S'il est d'abord connu pour ses westerns des années cinquante, comme L' Appat ou L' Homme de la plaine, avec James Stewart, Anthony Mann a tourné au début de sa carrière plusieurs films noirs, le genre-phare du cinéma américain de l'époque, comme cette Rue de la mort de 1950. On peut également citer La Brigade du suicide, Marché de brutes ou encore Railroaded.
La Rue de la mort réunit le couple des Amants de la nuit de Nicholas Ray (1947) : Cathy O'Donnell et Farley Granger.
Lors d'un entretien accordé en 1967 à Jean-Claude Missiaen pour les Cahiers du Cinéma, Anthony Mann déclarait, à propos de l'aspect documentaire de certains de ses films : "L'école semi-documentaire offrait de réelles possibilités. Un tournage en décors naturels doublait la véracité des scènes et, partant, façonnait le film en lui donnant un aspect et une consistance souvent inattendus. J'aimais la part de hasard qu'on pouvait toujours y introduire. Side Street, par exemple : avez-vous remarqué ce décalage entre la première partie, inintéressante, et toute la seconde moitié qui se déroulait dans Manhattan ? II faut dire aussi que le script de Sydney Boehm n'était pas bien fameux..."
Interviewé en 1972 par la revue Positif, le directeur de la photographie Joseph Ruttenberg, qui fut chef-op' sur des films comme Fury, Jules César ou Brigadoon, se souvient du tournage de La Rue de la mort : "Nous avions plusieurs plans de New York vue de très haut, et pour cela nous utilisions une grue (...) Pratiquement tout le film fut tourné en extérieurs, utilisant des magasins et des maisons réels ; c'était une grande gageure, mais ce fut un travail passionnant. Nous tournions généralement pendant les week-ends, car les acteurs new-yorkais étaient occupés pendant la semaine. Un jour, pour les besoins d'une scène, nous avions supprimé les antennes dans toute une rue d'un quartier juif et un rabbin est sorti de chez lui pour demander que l'on repose son antenne : c'était assez drôle car, en principe, le jour du sabbat il n'est pas permis de regarder la télévision... J'arrivais de Californie en fin de semaine, en avion, et en survolant New York, il m'arrivait de voir les techniciens déjà en train de préparer le tournage, dans les rues."