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Un visiteur
2,5
Publiée le 19 octobre 2006
De tous les mots qui viennent à lesprit après avoir vu « Pluie Noire », tragédie est sans doute celui qui en résume le mieux lidée générale. Le réalisateur Shoei Imamura décrit avec réalisme les conséquences de la catastrophe dHiroshima, en considérant le cas dune famille irradiée en proie à un destin funeste. Daoût 1945 aux années 50, le film montre les effets immédiats de destruction et suggère les maux intérieurs dés lors que la « vie normale » reprend ses droits. Toutefois, la construction du récit, qui évacue le moment fort de lexplosion atomique dés la première demi-heure pour se concentrer ensuite sur la psychologie des personnages, part certes dune intention louable mais savère être au final le point faible du film. Passé les deux tiers de luvre, on ne retrouve plus la force inquiétante du temps suspendu précédant le chaos, ni même lintensité de cette incompréhension mêlée de douleur vive que ressentent les victimes au plus fort des évènements. Cest seulement dans le dernier quart dheure que le récit reprend la tonalité désespérée du début et que lanxiété finit par lemporter sur un ennui naissant. A voir tout de même.
6 Août 1945. La petite ville dHiroshima jusquici épargnée par la guerre va connaître lenfer sur Terre... Pour illustrer lhorreur de la bombe atomique et de ses effets, il ny avait que Imamura pour la retranscrire. Le cinéaste na jamais édulcorer et bien au contraire cest la réalité toute crue quil aime montrer, et il met ici son sens inné de la provocation au service du devoir de mémoire historique. Non la bombe atomique en fait pas que tout raser sans laisser de traces. Son travail est loin dêtre aussi propre. Les corps calcinés, figés telles des statues dans la position de leur dernier instant, jonchent les décombres de la ville, tandis que de véritables morts-vivants à la peau et aux membres liquéfiés déambulent à moitié aveugles. Pour les survivants, rongé de lintérieur par les radiations, cest une mort à petit feu qui les attend. Cela commence par des maux de tête, puis des vomissements, avant que les cheveux ne se mettent à tomber et quils crachent du sang. Pareil réalisme sur les effets de la bombe atomique a rarement été traité, hormis dans Gen dHiroshima, manga de Keiji Nakazawa.Mais Imamura ne se complait pas dans ces scènes insoutenables. Il montre ce quil y a besoin dêtre montré sans sy attarder. Il préfère situer la majeure partie de son histoire cinq ans après la fin de la guerre, dans un petit village où la plupart des habitants ont été irradiés. Tout cela aurait pu sombrer dans le mélodramatique, mais avec la magie dImamura pour donner vie à ces personnages et lhabileté dont il fait preuve pour sortir des sentiers battus, luvre qui en résulte parvient à nous apporter de nombreux sourires dans ce contexte pourtant si difficile et simpose comme une uvre majeure du cinéma japonais et comme le testament dune ville et de sa population sacrifiées par curiosité militaire.(+de critiques sur http://www.guillaumetauveron.com/Textes/chroniques_films.htm)