Le masque de la mort rouge est un très bon film adapté avec réussite d'une nouvelle du reconnu Edgar Allan Poe par Roger Corman qui nous livre une oeuvre ambitieuse, étrange et fascinante. C'est dingue de voir que parmi les productions les plus méconnus on puisse arriver à trouver des perles intéressantes et développant un univers et une ambiance hors-norme. Ne serait-ce que par ses décors et costumes très réussis le film étonne, ils sont très bien fais et c'est très rare de voir ça dans un petit film qui n'a pas dû disposer d'énormément de moyens. Tout cela est bien sûr mis en relief par la réalisation, qui nous offre de très beaux plans qui nous prouvent que Roger Corman a du talent, et par ailleurs un excellent metteur en scène; parvenant à créer une atmosphère étrange et fascinante, avec des moyens limités tout en nous offrant une interprétation de la part des acteurs plus que solide. Le mieux dans tout ça étant que je n'ai ressenti aucun moment particulièrement ridicule, et énormément de scènes impressionnantes et très réussies. Que ce soit dans sa vision de la maladie, que ce soit dans sa vision de la mort, que ce soit dans sa vision de l'époque médiévale, que ce soit dans sa vision de la débauche, de la décadence et du mal, le réalisateur excelle. On voit très bien qu'on n'a pas affaire à n'importe qui. Bon, maintenant je suis obligé de m'attaquer au scénario pour deux raisons: la première que c'est un point essentiel du métrage, et l'autre que ça va me permettre d'argumenter sur la très bonne mise en scène de Roger Corman.
L'histoire est très réussie, de par son évocation du mal, de la mort, du paradis et de l'enfer, de tout ce qui est d'ordre divin, de la cruauté, du satanisme, ou de l'horreur. Tout commence par le Prince Prospero, incarnation même de la cruauté évoquée à l'instant, mais aussi du mépris s'amuse à humilier les paysans (dans une très bonne scène d'ailleurs, on peut admirer les costumes très réussis, les flammes qui le sont tout autant, pour ma part ça a été un régal visuel) et finit par faire emprisonner une jeune fille qu'il trouve ravissante ainsi que son amoureux et son père dans son château. Très vite il arrive des péripéties, on assiste à la décadence qui règne au château, décadence parfaitement bien mise en relief de par la stupidité et la cruauté des situations, et bien sûr au culte satanique qui a lieu. Tout est fait de façon très intelligente et subtile, ça me fait repenser à une scène où un des "seigneurs" présent lors de la fête admire la pureté d'une femme, étant fascinée par elle (alors qu'il sait pertinemment ici que le but est de corrompre tous le monde et qu'il y a de très fortes chances qu'il se soit donné à Satan). Cette scène dégage une force, le mal comme envoûté par l'incarnation la plus absolue du bien, comme si le fait d'en être tellement éloigné rendait cela étrange et en même temps créait l'admiration. J'adore ce genre de phrases subtiles qui à elles seules ont un très grand sens et peuvent être analysés et de nouveau analysés sans même que l'on fasse une description complète de ce qu'elles signifient. Je n'ai pas parlé de la "mort rouge" pourtant essentielle au récit. Et elle apporte un vrai plus, amenant à une véritable évocation de la mort, très bien exploitée, et bien sûr donne lieu à l'apparition de cette Homme déguisé d'un costume rouge. Certains vont le prendre pour Dieu et d'autres pour le diable, et à la fin il annonce qu'il est simplement la mort, que ni Dieu ni le diable sont les maîtres de ce monde et que chacun crée son paradis ou son enfer, quelle scène grandiose (la manière dont il transmet cette maladie à chacun est très bien mise en scène et est très bien faite, franchement chapeau!)
Il y a bien des choses que je n'ai pas dis mais je pense avoir expliqué suffisamment ce qui était bien dans ce film. Par ailleurs, je lance un petit rappel: n'oubliez pas que le scénario dans les films d'horreurs n'est en aucun cas factice, et que d'ailleurs on assiste bien plus que certains voudraient le croire à des oeuvres du genre dans lequel l'histoire et les personnages sont très travaillés. Le cinéma d'épouvante n'a en aucun cas en moyenne un scénario moins réussi que pour les autres genres, et le masque de la mort rouge est une des (nombreuses) preuve de cela. Un très bon film!