Deuxième long-métrage du Hong-kongais Yu Lik Wai, All tomorrow's parties a été présenté en Sélection Officielle au Festival de Cannes, dans la section Un Certain Regard, en 2003. Son premier film, Love Will Tear us Apart, avait lui aussi été projeté sur la Croisette, en compétition, en 1999.
"Le film a été inspiré par les divers terrorismes, sectes et cultes qui sévissent dans le monde. L'irrationnel et l'absurde jettent une ombre sur notre existence présente. Pour autant, je ne me livre pas à un simple exercice de pessimisme, type "No future". Mon intention est de poser la problématique de notre fragilité. Pour quelle raison est-ce que nous nous laissons aller à ces guerres moyenâgeuses ? Si nous pouvons accepter le fait de ne plus vivre comme autrefois, nous aurions le courage d'affronter les choix que nous réserve l'avenir."
Yu Lik Wai est le chef-opérateur attitré de l'un des plus célèbres réalisateurs chinois actuels, Jia Zhang Ke, l'auteur entre autres de Platform et Plaisirs inconnus. Zhang Ke est le producteur associé de All tomorrow's parties.
Yu Lik Wai hésite à parler de science-fiction à propos de son film qui a pour cadre l'Asie du XXIe siècle : "Pour moi, anticiper l'avenir n'implique pas forcément d'entrer dans la science-fiction. All tomorrow's parties ne montre ni robots ni hyper-technologie. D'ailleurs, du point de vue technologique, ma vision de l'Asie post-apocalyptique est plutôt historique. Après tout, hormis l'acquisition de certains gadgets, l'humanité n'a pas beaucoup changé depuis 50 ans. Pourquoi est-ce que la vie serait si différente dans 50 ans ?", s'interroge-t-il, avant d'ajouter : "Cette histoire pourrait tout à fait se situer de nos jours, par exemple dans l'après-guerre... Je la situe dans le futur, pour la simple raison que cela me permet de mieux critiquer les absurdités, les fragilités humaines."
Le titre du premier long-métrage de Yu Lik Wai se référait à un des plus célèbres morceaux de Joy Division, Love will tear us apart. Si on entend encore dans ce deuxième film un titre du groupe de Ian Curtis, Insight, c'est d'après une chanson du Velvet underground que le cinéaste a, cette fois, intitulé son film. Ajoutons qu'Unknown pleasures titre d'un album de Joy division, est aussi celui d'un film réalisé par Jia Zhang Ke avec pour directeur de la photographie Yu Li Kwai.
Le réalisateur d'All tomorrow's parties donne son point de vue sur la situation actuelle et à venir de la région asiatique : "Mon récit se situe en Asie, continent qui subit une évolution rapide. J'ai une théorie un peu simpliste sur cette question : au cours du siècle dernier, un bon nombre de nations d'Asie a réussi à émerger du ghetto du Tiers Monde pour se voir attribuer l'étiquette de pays en voie de développement. Nous payons cette évolution au prix fort. Nous avons abandonné nos valeurs et nos croyances les plus précieuses, et surtout nos "non-croyances". Alors mon hypothèse serait que ce continent va rapidement se transformer en un deuxième monde, dans lequel nous vivrons matériellement satisfaits, mais avec un vide intérieur absolu. Une anesthésie confortable."
C'est en se rendant à Datong, une ville chinoise "sur-industrialisée" que le réalisateur a eu l'idée de ce film :"Je me souviens de mon arrivée dans cette ville un soir de neige. Les flocons semblaient flotter dans ce ciel pollué, tristes et beaux. Je me suis dit que cet endroit ferait un décor magnifique pour une science fiction low-tech. Aucun besoin d'en rajouter. Tout y était. Dix-huis mois plus tard, je tournais ce film." Le film a ensuite été tourné non seulement en Chine, mais aussi en Corée et en Mongolie.