" avec une oeuvre de Pedro Costa, sur un thème similaire : les immigrés cap-verdiens à Lisbonne. Mais ce projet du réalisateur portugais, auteur notamment de Ossos, n'a finalement pas vu le jour.

    Les comédiens

    Un an a été nécessaire pour trouver les acteurs. Celle qui devait initialement incarner Blandine s'est présentée, enceinte de six mois, trois semaines avant le début du tournage, et a dû renoncer au film. Elisabeth Perceval a rencontré Noëlla Mobassa dans un café, où elle allait chercher refuge à cause d'un orage. La scénariste raconte : "A ce moment là, sa fille était encore en Afrique, je lui ai demandé à quoi elle pensait lorsqu'elle disait son texte et elle m'a répondu : "Je suis en Afrique. Je suis là-bas." Son corps était très présent, sa voix aussi, mais une partie d'elle-même était ailleurs. C'est ça le déchirement des gens déplacés : une partie d'eux est là, cherche à s'incarner et une autre, toute aussi vivante et loin d'eux." A propos de la direction d'acteurs, Nicolas Klotz précise : "Je dirige plus par le toucher que par la parole. Il s'agit davantage d'éveiller la mémoire énfouie dans leur corps que de faire entrer des idées dans leurs têtes. Le principal étant de supprimer radicalement toute tentative de jeu d'acteur."

    D'où filme-t-on ?

    Nicolas Klotz cite une de ses références : "Une des inspirations du film vient de John Ford. Et particulièrement des Cheyennes, qui est d'une certaine manière un film sur l'extermination (...) C'est un film très moderne. Les groupes chez Ford, qu'il s'agisse des militaires américains ou des Indiens, sont filmés par le même dispositif, sauf que les Indiens existent dans toute leur verticalité. Ils sont toujours dans le champ de la caméra alors que la cavalerie entre et sort sans arrêt du cadre (...) La Blessure est filmée depuis les Africains (...) Il faut savoir à partir de quelle place on filme le monde. La Blessure est filmé du côté de ceux qui ont tout perdu. Depuis là où ils tentent de continuer à exister."

    "Une machine de rejet"

    Le réalisateur revient sur la représentation des policiers dans son film : "Leur mission est d'organiser massivement et physiquement le rejet des personnes qui sont entrées illégalement sur le territoire français. Le problème est que leur conception de l'illégalité, ce qu'ils appellent "illégal" est tout à fait "légal" dans la Convention de Genève (...) J'ai voulu filmer une machine de rejet. Pas un rejet raciste, un rejet technique. Une machine technique qui nécessite toute une série de paroles, de gestes de violence, de brutalités, d'intimidations, toujours les mêmes (...) J'ai voulu installer une certaine abstraction dans la manière de montrer la police parce qu'il aurait été parfaitement idiot de coller à des modèles psychologiques : le salaud, le gentil qui craque, celui qui reste quand même un peu humain, etc. C'est la machine qui est à l'oeuvre, pas la psychologie."

    Un policier vigilant

    Le personnage d'Antoine qui, dans le film, dénonce les agissements de certains fonctionnaires de police, est inspiré par un véritable agent du Ministère des Affaires étrangères, renvoyé pour avoir, d'une part, rédigé un rapport faisant état d'illégalités et de violences survenues lors d'un retour forcé de réfugiés dans l'avion, et, d'autre part, fait parvenir leurs demandes d'asiles à la Police de l'Air et des Frontières et au Ministère de l'Intérieur. "Je le bombardais littéralement de questions", se souvient Elisabeth Perceval."Les séances étaient passionnantes, je le poussais à faire un travail de mémoire complètement fou où il découvrait la somme incroyable de tout ce qu'il avait observé (...) il n'a jamais exprimé de haine ni de mépris à l'égard des policiers de la PAF(...) Il dénonçait les dérives d'un fonctionnement policier dues aux directives très strictes sur les quotas à respecter."

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