Soeur du chanteur Caetano Veloso, la diva Maria Bethânia est un personnage culte de la scène musicale brésilienne. Véritable égérie de la contre-culture, elle s'est notamment faite connaître dans les années 60 avec la chanson protestataire "Carcará". Restée en marge des courants musicaux dominants, elle s'est progressivement imposée comme la reine de la chanson romantique.
C'est au Festival de Montreux en 1996 que le réalisateur Georges Gachot découvre la chanteuse brésilienne Maria Bethânia. Réalisateur de nombreux documentaires musicaux, il décide de lui consacrer son prochain film. Il s'éloigne ainsi pour la première fois de la musique classique.
Le montage de Maria Bethânia musica é perfumé est un élément essentiel pour le réalisateur Georges Gachot qui lui a consacré plus de 8 mois : "En fait, j'ai travaillé au montage comme un compositeur sur sa partition, en décidant des cadrages et des plans de coupes pour accentuer certains passages d'une chanson, un " vibrato ", un " allegro vivace ", ou souligner un " forte " ! La dynamique de la musique est travaillée par le montage, à travers les changements de plans et les cadres. J'utilise ces changements d'atmosphère comme césure musicale pour mettre en forme mon interprétation de la chanson."
Georges Gachot explique l'approche qu'il a suivi pour filmer la diva Maria Bethânia : "Le défi de ce film était dans cette captation de sa voix... La voix, elle, est physique, intime, elle est une couleur, un message. A l'écoute d'un CD de Béthânia, la voix est immatérielle. Je voulais donner corps à cette voix. Il me semblait que le film devait être ressenti comme un long plan séquence qui nous entraîne de la façon la plus authentique au plus près de cette artiste, sans être faussé par des plans de coupes. Finalement, cette forme de montage est presque de l'anti-cinéma."
Contrairement à de nombreux documentaires musicaux actuels, les concerts, les répétitions et interviews n'ont pas été tournées en DV. Le réalisateur et son cadreur ont privilégié une caméra Beta digitale 16/9e, par souci d'authenticité : "Cela oblige à travailler sans filet, explique Georges Gachot. Si on n'a pas le plan, ou s'il est flou, c'est foutu. C'est comme cela que Bethânia travaille elle aussi en concert. C'est cette sorte de rapport que je cherche dans mes films, mettre les cartes sur la table. Prendre les mêmes risques que l'artiste"