Gabriele Salvatores explique ce qui l'a séduit dans l'ouvrage de Niccolò Ammaniti : "J'étais fasciné par l'idée d'un thriller raconté d'une manière originale tant par son point de vue que par son contexte. Le fait que l'histoire se déroule dans des décors baignés de soleil, des espaces ouverts, libres, comme ceux qui existent dans la campagne du sud de l'Italie, me séduisait beaucoup (...) Le roman et le scénario parlent magnifiquement de la perte de l'innocence et du passage à l'âge adulte. Cette période est parmi les plus sensibles d'une vie..."
Auteur de Io non ho pauro (le livre), Niccolò Ammaniti est un romancier italien en vogue. Il fait partie du courant dit des cannibali, qui rassemble des auteurs s'illustrant dans le thriller. Lorsqu'il s'est lancé dans la rédaction de Je n'ai pas peur, il pensait écrire un scénario, et non un livre. Après avoir achevé un premier traitement de son histoire, il a laissé celui-ci de côté pendant plusieurs années. Finalement, pressé par son éditeur d'achever un autre manuscrit, l'écrivain est revenu à ce projet ancien. Sorti en 2001, l'ouvrage s'est révélé un grand succès, décrochant le Prix Viareggio-Repaci du Meilleur roman, et faisant l'objet d'une vingtaine de traductions. Bientôt contacté par Gabriele Salvatores, Ammaniti a participé à l'adaptation de son roman au cinéma. Précisons que L'Eté où j'ai grandi n'est pas le premier long métrage inspiré de l'oeuvre d'Ammaniti : en 1998, Marco Risi avait porté à l'écran un de ses récits dans L' Ultimo capodanno, un film choral avec Monica Bellucci.
Présenté en compétition au Festival de Berlin en 2003, L'Eté où j'ai grandi a décroché plusieurs prix en Italie la même année. Trois récompenses (Meilleurs Film, Second rôle pour Diego Abatantuono et photographie) lui ont été décernées au festival de Taormina. Le film a également décroché un David di Donatello (équivalent des César) pour la photographie, et 4 autres nominations lors de cette même cérémonie. Le Syndicat italien de la critique a par ailleurs désigné Gabriele Salvatores meilleur réalisateur.
Niccolò Ammaniti, l'auteur de Io non ho paura (Je n'ai pas peur), le livre dont est tiré L'Eté où j'ai grandi évoque la genèse de cet ouvrage : "Tout a commencé lors d'un voyage dans le sud de l'Italie il y a six ans. Nous traversions le pays en voiture d'ouest en est au milieu de l'été, lorsque soudain nous nous sommes retrouvés au coeur de ces immenses champs de blé. Hormis quelques petites maisons perdues dans l'immensité végétale, il n'y avait rien d'autre. Je n'avais jamais rien vu de pareil en Italie, et j'ai alors commencé à imaginer ce que pourrait être une enfance dans cette région." Les enlèvements d'enfants issus de familles aisées, par les Brigades Rouges, dans les années 70, constituent une autre source d'inspiration pour l'écrivain.
Une grande partie du casting est composée d'enfants originaires des régions où se situe l'action du film : Basilicata et Puglia, à l'extrême sud de l'Italie. 540 enfants ont été auditionnés. "Pour moi, il était vital que l'histoire se déroule à travers les yeux d'un enfant", explique Gabriele Salvatores."Le titre à lui seul nous indique qu'elle est racontée à la première personne. Nous avions donc besoin de positionner notre regard, c'est-à-dire la caméra, à la hauteur de celui du protagoniste. Nous avons filmé les événements à une hauteur d'environ 1,27m (...) Outre la hauteur, nous devions également être aussi légers que Michele, nous avons donc décidé de placer le caméra sur de longues grues, de petites motos, enfin sur tout ce qui pouvait donner l'impression de sentir Michele vivant."