Au feu ! : les secrets du tournage

Le réalisateur Pjer Zalica, qui a tourné une douzaine de films durant la guerre en Bosnie, voit se présenter avec Au feu ! l'occasion de tourner un film sur la paix. Il explique : "Ca m'écoeurait de faire des films sur l'horreur que je voyais autour de moi, la mort, le sang et les interminables et stériles disputes sur qui était responsable, qui avait commencé. C'était une expérience terrible et oppressante. Je souhaitais faire des films sur la paix. La paix est arrivée et j'ai continué à faire des films. Mais j'ai découvert que la paix pouvait être pire que la guerre."

La distribution de Au feu ! fait se cohabiter acteurs serbes et croates. Une collaboration qui s'est déroulée sans aucun problème. Pour le réalisateur Pjer Zalica, "ce sont de grands artistes respectueux des autres. Et puis quand vous permettez à des gens de faire le métier qu'ils aiment dans des conditions normales, comment cela pourrait-il mal se passer ? Le travail est une solution au chaos, et cela me laisse d'ailleurs penser que si nos politiciens décidaient vraiment d'établir une démocratie, ils y arriveraient."

Pour son film, le réalisateur Pjer Zalica cherchait une métaphore afin d'illustrer le thème de la recherche de la paix après un conflit. "Au départ, j'avais pensé à la venue du pape", explique-t-il. "Mais finalement, l'image de Bill Clinton en visite au fin fond de la Bosnie s'est imposée à moi : Clinton a longtemps incarné l'espoir pour les Bosniaques. Pour beaucoup, il était le seul être au monde à pouvoir apporter la paix. Clinton est d'ailleurs venu en Bosnie, à Tusla notamment, mais les choses ne se sont pas du tout déroulées comme dans le film !"

Pour parvenir à démêler la dramaturgie très complexe du scénario d'Au feu !, le réalisateur Pjer Zalica s'est inspiré des longs métrages Magnolia de Paul Thomas Anderson et Happiness de Todd Solondz. C'est surtout ce dernier film qui l'a marqué : "Je voulais sortir d'une narration traditionnelle, et Happiness m'a vraiment aidé à comprendre que je devais tout recentrer sur les émotions des personnages."