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Uchroniqueur
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4,0
Publiée le 23 novembre 2020
10e chambre, Raymond Depardon pose sa caméra en 2004 dans une chambre d'audience du tribunal de Paris. Tranches de vie de français du quotidien, d'étrangers sans papiers, de gens qui ne comprennent pas ce qu'on leur veut, d'autres qui font semblant de ne pas le comprendre et d'autres qui font leur mea culpa. Sincérité et mauvaise foi partagée par tous les acteurs. Du voleur à la tire qui se cherche des excuses, du toxico qui fait des promesses qu'il tiendra ou pas, de la dame, qui a simplement été manger chez des amis, à l'artisan qui s'est garé là où rien n'est prévu pour eux pour pouvoir faire un chantier, de l'avocat commis d'office peu convaincant, à celui qui demande où sont les charges réelles retenues contre son client. De celui que l'on accable inutilement à celui qui s'en sort pas trop mal. Une plongée dans l'intimité de ceux qui ont acceptés d'être filmés. La vie privée est étalée en public. De la justice souvent, mais aussi de l'injustice parfois, spoiler: notamment avec le sociologue savoyard, que l'on infantilise bêtement alors qu'il a simplement un opinel dans sa poche, comme tous les provinciaux, et à qui on voudrait faire croire qu'il est un criminel.
C'est parfois juste, parfois ridicule, parfois malaisant, parfois révoltant, mais c'est la vie dans un tribunal d'instance. Tranches de vie, simplement filmées par Raymond Depardon, sans voix-off, ni artifices, ni conclusion.
On en apprend beaucoup sur les français en regardant ce film : en effet, en plus de ce que l'on voit dans le film, il y a ce que l'on entend comme réactions dans la salle car de nombreux spectateurs réagissaient de manière spontanée pendant la projection. C'est ainsi que j'ai pu entendre, pendant le film, des "c'est honteux !", des "Incroyable !" ou encore des "n'importe quoi !" prononcés à haute et intelligible voix. J'ai ainsi pu me rendre compte que les spectateurs - la salle était quasiment pleine -, sûrement davantage proches du français moyen que du spécialiste de l'embrouille, faisaient une distinction entre 2 sortes de "délinquants" (par "délinquant", j'entends l'auteur d'un délit, quel qu'il soit). J'ai ainsi pu comprendre que les gens ne comprennent pas les sanctions qui touchent des gens comme eux spoiler: (l'artisan qui se gare dans un couloir de bus et traite de "Salope" les contractuelles, la femme qui boit chez des amis et qui prend sa voiture ensuite bien qu'elle ait dépassé le seuil autorisé d'alcoolémie et l'homme qui porte toujours son couteau sur lui par "tradition familiale") mais sont en revanche sans pitié et prêts à se moquer de délinquants professionnels spoiler: (dealers, voleurs dans le métro...) . Cette projection au Cinéma d'un documentaire permet donc une plus grande interactivité que la projection à la télé où vous ne pouvez observer que les seuls membres de votre famille qui regardent le documentaire avec vous. Mais revenons à l'essentiel, le film en lui-même. Il est merveilleux et il m'a vraiment conquis. La forme est des plus sobres (une mise en scène minimaliste pour faire oublier la (ou les) caméra dans le tribunal) mais le fond est E-NOR-ME ! Sociologiquement, assister à de telles audiences nous en apprend beaucoup sur le comportement des français, face à la justice et face aux autres (car c'est pour le danger qu'ils représentaient pour autrui qu'ils sont jugés) ... mais aussi sur la justice en elle-même. Certains avocats ne sont pas des lumières et leur argumentaire est vraiment limité. A trop voir des films de procès où un avocat arrive à retourner l'auditoire sur quelques effets bien sentis, on en oublierait presque que, dans la réalité, les avocats ne sont pas tous aussi brillants et certains prévenus, qui s'enfoncent eux-mêmes par leurs paroles et leur mode de pensée, ne sont pas des "cadeaux" quand on en assure la défense. On devine aussi les limites du système judiciaire français spoiler: (certains multirécidivistes - le pickpocket du métro par exemple - ont un casier énorme et certaines condamnations ne sont jamais appliquées (un immigré en situation irrégulière a ainsi été condamné à plusieurs reprises à une interdiction de territoire français de 10 ans mais il est toujours là)) . Mais le plus intéressant dans ce film, c'est le choix de chaque prévenu pour sa défense : certains optent pour un profil bas en reconnaissant les faits, certains nient effrontément, certains reportent les fautes sur les autres spoiler: (ce qu'un tel a fait et que j'ai vu est bien pire que ce que j'ai fait) , certains veulent - est-ce l'influence américaine ? - profiter de leur audience pour changer tout le système spoiler: (les fonctionnaires passent leurs journées à ne rien faire, les lois sont à réécrire, la prise d'empreinte doit être décidée par le prévenu et non par l'autorité policière, etc.) , certains font preuve d'une mauvaise foi évidente spoiler: ("je ne bois jamais" ... quand on est arrêté pour conduite en état d'ébriété, "je ne sais plus combien je gagne" pour éviter l'amende qui est proportionnelle aux revenus, etc.) . Si j'avais du temps, j'irai bien assister, en "vrai", à ces audiences de la vie de tous les jours pour en apprendre encore davantage sur les français, sur leur façon de penser et sur leur façon de considérer leurs propres délits. Enfin, il ne faut pas oublier que l'on peut tous un jour ou l'autre se retrouver devant la justice pour de tels délits car nul n'est au dessus des lois et surtout nul n'est parfait ! Le pouvoir de ce documentaire, qui ne comporte aucun commentaire ajouté de l'auteur, est vraiment impressionnant : on ne peut pas rester indifférent devant un tel panel d'infractions et de comportements. A voir de toute urgence ! Un film qu'on devrait montrer dans les écoles pour expliquer les lois et "démonter" certains comportements dangereux.
Il suffit d’assister à des comparutions immédiates pour s’apercevoir de la dimension intrinsèquement et immédiatement spectaculaire d’un tribunal, avec ses personnages, son arène, son public, etc. Il faut donc une certaine finesse pour filmer ce prêt-à-montrer dans ce qu’il a de moins spectaculaire et de plus purement humain. Il ne faut pas seulement être capable de cadrer les visages à la parfaite distance, mais aussi de proposer un montage qui sache, en quelque sorte, « rendre justice » aux individus, sans mépris ni pathos. Parce que le documentaire est aussi du cinéma, il faut encore savoir choisir les histoires, les personnages, les visages les plus à même de condenser la complexité de l’institution et le caractère universel des vulnérabilités qu’elle reçoit ou qu’elle engendre. Bref, il faut être Raymond Depardon.
Fin du triptyque de Raymond Depardon sur les audiences correctionnelles. Autant le 1er de 1983 semble d'une époque révolue, autant celui de 2003 nous semble encore très familier. Des instants de vie qui se laissent voir et qui montre une certaine réalité de la France. On notera comme d'habitude des procureurs assez froids présentant peu d'intérêt contrairement à la juge et à certains avocats.
Un tribunal est un lieu inspirant pour le cinéma et filmer des moments d'audience d'une chambre correctionnelle semble sur le papier passionnant. Par l'incongruité de certaines affaires et l'opposition entre une juge charismatique et des accusés souvent mal à l'aise, le film possède par moments un certain intérêt; toutefois, "10e chambre – Instants d'audience" souffre de redondances qui dénotent d'un manque de rigueur dans les exemples choisis, certains se ressemblant beaucoup trop, et s'en tient du même coup à des registres émotionnels limités : la stupéfaction la plupart du temps, l'amusement parfois. Il est en effet difficile de rester impassible devant la virulence des réquisitoires et la difficulté criante qu'ont les accusés à se défendre mais le caractère répétitif des affaires et surtout d'un dispositif de mise en scène simpliste rendent l'ensemble en fin de compte inopérant. Outre une écriture décevante, c'est aussi la réalisation de Depardon qui pose problème en exerçant un découpage du lieu pour le moins manichéen; par les angles de caméra choisis, la distance entre, d'un côté, le procureur et le juge qui sont mis sur un pied d'égalité et, de l'autre, l'accusé et son avocat semble exagérée de manière à renforcer une opposition pourtant évidente. Raymond Depardon propose ainsi un documentaire sporadiquement percutant, le plus souvent inconséquent.
odieux, beaucoup de mépris pour un public facilement convaincu et moqueur, ça se passe de critique constructive le documentaire ne cherche en aucun cas à l’être .
J'ai visionné un très bon documentaire sur les audiences les plus courantes (d'après-moi) d'un tribunal correctionnel où des actions de la justice font loi, sans jeux de mots, l’alcool au volant, les insultes à des agents de l'ordre, des (petits) vols et autres faits ne nécessitant pas les assises. Les peines ne dépassent pas en règle générale 5 en d'emprisonnement, au-delà du délit d'oit-être plus grave pour aller aux assises. Donc boire ou conduire il faut choisir, sinon gare à la répression justifiée par la loi. Le reste est à voir et entendre la juge, le procureur, les justiciables, et leurs avocats. Je note 5 étoiles sur 5.
10ème Chambre est film documentaire tout simplement incroyable qui s’immisce dans les coulisses des procès d'une cours d'assise française. Le long métrage est d’un réalisme saisissant, Raymond Depardon est allé au plus près du système juridique français. Il en a mis en avant les rouages et le fonctionnement, légitime ou non. Le cinéaste ne prend jamais parti, il se contente de raconter des faits, des histoires, des procès, avec rythme et lucidité, laissant au spectateur le soin de trancher. Le réalisateur laisse l’auditoire décider si les décisions prisent par la justice sont équivoques ou non, légitimes ou non. Le spectateur devient lui-même juge, se prend d’empathie pour certains prévenus, et ne peut s’empêcher d’intervenir face aux affaires qui défilent sous son nez, il se retrouve à prendre parti, à donner lui-même son avis, jusqu’au traditionnel cliffhanger qui ne fait qu’appuyer cet état des choses. Le réalisateur ne fait ni l'apologie de la justice, ni sa discréditation, il manie juste les émotions du spectateur et ses avis transgressifs au travers d'un montage simple et terriblement prenant. 10ème Chambre d’Audience est un film instructif, présentant le fonctionnement d’une justice souvent discréditée. Mais au-delà d’un concept technique matérialisant nos cours de droit en un visuel concret, le film est également une porte vers des concepts moraux inébranlables. Depardon nous renvoi à notre propre humanité, nous démontre les petites habitudes des êtres humains, les confrontations qui peuvent avoir lieux au sein d’un tribunal, un rapport de force parfois inégal, la peur, l’erreur, la culpabilité, le regret, l’amertume, et la responsabilité ? par un réalisme saisissant l’artiste a utilisé ce décor pour présenter une humanité suffocante, en perpétuel questionnement, cherchant désespérément à obtenir une réalité effective, une vérité étique.
C'est vrai, arriver en retard dans un documentaire n'est pas la meilleure manière d'aborder un film, cependant, c'est l'un des rares films où il n'y a aucun début ni fin, ouf ! C'est juste un flot continu d'images filmés sans mise en scène (et souvent floues) de séances judiciaires, avec l'audience et le résultat. Bref, le contraire d'un spectacle à la Michael Moore, un truc sérieux et chiant s'il n'y avait le choix des "acteurs", on passe un bon moment à voir les folies, les utopies et la mauvaise foi de certains de nos compatriotes et immigrés francophones. Bien sûr, on rit, on est un peu indigné, mais cela ne va pas plus loin que la lecture de la rubrique "carnets de justice" de Libération. Et c'est bien le problème. On attendait peut-être plus d'un documentaire. En un mot comme en cent, c'est plus drôle que le précédent Depardon, mais c'est moins émouvant. Puisque c'est déjà une représentation, donc moins spontané que l'élaboration d'une défense entre un prévenu mal à l'aise et un avocat mal réveillé. Une anecdote pour finir, la présidente est l'une des juges qui a permis à Battisti d'être extradé en Italie...
Depardon a le droit de filmer dans des endroits inédits, et il ne s'en prive pas. Alors filmer l'intérieur d'un tribunal, je dois avouer que je n'avais pas vu ça dans un documentaire et c'est saisissant. Non seulement le film n'est pas ennuyant une seule seconde (grâce à un montage bien senti), mais il est très vrai, ces gens transpire la réalité (tant mieux pour un docu), du coup ça en devient limite gênant de les voir avec leur mauvaise foi, leurs mensonges, leurs idées de défenses tordues, par moment on peut penser que justement la justice est injuste, ou trop clémente ou ceci ou cela, mais le film ne sert pas à ça, remettre en cause la justice, chacun l'appréciera selon sa sensibilité, mais pour montrer ce qui se passe. On voit cette juge, au demeurant très sympathique, se casser la tête, voir limite perdre son calme face à des gens qui auraient rendu fou n'importe qui d'autre, tellement l'absence de réponse, la mauvaise foi évidente peut-être énervante. De plus Depardon arrive à capter la personnalité des prévenus, c'est un lieu où malgré le mensonge ils sont mis à nu, certains ont limite les larmes aux yeux, d'autres crient, d'autres se taisent. c'est vraiment très intéressant je pense d'un point de vue sociologique. Le film se passe d'être didactique tout en étant abordable. J'ai vraiment aimé, même si j'ai été gêné par l'attitude de certains prévenus, criants de vérité. Bien qu'ils ne soient pas filmés de manière impudique.
Passionnant. Encore un documentaire qui vérifie que la vie est plus surprenante que n'importe quel scénario. Car les personnages et les situations qui peuplent ce tribunal sont hauts en couleurs, butés, provocateurs, parfois stupides ou drole (l'affaire du couteau, le chaffeur qui ne veut pas etre en retard), souvent de mauvaise foi ou inconscient voire inquiétants. Et le film vérifie aussi que la justice francaise, si elle est parfois arrogante (l'emportement de la juge quand on tente de remettre en cause son savoir) tente avant tout d'etre conciliante avant d'etre répressive. Une beau témoignage de démocratie contradictoire à la poursuite d'une vérité insaissisable.
Un très bon documentaire de Raymond Depardon, un de plus. Celui-là est un voyage de l'autre côté de la porte du tribunal, là où les caméras ne sont d'habitude pas les bienvenues. On découvre alors le quotidien de la justice, qui n'est pas les crimes atroces et les tueurs en série, mais les "petits" délits (s'il en est), commis par des gens comme vous et moi. Le travail de la juge est difficile puisqu'il faut démêler le vrai du faux, et savoir adopter différentes réactions, aussi bien se montrer ferme avec les prétentieux (et il y en a) que clément avec les personnes finalement inoffensives. Seule déception : la fin qui tombe tel un couperet, sans avoir le jugement de certaines affaires précédemment exposées. Etrange.
Un excellent documentaire qui permet de voir de l'interieur le systeme judiciaire francais au travers du portrait de 12 personnes tres differentes (hommes ,femmes,black,blanc,bleur) qui se retrouvent devant la justice pour des delits variables qui vont du harcelement telephonique au vol a a la tire en passant par la conduite en ebrieté ,tres instructif d'observer le travail tres difficile du metier de juge qui doit trancher chaque jour des dizaines de petites histoires et surtout de demeler le vrai du faux entre les dires des uns et des autres qui bien souvent n'ont "rien fait",interessant egalement le "jeu" des avocats qui se prennent parfois pour des sortes de Pacino ou de De niro du pretoire,pour résumer ce doc c'est une sorte de photographie de notre société qui fait certes sourire par moment mais qui traduit aussi le regard souvent legé et detaché que porte les gens sur les actes pourtant graves qu'ils commettent
Comme souvent avec Raymond Depardon, la logique documentaire fonctionne grâce à une véritable rigueur dans le cheminement du propos mais aussi grâce à un vrai sens de l’humain. Parce que oui, un documentaire, ça n’a rien d’évident. Capter la vérité ne se fait pas tout seul. C’est un travail, et je trouve que ce travail, cette « 10e chambre » le fait très bien, dans la pédagogie, la clarté et le respect de l’humain…
Dapardon nous livre là un témoignage précieux sur la justice française, sur cette machine implacable qui broie ceux qui tente d'exister face à elle. Et ce qui demeure du visionnage de ce documentaire, ce sont ces visages de personnes derrière la barre, ces regards perdus, effondrés, révoltés, provocateurs... ce sociologue maladroit exécuté sous nos yeux par une juge pressée, peu disposé à lui faire le moindre cadeau; ce jeune jugé pour conduite sans permis et qui est venu au tribunal en voiture, et qui affirme bien haut, un brin provocateur, trop réaliste, qui prendra sa voiture pour aller travailler le lendemain; ce jeune dealer qui se décompose en apprenant qu'il est condamné à une peine de prison ferme...