Comparé aux Yeux dans les bleus ou encore au récent Etre et avoir réalisé par Nicolas Philibert, le sujet de Tatami n'en reste pas moins un documentaire très original. C'est d'ailleurs la toute première fois qu'une caméra a pu s'immiscer dans la préparation de l'équipe de France de judo.
Le documentaire Tatami possède la particularité, à la manière de l'émission Striptease diffusée sur les télévisions belges et française, d'être dépouillé de tout commentaire et de tout entretien avec les sportifs. La réalisatrice Camille de Casabianca raconte:"J'ai voulu être une petite souris. Pour cette raison, j'ai refusé que les judokas s'adresse à la caméra et j'ai résisté à mon envie d'intervenir."
Dans un entretien accordé au quotidien L'Humanité paru le 15 mai 2003, Camille de Casabianca explique ce qui l'a touchée dans le judo mais aussi dans les sportifs qu'elle a filmés:"Je pense qu'il (le judo) permet d'exprimer des valeurs morales sans passer par les mots. Dans le judo, l'une de ces valeurs est le contact. On va au contact de quelqu'un. Alors que dans la société actuelle, on ne se touche pas, et que le contact est vécu comme une agression.(...) J'ai eu envie de filmer des judokas que je trouve bien dans leur peau et qui sont des êtres humains accomplis mentalement et physiquement. Ils ont une santé! Il y a une dimension force physique mais qui n'est pas méchante. Et puis, je pense au public féminin, je les trouve assez sexy."
Après sa sortie en salles à l'automne 2003, Tatami aura bénéficié d'une diffusion sur la chaîne France 2 ainsi que d'une vente en DVD dans la foulée.
La caméra de Camille de Casabianca n'a pas véritablement porté chance aux judokas français. Au final, dans les huit catégories dans lesquelles les Français étaient engagés, une seule médaille a été remportée. Frédéric Demontfaucon en moins de 90 kg est reparti d'Allemagne avec un titre de champion du monde en poche. Par contre, pour Larbi Benboudaoud dont la réalisatrice avait fait le personnage central de l'histoire, cela s'est très mal passé. Le champion du monde 1999 dans la catégorie des moins de 66 kg a perdu dès son premier match contre le modeste kazakh Aidyin Smagulov, lui-même défait lors de son match suivant.
Le mondial de Munich 2001 s'est déroulé du 19 au 21 juillet alors que les championnats d'Europe qui avaient lieu la même année à Paris Bercy ont débuté le 18 mai pour se finir le 20 mai. On peut s'étonner qu'un si court laps de temps séparer deux compétitions majeures comme celles-ci. En fait, le mondial de Munich a dû être avancé en raison de l'ouverture de la grande cérémonie estivale locale: la fête de la bière.