On connaissait le réalisateur George Miller pour sa trilogie futuriste Mad Max, et il nous avait surpris avec Babe, le cochon dans la ville, un film pour enfants où un petit cochon devenu berger affrontait milles dangers dans une ville hostile. Il continue sur cette lancée en réalisant Happy feet, film d'animations pour enfants en images de synthèse qui raconte l'histoire de Mumble, petit pingouin qui ne sait pas chanter au contraire de son espèce, mais qui a un véritable don pour les claquettes! Dans les deux cas, le réalisateur parle de reclus de la société et de marginaux qui essaient de se faire accepter par leurs talents.
Au début du 21ième siècle, seul deux concurrents se disputaient la place de l'animation américaine: Dreamworks et Walt Disney avec Pixar. Depuis, de nombreux autres studios sont entrés dans la course: Tristar et ses Rebelles de la forêt, les studios Aardman qui se sont associés à Dreamworks pour Souris City, et Warner Bros avec Lucas, fourmi malgré lui, Happy feet et Les tortues ninja, adaptation du célèbre dessin animé des années 90.
Depuis le succès mondial de La Marche de l'empereur, les pingouins sont à l'honneur et on peut les apercevoir dans plusieurs films d'animation: Happy feet de George Miller, Les Rois de la glisse, où un pingouin apprend à faire du surf, La farce de l'empereur qui n'est rien d'autre que la parodie du film de Luc Jacquet, et une série consacrée au commando de nos pingouins préférés dans Madagascar!
En réponse aux multiples comparaisons avec l'oscarisé La Marche de l'empereur, le réalisateur se défend : "Le film a été conçu bien avant La Marche de l'empereur, et je me réjouis doublement du succès de ce documentaire, qui nous a aidés à monter notre propre projet."
George Miller, réalisateur de nombreux films comme la trilogie Mad Max, Les Sorcières d'Eastwick ou encore Babe, le cochon dans la ville, explique ses critères quant au choix de ses films : "L'histoire est reine ! Ce qui me passionne dans le cinéma, c'est d'explorer les univers les plus variés, mais en essayant toujours de trouver les histoires les plus riches de sens. Je ne vois donc pas de différence fondamentale entre Mad Max, disons, et des fables animalières comme Babe ou Happy Feet."
Le réalisateur explique l'origine d'Happy Feet : "Je suis fasciné depuis longtemps par la dimension épique de l'Antarctique. Il y a dix ans, en voyant un documentaire sur les manchots, intitulé "Life in the Freezer", j'ai pensé qu'il y avait là un merveilleux sujet de fiction. Les manchots ont une vie extraordinaire, riche d'enseignements pour nous autres humains. Ils arrivent à survivre à l'autre bout de la planète, en se serrant les uns contre les autres, en se communiquant leur chaleur, en chantant pour s'identifier les uns les autres. À nos oreilles, ces signaux se ressemblent tous et ne sont guère plus mélodieux qu'un "couac", mais chaque pingouin perçoit cela comme un chant d'amour unique, distinct de tous les autres, qui lui permet de retrouver son conjoint dans la joyeuse cacophonie produite par les 25000 hôtes de la banquise."
La version originale de Happy feet s'est entourée d'un beau casting vocal où tout le monde à du pousser la chansonnette. On peut retrouver sur la banquise Elijah Wood, Brittany Murphy, Nicole Kidman, Robin Williams, Hugh Jackman et Miriam Margolyes (déjà la voix de Fly dans Babe, le cochon devenu berger). Face au casting des voix américaines répondent celles de Clovis Cornillac, Marion Cotillard, Sophie Marceau, Kad Merad, Anthony Kavanagh et Marianne James. Que du beau monde!
Pour Hugh Jackman, 2006 est l'année du doublage ! Avant de le retrouver en pingouin sur la banquise, on le découvrira une semaine avant sur les écrans français dans Souris City, où il double le personnage pincipal, Roddy, une souris des quartiers chics. Il est accompagné par Kate Winslet et Ian McKellen.
Le doublage du personnage de Kev est le dernier rôle interprété par Steve Irwin. Décédé le quatre septembre dernier à la suite d'une piqûre mortelle infligée par une raie vénéneuse, il s'était fait connaître en 1992 grâce à l'émission télévisée australienne "Crocodile Hunter", dans laquelle il approchait toutes sortes de créatures dangereuses. On a pu le voir en 2002 dans le film Traqueur de croco en mission périlleuse.
En doublant le personnage de Ramon, Robin Williams a laissé parler son côté macho : "Avide d'impressionner les filles, il n'a pas son pareil pour dénicher les petits cailloux qui les rendent folles de lui. C'est une des raisons qui m'ont donné envie de l'interpréter et d'aller à la recherche du pingouin macho qui sommeille en moi comme en chaque homme.". Réputé pour ses dons d'imitations, le comédien interprète aussi l'excentrique Lovelace.
Happy feet est le quatrième film dont Robin Williams assure le doublage d'un ou plusieurs personnages. C'est avec le dessin animé Les Aventures de Zak et Crysta dans la forêt tropicale de Ferne Gully (1992) que Robin Williams prête sa voix à un personnage pour la première fois au cinéma. Il renouvelle l'expérience en 1993 dans Aladdin de Walt Disney où il double l'inoubliable génie, puis en 2005 dans le film d'animation Robots, où il incarne Fender.
Le réalisateur George Miller, d'origine australienne, a confié le doublage des parents de Mumble à deux célèbres acteurs australiens, Nicole Kidman et Hugh Jackman. Miller, qui a été producteur et réalisateur des premiers succès télévisés de Nicole Kidman, déclare que c'est "merveilleux de pouvoir travailler à nouveau avec Nicole . Elle est vraiment quelqu'un de rare. Lorsque le producteur Doug Mitchell l'a appelée pour lui parler du film, elle a tout de suite accepté. Plus tard, lorsque je me suis étonné qu'elle n'ait pas demandé à lire le script, Nicole m'a répondu que le souvenir de nos premières collaborations lui suffisait amplement. J'ai été ému par cette marque de confiance."
Elijah Wood, qui double le jeune Mumble dans la version originale, analyse son personnage : "Mumble a une entière confiance en ses possibilités. Lucide et déterminé, il ne considère pas son don comme un problème, et n'a nulle intention d'y renoncer. Il l'indique clairement : "Oui, j'ai cette aptitude qui peut vous sembler bizarre, mais, pour moi, elle n'a rien d'anormal, et c'est donc à vous de vous y faire."". A travers Mumble, le message du droit à la différence est important pour l'acteur : "nous devrions refuser tout compromis portant atteinte à notre individualité, dès lors qu'il s'agit seulement de faire plaisir aux autres."
Pour les séquences de danse, le réalisateur a souhaité que chaque pingouin bouge de façon personnelle. Pour cela, il a utilisé la méthode de motion capture, qui consiste à revêtir chaque danseur d'une combinaison spéciale possédant des capteurs qui enregistrent chaque mouvement du corps. Avec ce procédé, il a pu ainsi enregistrer simultanément jusqu'à dix-sept danseurs. La société d'effets spéciaux Animal Logic développa en cours de production un nouvel instrument de motion capture permettant d'insérer, en temps réel, les personnages dans un espace réaliste. George Miller raconte cette expérience : "Mes acteurs jouaient sur un plateau nu, mais leurs homologues manchots évoluaient au même moment sur une banquise virtuelle envahie de monticules, de blocs de glace, etc. Je pouvais ainsi adapter le jeu du comédien à la nature du terrain, leur demander de mimer l'effort, de glisser, de chuter, etc. C'est un atout incroyable et un pur bonheur de pouvoir travailler simultanément sur deux mondes et les manipuler à volonté. Je ne pense pas que nous aurions pu tourner ce film autrement."
A l'origine, Happy Feet ne devait pas être un film musical. Le réalisateur confirme : "C'est en cours d'écriture que j'ai réalisé la nécessité de ces chansons. Et lorsque Mumble s'est révélé piètre chanteur mais grand danseur de claquettes, le film est devenu quasi automatiquement un musical – disons, un musical accidentel."
George Miller avait prévu d'adapter plusieurs chansons de Prince en modifiant les paroles afin de mieux coller au contexte du film, mais ce dernier s'y opposa. Ce n'est que quand il entendit un premier montage qu'il finit par accepter. Il en fut tellement enchanté qu'il offrit d'écrire la chanson du générique de fin, "The Song of the Heart".
Pour la version française d'Happy Feet, cinq élèves de la Stac Academy 6 ont été choisi pour doubler deux séquences musicales. Les élèves sélectionnés sont Dominique, Brice, Cynthia, Cyril et Gaël.
Pour ce long métrage, George Miller n'a pas voulu donner une apparence trop cartoon ou trop cariacaturale à ses animaux, évitant de flirter avec le graphisme de Madagascar ou des Rebelles de la forêt. Tous les personnages et décors sont traités d'un point de vue très réaliste: les pingouins, les scènes aquatiques, les parties immergées des icebergs, et mêmes les êtres humains qui viennent puiser du pétrôle. De plus, le réalisateur a voulu tirer parti de l'image de synthèse pour oser les plans les plus fous et les plus spectaculaires pour nous livrer un voyage complètement dépaysant du côté de la banquise.
Afin de restituer au mieux toute la beauté visuelle de l'Antarctique, George Miller a envoyé deux équipes sur place pour prendre des photos et collecter des informations. Au terme de ces voyages, 80 000 images ont été réunies.
Au-delà du souci de vraisemblance, George Miller, ainsi que l'équipe du film, espèrent que les spectateurs vont être sensibles à la beauté de l'Antarctique afin d'éveiller en eux le désir de la protéger au même titre que le reste de notre environnement. Elijah Wood rajoute : "Nous devons vivre en harmonie avec ces animaux et la nature, et prendre davantage en considération toutes les formes de vie qui coexistent sur notre planète.". De son côté, Brittany Murphy affirme que le message du film est "de première importance. Tout au long de son tournage, nous nous sommes attachés à ses personnages et à son histoire avec le désir de faire quelque chose de spécial. Chaque spectateur pourra interpréter le résultat à sa façon. Pour moi, Happy Feet est un film sur l'appartenance."