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soniadidierkmurgia
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5,0
Publiée le 14 novembre 2024
« L’Arnaqueur » réalisé par Robert Rossen en 1961 à partir d’une nouvelle de Walter Tevis parue en 1959 était dès le départ prévu pour Frank Sinatra dans le rôle d’Eddie Felson dit « le rapide ». Le projet n’aboutissant pas et après que Jack Lemmon soit un temps envisagé, Martin Baum l’agent de Paul Newman saute sur l’occasion pour mettre son poulain sur les rangs. Celui-ci n’a qu’une nuit pour se décider. Sans avoir fini de lire le scénario Paul Newman sent instinctivement qu’il tient là peut-être l’occasion de sortir des rôles de beau gosse qui commencent à le fatiguer. Robert Rossen revenu en grâce après avoir témoigné devant la commission d’enquête sur les activités anti-américaines boucle en six semaines le tournage dans le studio new yorkais de la Fox. Paul Newman qui est alors en pleine ascension après des réussites notoires comme « Marqué par la haine » (Robert Wise en 1956), « Les feux de l’été » (Martin Ritt en 1958), « Le gaucher » (Arthur Penn en 1958) ou encore « La chatte sur un toit brûlant » (Richard Brooks en 1958) va profiter de l’occasion pour livrer la prestation la plus convaincante de sa jeune carrière qui lui vaudra sa seconde nomination pour l’Oscar du meilleur acteur. Le film qui bénéficie de la présence d’Eugen Schüfftan le chef opérateur mythique des « Nibelungen » et de « Metropolis » (Fritz Lang dans sa période muette), immerge le spectateur dans l’univers assez méconnu des salles de billard américain et de sa cohorte d’arnaqueurs qui arpentent le pays en quête de petits joueurs à plumer après leur avoir fait croire que leur adversaire d’un jour sera à leur portée. La scène d’ouverture voulue par Rossen expose la farce de manière assez docte mais aussi un peu caricaturale . Eddie Felson jeune prodige cherchant à s’affirmer choisit d’aller défier sur son terrain Minnesota Fats, champion blanchi sous le harnais invaincu depuis quinze ans, réputé pour sa stature pachydermique et son flegme à tout épreuve. Par une mise en scène virtuose des parties de billard dans les salles enfumées du New York populaire, Rossen fascine le spectateur qui se délecte des « coups de queue » exécutés en rythme ainsi que des regards échangés entre les spectateurs captivés, les joueurs qui se jaugent et leurs managers qui arbitrent le risque financier encouru. Pour donner un écrin de choix à l’esthétique de son film, Rossen a choisi à dessein un noir et blanc crasseux et des angles quelques fois expressionnistes expliquant la présence de Schüfftan à ses côtés. On n’a guère fait mieux depuis et l’efficacité de « L’Arnaqueur » est toujours intacte plus de soixante ans après sa sortie. À tel point que la partie dramatique qui se joue tout au long du film entre Eddie Felson et Sarah (Piper Laurie), une jeune femme désœuvrée rencontrée dans un bar à plus d’heure doit pour la plupart des spectateurs être redécouverte à chaque vision. Cette intrigue parallèle qui alterne avec les scènes de billard éclaire la personnalité d’Eddie Felson qui en dépit du charisme indéniable de Paul Newman apparaît souvent comme dénué d’empathie, arrogant et parfois même un peu méprisant (la scène du renvoi de son fidèle manager interprété par Myron McCormick pour sa dernière apparition à l’écran). Le rôle de Sarah interprété par Piper Laurie, jeune starlette un peu en manque de repères suite à un début de carrière prometteur mais ne lui apportant que des rôles mineurs va lui permettre d’exposer toute la sensibilité et la variété d’émotions que contient son jeu. La jeune femme visiblement de bonne famille empêtrée dans l’alcoolisme va espérer un moment trouver une issue à son mal-être en conjuguant son spleen à celui d’Eddie qui malheureusement n’a pas grand-chose à lui donner. Piper Laurie qui paradoxalement délaissera le grand écran pendant seize ans après ce film qui la gratifiera d’une nomination à l’Oscar de la meilleure actrice est tout simplement confondante de sincérité, offrant au spectateur son visage encore juvénile sur lequel l’impassibilité de façade a laissé s’inviter les marques d’une grave fêlure. Revu plusieurs décennies après sa sortie sur les écrans le 25 septembre 1961, « L’Arnaqueur » s’avère être un très grand film qui s’est bonifié avec le temps dévoilant toute sa modernité et le grand savoir-faire d’un Robert Rossen qui a brassé bien au-delà des parties de billard virtuoses qui en font le sel immédiat. Les acteurs sont bien sûr formidables. Jackie Gleason « petit frère » du Orson Welles « falstaffien » des années de l’âge mûr, alliant bonhomie, élégance, grâce (on pense à la danse des hippopotames dans le fameux « Fantasia » de Walt Disney) et flegme à toute épreuve. George C. Scott encore débutant impressionnant d’autorité et de cynisme dans ce rôle de requin assoiffé d’argent et du pouvoir qu’il exerce sur les joueurs qu’il cornaque. Tous les deux ont été fort justement nommés pour l’Oscar du meilleur acteur dans un second rôle. Le film récoltera 7 nominations et deux statuettes dont une pour Eugen Schüttan qui verra ainsi son prestigieux parcours récompensé. Quant à Robert Rossen il signera là son avant-dernier film avant « Lilith » qui restera incompris juste avant que le réalisateur peu prolifique déjà malade décède à seulement 57 ans.
Heureusement qu'il s'agit de Paul Newman! Car malgré un casting convaincant, une photographie élégante et une ambiance atypique de film noir par la focalisation sur le sport via le biais pécuniaire, procurant une aura de mafieux à ces billardistes enivrés (que l'on peut aussi qualifier de grotesque entre-soi supposément viril), que l'on s'ennuie! Les responsabilités sont partagées: une réalisation plate qui ne confère aucun suspense aux parties pourtant enfiévrées, des dialogues banals, une romance peu passionnante, des redondances ronronnantes, une monomanie du héros, un scénario très ténu, une mort à la dramaturgie nulle. Bref, mieux vaut visionner La Couleur de l'Argent de Scorsese!
Ce film en noir et blanc est beau, tout simplement, il s'en dégage une belle lumière et P. Newman y est surement pour beaucoup. C'est l'histoire d'un arnaqueur au billard, le pool, qui a du mal à "gagner" sa vie, perd plus souvent qu'il ne gagne et se retrouve alors dans des situations plus que dangereuses. Le film ne s'intéresse pas du tout au pool en lui-même, ni même aux arnaques qu'Eddie met en place mais plus aux personnages. Et c'est notamment la rencontre entre deux oisifs, Eddy d'un côté et la riche héritière de l'autre. Je pensais avoir déjà vu le film mais je confondais avec La couleur de l'argent, qui est plutôt la suite de celui-ci.
L'autre film de référence sur le jeu, ici le billard avec Newman, avec le Kid de Cincinnati (avec Mc Queen). Se laisse voir sans déplaisir malgré une certaine lenteur. Pour moi, c'est George C Scott qui fait la plus forte impression en tant que mentor mafieux.
« Mais avec toi, Eddie, je voulais que ce soit vrai. »
En quelques images, le talent des acteurs et du réalisateur explosent sur fond de jazz : la note est donnée.
Durant une demi-heure, on a droit à un exceptionnel combat de billard façon jeu d’échecs ou poker entre deux fabuleux joueurs. Un œil sur la table, l’autre sur l’intrigue : qui arnaque qui ? C’est la question qui porte le film tout entier, ambiancé de couleurs (même en noir et blanc) et d’une musique à la fois détendue et stressante, résumant la longue scène, entre comédie et drame, sans qu’on sache où se situer. Plaisir des sens tout autant que régal intellectuel.
On passe ensuite à une sorte de double fuite, découvrant une Piper Laurie prodigieuse en énigmatique alcoolique, échangeant des dialogues ciselés et percutants, à la Anouilh, avec un magistral Paul Newman qui, lui-même, donnera la réplique à un surprenant George C. Scott, bien éloigné des rôles d’officiers qu’on lui connaît. La caméra du tourmenté Robert Rossen est incroyablement audacieuse pour l’époque, résolument moderne, à l’image de la BO jazzy.
Un film dramatique, violent mais sans effusion inutile et bougrement intelligent.
Un film d’une profonde noirceur et d’une grande mélancolie. La terrible trajectoire d’Eddie, qui ne peut devenir le « gagnant » qu’il a toujours rêvé d’être, qu’après le suicide de celle qu’il aime… Les scènes de billards, remarquablement montées sont d’anthologie. L’interprétation est sublime, de Newman dans un de ses rôles iconiques aux seconds rôles tous parfaits, avec une mention spéciale à George C. Scott (futur interprète de Patton), magnétique.
Un très grand film qu'on continue à regarder non sans déplaisir plus de 60 ans après sa sortie, notamment grâce à 4 acteurs parfaits. Un Paul Newman au sommet de son art et un George c Scott toujours aussi trouble.
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1,5
Publiée le 6 mai 2021
L'Arnaqueur est l'un de ces films qui montre son âge. Ce qui semblait si dramatique à l'époque est vraiment dépassé aujourd'hui. Le personnage de Paul Newman Fast Eddie n'est-il pas plutôt évident et unidimensionnel. Nous apprenons très peu de choses sur lui si ce n'est qu'il est obsédé par l'idée de gagner de l'argent et d'être le meilleur dans le monde du billard dans lequel il vit et cela continue à l'infini. Et bien sûr Sarah Packard la femme blessée mais perspicace qui tente de détourner Eddie de son existence inutile de joueur, d'arnaqueur ne parvient pas à l'impressionner avant qu'il ne soit trop tard. Tourné en noir et blanc ce film est doté d'une réalisation et d'un jeu d'acteurs décents malgré un scénario bancal. En tant que morceau de l'histoire du cinéma il vaut la peine d'être vu une fois mais n'essayez pas de me convaincre qu'il s'agit d'une sorte de chef-d'œuvre...
Newman en looser magnifique, Gleason le parfait pacha, le metteur en scène de la fureur de vivre, une ambiance de film noir sans crime. A voir er à revoir
C'est un film que j'ai vu plusieurs fois et je l'ai revus récemment sur les chaines canal et j'avais oublié à quel point l'actrice Piper Laurie joue bien et donne de l'émotion à ce film, bien sur Paul Newman porte le film, mais l’interprétation de cette actrice ma fait redécouvrir ce film. Très bon film.
Un scénario affaibli par sa construction dramatique. La première scène suivant le générique mettant aux prises les deux maîtres de la baguette est la meilleure du film alors que l’affrontement revanche tant attendu à la fin est beaucoup moins travaillé, plus expéditive. La relation entre Eddie et Sarah occupe une place importante dans le film et même si les deux personnages écorchés par la vie, alcoolique et portés sur la procrastination sont très intéressants, leur trame manque de paliers. La fin tragique de leur histoire d’amour est escamotée. Sarah écrit un message d’adieu dans le miroir de sa chambre, quelques instants plus tard Eddie la retrouve sans vie et saute à la gorge de son escroc de manager qu’il croit coupable de sa mort; séquence particulièrement mal tournée. Piper Laurie en Sarah est très crédible. Son mal être intérieur sous sa mine un peu absente la rende mystérieuse, comme prête à chavirer à tout moment. La réalisation et son partenaire de jeu l’empêchent toutefois d’être sublime. Robert Rossen ne lui a pas donné l’occasion d’atteindre son paroxysme et Paul Newman est de cette race d’acteurs qui perdent de leur intériorité parce que trop préoccupés par l’image qu’ils projettent à l’écran. Cela l’empêche d’être à l’écoute et de réagir à la bonne hauteur émotionnelle. La force de l’œuvre réside dans la qualité de la direction photo et de la direction artistique. Notamment pour les intérieurs, alors que les univers hyperréalistes permettent de bien camper les situations. La huit au coin !
Un film réalisé par Robert Rossen en 1960 qui prend son temps pour raconter l'histoire mais en le regardant passionnément !! Ca commence fort dans le monde du billard avec une partie dans une salle entre un jeune prodige doué pour mettre les boules dans les trous et un as du jeu, son idole on va dire, une partie qui dure longtemps et devient impressionnant heures par heures. La suite, le héros vit de petites combines et rencontre par hasard une jeune femme alcoolique comme lui dont il tombe sous le charme. Un homme ayant de l'influence qui l'a vu joué lui propose de participer à un tournoi contre une grosse somme d'argents et rejouer contre son ido. Une oeuvre intéressante bien mis en scène par le cinéaste Robert Rossen dans des décors souvent à l'intérieur. Le scénario est très habile dans la construction du récit avec très peu de musique pour accompagner e film. Paul Newman est une fois de plus excellent avec de très bons acteurs à ses cotés comme George C; Scott ou Piper Laurie. "L'arnaqueur" bénéficie d'une suite qui s'appelle "La couleur de l'argent" réalisé par Martin Scorsese avec de nouveau Paul Newman et le jeune Tom Cruise.
Sans conteste le plus grand film de Robert Rossen ! Et l'un des plus grands rôles de Paul Newman. Comme un signe du destin, c'est en 1986, lorsque Scorsese lui proposera de reprendre son personnage culte d'Eddie Felson que l'acteur gagnera son seul Oscar. Eddie Felson, c'est un petit peu le "Rocky" du billard ; celui qui même battu, reviendra au top de par sa persévérance. "L'arnaqueur ne fait qu'obéir à un schéma on ne peut plus classique : l'ascension, la chute, la rédemption ; un fil rouge que Rossen gère parfaitement, y ajoutant quelques mémorables tours de force. La partie de billard entre Felson et le Pacha est magnifiquement orchestrée et s'avère haletante de bout en bout. Outre ces qualités formelles, à travers ce jeune champion accro ne sachant jamais s'arrêter quand il le faut, "L'Arnaqueur" est un des films les plus efficaces sur les dégâts du jeu d'argent, qui impactent aussi bien soi que son entourage. Qui aurait pu croire qu'un sujet comme le billard aurait pu devenir si passionnant ?
Un film sombre et psychologique sur l’addiction au jeu mais surtout sur les méfaits de l’argent qui en découle. Une bonne histoire, très lente toutefois mais servie par une mise en images de Robert Rossen dans un noir-blanc impeccable. Paul Newman y incarne Eddie Feldon, personnage emblématique de sa carrière qu’il retrouvera en 1987 dans le très bon « la Couleur de l’Argent » de Martin Scorsese. Les excellents George C. Scott, Jackie Gleason et Piper Laurie complètent l’affiche de « l’Arnaqueur ».
Davantage un film sur l'argent que sur le billard qui n'est qu'un prétexte pour traiter ce thème dégradant: quel prix accorder au pouvoir qu'il octroie? Le film s'éternise quand même un peu trop sur les parties de billard un peu lassantes et souffre d'un équilibre parfois précaire dans la succession des scènes avec une longue première partie beaucoup moins passionnante que la seconde.