Capturing the Friedmans : les secrets du tournage

Primé dans plusieurs festivals, Capturing the Friedmans a notamment obtenu en 2003 le Grand Prix du jury au Festival de Sundance. Présenté la même année au Festival de Deauville, il est nommé en 2004 à l'Oscar du Meilleur documentaire.

"D'un point de vue littéral, Capturing the Friedmans est l'histoire d'une famille. D'un point de vue philosophique, le film traite de la nature insaisissable de la vérité. Comment nos souvenirs - les souvenirs de nos familles, de nos parents, les souvenirs des choses que nous avons faites ou cru devoir faire dans notre vie privée ou dans notre travail - évoluent avec le temps pour s'adapter à nos besoins. Le film parle aussi de la nature même de la famille et de la société, de ce que l'on se doit de faire en tant que membre d'une famille ou d'une communauté."

Capturing the Friedmans est le premier long-métrage d'Andrew Jarecki. Egalement musicien, Jarecki est le fondateur et PDG de Moviefone, service téléphonique de réservation de places de cinéma créé en 1989, devenu un grand site consacré au Septième Art (l'équivalent américain d'AlloCiné, en quelque sorte...). Cette société a été rachetée par America Online en 1999.

Au départ, Andrew Jarecki a l'intention de réaliser un documentaire sur les clowns qui vont divertir les enfants le jour de leur anniversaire. C'est ainsi qu'il rencontre l'un des plus populaires d'entre eux à New York David Friedman, un père de famille apparemment sans histoire.

Depuis plusieurs générations, la famille Friedmann filme son quotidien, d'abord en caméra super 8, puis en video. "Alors que la plupart des familles filme surtout des événements heureux comme les anniversaires, cette famille n'éteint jamais la caméra", note Jarecki. "Même après la visite de la police et tous les bouleversements qui s'ensuivent, elle continue de se filmer, filmer ses moments les plus intimes, les plus privés et les plus intenses (...) La plupart des films a été tournée à la fin des années 80, quand les caméras vidéo se sont démocratisées. La famille Friedmann a toujours été à la pointe de la technologie, en avance sur ce qui est devenu la véritable obsession américaine : passer à la télé."

Si le spectateur a tendance, dans un premier temps, à rejeter cette famille "monstrueuse", il finit par y trouver des résonances personnelles, comme l'explique le réalisateur : "Quand on voit un documentaire dérangeant, on a tendance à se protéger, à réduire les personnages à une seule dimension, à des personnages, qui n'auraient rien à voir avec nous. Cette attitude nous empêche de nous examiner de trop près. J'espère qu'en voyant les membres de cette famille de plus près - en particulier à travers leurs images d'archives personnelles - on les comprendra mieux. Qu'on les aime ou pas, qu'on approuve leurs actes ou pas, on les voit comme des gens avec qui l'on a des choses en commun."

Andrew Jarecki, qui devait tenir compte des différentes versions des faits données par les protagonistes, compare la réalisation de Capturing the Friedmans à l'assemblage d'un puzzle : "Faire ce film, c'était comme reconstituer un puzzle, pièce par pièce. Une petite pièce vous conduit à un point de départ, une autre ne colle pas avec la première et c'est à vous de décider comment les agencer pour qu'elles soient harmonieuses. Afin de coller à la réalité de l'histoire, il ne faut pas forcément inclure toutes les pièces dans le puzzle. Le plus important c'est qu'à la fin de la reconstitution, la vision d'ensemble soit la plus juste."