Délaissant le style qui l’a fait connaître au Danemark et à l’étranger (Pusher, Bleeder), Nicolas Winding Refn tente sa chance à l’international pour son 3ème opus, scénarisé par Hubert Selby Jr, icône de la contreculture des Etats-Unis, et interprété par l’excellent John Turturro.
Sur papier, ça donne envie ! Très vite pourtant, on se retrouve face à un film assez fadasse, classique, froid, comme les deux précédents, mais sans cette touche de nervosité par moments, pour souligner la tension.
Terrassé par la mort violente de sa femme dans le parking d’un centre commercial où il travaille comme agent de sécurité, Harry (John Turturro) tente de mener l’enquête en collectant des cassettes VHS enregistrées par des caméras de surveillance, jusqu’à l’obsession.
Puzzle linéaire, beaucoup trop linéaire pour être stimulant, l’histoire s’étire alors en longueur et n’éveille pas grand-chose. La mine constamment compassée de certains personnages, leur jeu franchement médiocre et les dialogues assez insipides rappellent quelques téléfilms de qualité mais on est en droit de s’attendre à beaucoup mieux d’un tel couple réalisateur/scénariste.
Si l’on retire les longueurs parfaitement inutiles, on obtient une histoire qui tient une demi-heure. Hélas ce film en fait trois fois plus et on attend la fin avec impatience et quelques bâillements. Les vingt dernières minutes sont carrément bâclées, insupportables à regarder tant c’est mal joué et ponctué d’expériences visuelles complètement débiles.
J’ai dû me résoudre à effectuer une recherche rapide pour tenter de comprendre la raison de ce déséquilibre et j’ai trouvé une explication satisfaisante : à partir de la demi-heure, on commencerait à plonger dans l’univers mental perturbé du héros, ce qui expliquerait pas mal d’incohérences… Certes. La façon dont cette plongée est cependant amenée (ou non amenée, justement) laisse un goût amer, raté.