Quand Barton Fink déambule dans les couloirs...sortis du subconscient d'un David Lynch et cadrés par le directeur de la photographie de "Eyes wide shut".
Le jeune prodige danois Nicolas Winding Refn réalise tous ses rêves, les plus fous, de cinéphage averti. Ce voyage hypnotique, né de son imagination, se télescope avec celle de l'écrivain américain Hubert Selby Jr., dont il s'est adjoint les services ( un de ses romans a été adapté au cinéma par Darren Aronofsky, sous le titre de "Requiem for a dream"), à qui Refn a d'ailleurs dédié son deuxième volet du triptyque "Pusher". Harry Caine est agent de sécurité dans une galerie commerciale, du fin fond du Wisconsin. Depuis la mort mystérieuse de sa femme, dans les parkings souterrains de son lieu de travail, sa seule obsession est d'en identifier l'assassin. Pour ce faire, l'intégralité de son temps libre se résume à visionner, inlassablement, les cassettes de surveillance du lieu du crime... Avec son acteur instinctif, John Turturro, on a d'abord l'impression d'être immergé dans l'univers des frères Coen, dont le paysage enneigé rappelle les états septentrionaux de "Fargo". Subitement, on est plongé dans l'univers psychanalytique de Lynch et plus particulièrement de "Lost highway". Le personnage énigmatique de Deborah Unger fait référence à celui de Patricia Arquette. A la recherche de sa femme, il va se perdre dans les couloirs obscurs d'un motel que les lumières stroboscopiques rendent encore plus flippantes. Le mystérieux appel téléphonique, dans ce motel, est un clin d'oeil au "Dick Laurent is dead" de ce même trip hallucinatoire. Enfin, pour lui donner un air de "Shining", avec ses couloirs symétriques et son ascenseur déversant des flots de sang, Refn a collaboré avec Larry Smith, le directeur de la photographie du dernier Kubrick. Ce rêve éveillé est l'hommage d'un élève doué à ses maîtres de prédilection.