Kuroi Ame retrace à travers une chronique l'indicible horreur de ce 6 Aout 1945, de sa frappe donc, tout comme de ses conséquences ! De loin, l'un des films les plus difficiles qui m'ai été donner l'occasion de regarder.
La peur est un sentiment qui se niche très souvent dans l'inconscient, se terre dans un recoin et contamine ses " zones saines ". D'ailleurs, chez moi, cette peur prend souvent les habits de la colère. Elle se déguise plus sournoisement parfois, ravive ma mémoire et stimule mes synapses, entre Dr. Strangelove et Hotaru no haka, la ligne est très fine. Ces deux chocs cinématographiques n'ont eu de cessent de venir se heurter, une nouvelle nuance s'est ici néanmoins infiltré ...
Shohei Imamura ne nous laisse pas beaucoup le temps de trop tergiverser, le monstre montre son visage très vite et cogne sur ses dix premières minutes nous laissant dans une impuissance morbide, désarmante, une nouvelle fois, indicible ... Le film traite de l'abominable, il est pour autant incroyablement magnifique ! Tout le paradoxe du traitement de l'image, de son obsession à rendre toute rétine " addict " à cette jonchée de cadavres qui s'accumulent. De nombreux flashs nous ramènent à cette journée, j'en garde cette conversation avec cette homme qui raconte sa blessure, physique dans un premier temps, puis dans un second, plus profonde. Jamais un " au secours " ne m'aura fait autant écarquiller les yeux avant de me les faire baisser. Intelligemment, l'histoire poursuis son cours, on traite des affres de la vie, de ses coutumes et us mise à mal par ce bouleversement historique. Imamura ne glorifie, ni n'embellie à grands coups de guimauves son récit, il trouve au contraire dans son rapport toute une batterie de question qui pousse à prendre ce film à bras le corps, à s'y accrocher. Le trauma de Yuichi, par exemple, est évidemment ciblé sur la durée. La scène ou son " agresseur " finit par le rejoindre, lui et le village dans ce rampant combat m'a vraiment couper le sifflet, de sa conception à sa continuité. Toute la démarche de faire reconnaitre la question du pourquoi poursuit les introspections communes de ce missile venant irradié Hiroshima, et en cela, de sa communauté, condamné à endurer, à souffrir de toutes les manières insoutenables ! Le visage de la mort ne trompe pas la folie qui s'empare de ses corps, de ses âmes aux tourments grandissants aux fil du temps.
Avec tout cela, on en oublierais les interprètes, ils et elles sont merveilleux. Ces visages laissent entrevoir et concevoir toutes les peines inimaginables, un tel degré d'implications est donc nécessaires. Merci à eux.
Un film vraiment âpre, qui bouscule, rebute, mais qui marque indélébilement.