Cette farce parfois décriée est un véritable feel-good movie pour qui veut bien en accepter les règles. S’il est dominé par un humour potache avec ses gags et ses répliques destinés à des gamins de dix ans grand maximum, il est aussi une tendre peinture de l’Amérique profonde avec ses personnages pas toujours futés mais amoureux de la vie. Coups de poing, intrigues sentimentales, amitiés diverses, musiques country et bières bon marché sont le quotidien de ces personnages attachants et marginaux.
Clint et Clyde, son compagnon orang-outan, forment un duo de premier ordre qui amusera ceux qui ont conservé une âme d’enfant et les amoureux des animaux. Il faut les voir déambuler tous les deux dans les bars, enquillant les bières et reluquant les strip-teaseuses au cours d’un road-movie qui n’a pas grand chose à raconter sinon ses personnages. Car « Doux, dur et dingue » est un film de personnages, les doux, les durs et les dingues, volontairement outranciers (les motards débiles, les flics idiots, la vieille ronchonne, la fille méchante, la fille gentille, le bon copain, le compagnon improbable).
C’est volontairement grotesque mais en dépit de sa légèreté apparente (ou lourdeur, c’est selon), on retrouve l’attachant portrait d’une certaine Amérique, volontiers libertaire. Les acteurs sont parfaits, Clint Eastwood en tête qui semble s’amuser à se démythifier et à se pasticher. Pour qui veut bien jouer le jeu de ce premier pas de côté dans la filmographie de Clint, ce film est un vrai bonheur qui fait un bien fou.