La Pelote basque : la peau contre la pierre : les secrets du tournage

C'est la première fois que le réalisateur espagnol Julio Medem, auteur notamment des Amants du cercle polaire et de Lucia y el sexo, s'essaie au documentaire avec ce film sur le conflit basque.

Originaire du pays basque - il est né à San Sebastian -, le cinéaste précise ses intentions : "Ma première idée pour La Pelote basque, la peau contre la pierre a été d'inclure le plus grand nombre possible de voix différentes, comme une polyphonie humaine dans laquelle chacun chanterait à sa manière. Dans un pays si enclin à la dévotion collective, la meilleure chose que chacun puisse apporter au groupe est sa propre particularité. J'ai décidé de donner la parole à un échantillon le plus large possible de la population basque, pour ensuite faire alterner leurs voix, en donnant l'impression qu'elles pourraient s'écouter les unes les autres, si elles le voulaient, et surtout se comprendre."

Présenté en 2003 au Festival de San Sebastian, La Pelote basque... a suscité une vive polémique en Espagne, certains spectateurs reprochant au réalisateur de faire preuve de complaisance à l'égard des terroristes. Deux des intervenants du film ont même demandé au réalisateur de supprimer leur témoignage.

On compte plus de 70 intervenants dans La Pelote basque..., des personnalités politiques aux artistes, des sociologues aux militants, des journalistes aux familles de victimes. Le cinéaste regrette cependant de n'avoir pu obtenir d'entretiens avec certains protagonistes du conflit. C'est ainsi que le Parti populaire a refusé que l'un de ses membres participe au film. De même, le philosophe espagnol Fernando Savater, qui fut à l'origine du mouvement pacifiste "Ya basta !", l'écrivain Jon Juaristi, ancien membre de l'Eta et Cristina Cuesta, de l'Association des victimes du terrorisme, n'ont pas souhaité s'exprimer.

Plutôt que d'aller recueillir les témoignages au domicile des personnes, dans leur cadre de vie quotidien, Julio Medem a choisir de les filmer dans des décors naturels basques. Il s'en explique : "C'est comme si je ne voulais pas voir le problème dans son contexte réel, empreint de souffrance, d'horreur... mais seulement les personnes qui acceptaient de se déplacer jusqu'à l'endroit où je les attendais, ces lieux (des environs), ces sites naturels où toute tension entre êtres humains est hors sujet. La somme aléatoire de décors (bois, champs, montagnes, falaises) permettant de montrer la géographie basque la plus primitive, imprégnée de sentiments aussi anciens qu'immuables, m'a été très utile pour conserver mon oeil d'oiseau et me persuader ainsi que je peux voir la haine sans la haïr."