Film générationnel et pur produit des années Jack Lang où les subventions avaient pour but d'accoucher d' un cinéma vidé de tout contenu social et politique. Le personnage principal, marginal sans ambition, vit aux crochets de son frère plus jeune qui vend de la drogue. Ce postulat posé, on le voit trainer dans Paris, fréquenter des soirées entre jeunes de son âge, entretenir une amitié avec aussi marginal que lui, sans que la marginalité du personnage ne soit jamais le résultat de la violence économique qui précipitait toute une génération dans la précarité. L'occasion de livrer un témoignage sociologique, Rochant ne la saisit pas, ignorant volontairement que dans ces années-là, le travail intérimaire commençait à devenir la norme pour toute une génération de jeunes prolétaires. Il préfère filmer une histoire d'amour comme on en a vu mille, entre ce jeune paumé et une jeune bourgeoise, histoire sans saveur ni rebondissements, platement filmée, pauvrement écrite, statique et languissante. Ce monde sans pitié qui nous laissait augurer un film sur les impitoyables enjeux du marché du travail en pleines années fric, est, au bout du compte, un titre mensonger. Les parents, issus de la classe moyenne, déplorent que leurs deux fils partent ainsi à la dérive, sans que la racine de cette dérive ne soit mise à nue. Rochant n'approfondit pas parce qu'il est impuissant à le faire. Il espère donner un peu de chair à son sujet lorsqu'il montre ses personnages discuter des idéologies, mais en restant à la surface des choses. Si Rochant n'a pas de culture politique, il pouvait un minimum potasser avant d'écrire son scénario, seulement, il ne l'a pas fait pour éviter le film polémique. Sait-on jamais, les subventions auraient pu se tarir pour le film suivant. Sans compter que ce film a vu surgir un des plus mauvais comédiens français de tous les temps : Hyppolite Girardot. Il joue tout simplement faux. Heureusement le film est court, quand il s'achève on a la sensation d'avoir tourné les pages d'un roman photo un peu niais, vendu comme un témoignage sur le mal de vivre d'une génération. Témoignage frelaté, c'est le moins qu'on puisse dire.