Revu avec grand plaisir ce premier film de télévision qui fit sortir Spielberg de l’ombre.
Malgré son scénario hyper minimaliste, et l’absence d’explication à cette course poursuite, il est impossible d’oublier ce conte justement terrifiant parce qu’incompréhensible.
Le début met en place une journée ordinaire et banale, symbolisé par l’appel téléphonique à la radio locale, d’un homme qui reste à la maison pendant que sa femme travaille et qui ne sait pas remplir sa fiche de recensement !
Denis Weaver, connu surtout pour ses rôles dans des séries TV, n’est pas un acteur inoubliable, le camion moche et crachant une fumée nauséabonde qui le poursuit est devenu lui une icône.
Une sorte de HAL (l’ordinateur de 2001 chez Kubrick) terrestre qui s’emballe et devient menaçant.
Tout l’art de Duel est de ménager une montée progressive mais inéluctable de la tension à partir de petits détails, de scènes banales qui vont commencer par une banale queue de poisson pour se terminer par une interminable chasse à la voiture.
Le jeune Spielberg maitrise déjà une mise en scène dynamique, des prises de vues style bande dessinée, l’alternance des gros plans avec les panoramas des paysages désertiques.
Dans un monde disparu, dans lequel les portables n’existaient pas, la moindre rencontre augmente le dilemme auquel est confronté ce représentant de commerce, héros malgré lui : ainsi la longue scène dans le café isolé de la station-service, le doute qui s’installe, la recherche du chauffeur invisible, quelle maitrise dans la sobriété ! Ou l’irruption d’un car scolaire en panne !
Aujourd’hui, on ferait techniquement plus fort, mais l’idée de départ reste géniale !! Spielberg vient de démontrer son immense à talent à raconter des histoires avec une âme d’enfant.
Si Duel n’est pas un chef d’œuvre, ce film reste une pépite rare, qui n’a pas perdu de son impact émotionnel.
TV2 - novembre 17