Sortez vos mouchoirs; c'est mon deuxième titre du film, en version sous-titrée. Le titre est nul, et c'est bien dommage, car il va rater un public sûrement moins confidentiel qu'actuellement.
L'originalité, un peu énervante, c'est que les paroles en espagnol ne sont pas sous-titrées, pour mieux nous faire ressentir le fait d'être largué si l'on ne maîtrise pas le langage.
Vous imaginez un film indien moderne, avec un peu de soap brésilien ou mexicain, une ellipse psycho-névrotique des bobos Wasp de la côte ouest, limite Woody Allen, et vous obtenez un mélange qui finalement fait mieux que les éléments, heureusement.
Quoique, il faut aussi mentionner "La petite maison dans la prairie" au niveau des influences.
Intrigués ? Vous pouvez y aller, vous serez surpris en 2005.
Il y a une sorte de critique et un établissement des limites de la cohésion d'un pays basé sur le communautarisme et non sur l'intégration, et le problème ne vient pas forcément des immigrés. On voit que les cultures, en restant sur leurs positions, ne permettent aucune porte d'entrée entre les deux mondes. C'est très vrai pour les chinois, plus autarciques, le mérite de ce film est de nous montrer les pressions des civilisations mexicaines pourtant voisines.
Le film ? C'est très bien filmé, les acteurs sont parfaits (logique avec Sanders et Leoni), mention à la sublime petite mexicaine, qu'on dirait échappée de Bollywood.
Le rythme est correct, la musique itou.
Ce qui sans doute dessert le tout, c'est la larme à l'oil en permanence à la deuxième moitié du film. C'est à la fois un mélo (familial et amoureux) et une fenêtre sociale sur l'Amérique ibère qui cohabite plus qu'elle ne se mélange.
Le contraire exact du modèle français, on voit ici les limites, autant que le pragmatisme désenchanté de la solution américaine proposée.
On peut dire aussi que c'est un peu tiré par les cheveux, mais sans invraisemblance explicite.
En tout cas, ça vaut la peine de se faire une idée par soi-même.