Jean-Daniel Pollet : " Pour Méditerranée, j’ai fait un voyage de trois mois et demi, parcouru quinze pays autour du bassin méditerranéen mais j’ai refusé d’emblée de faire un documentaire. Je pouvais m’attarder à faire une séquence pyramide, une séquence temple grec, une séquence de fête paysanne, etc. Mais je me suis interdit de pénétrer dans les différents sujets. C’est pourquoi j’ai filmé une seule chose par plan, de manière à pouvoir utiliser au montage ces plans comme des mots, des signes. J’ai filmé les manifestations de cultures enterrées mais qui nous font signe. Je voulais à tout prix préserver la présence libre des choses. Il m’est plus facile de filmer les choses que les gens. Je crois beaucoup au parti pris des choses de Francis Ponge. La littérature moderne a montré que le milieu dans lequel on vit a autant d’importance que la vie elle-même. Je me refuse à considérer ce milieu comme un simple décor. On a accusé les auteurs du nouveau roman d’être des cérébraux, des compliqués. C’est faux. Ils veulent au contraire avoir un regard vierge devant les choses. Rien de plus simple et de plus honnête finalement que leur attitude. "