Bon, ce film a peut-être un côté fondateur dans le genre, et indéniablement il a l’esprit kung-fu, qu’il montre sous un jour plus « terre-à-terre », mais je ne crois pas qu’il y ait de quoi crier à l’enthousiasme fou comme certains le font.
Pour être franc, l’histoire ne casse pas des briques. Une première partie très quelconque avec un méchant qui fait régner la terreur. Pour moi c’est la plus faible du lot avec une narration chaotique et un côté caricatural, vite expédié, qui reste gênant. Ensuite on a une deuxième partie, celle dans le temple Shaolin où le héros fait ses classes. Bon, c’est une suite de séquences d’entrainements. Certaines sont spectaculaires, d’autres amusantes, reste qu’il n’y a pas vraiment de propos, c’est une sorte de documentaire sur le kung-fu, avec quelques pensées philosophiques appréciables. Pourquoi pas, mais même si c’est la partie la plus réussie c’est une succession de séquences toute à la gloire du kung-fu qui manque de fluidité. Il faut dire que traiter de cinq années de formation en 1 heure et quelques, et cela en ne dégrossissant que son entrainement physique, sans jamais s’appesantir sur la vengeance qu’il rumine par exemple, c’est pas terrible. Et puis il y a la partie vengeance, tellement mise de côté pendant 5 ans (1 heure et quelques donc !), qu’elle nous revient de façon assez incongrue. On retrouve les travers du début, en moins prononcés certes, mais tout de même. Le héros recrute, élimine les méchants et rentre triomphant au temple. Voilà, affaire réglée.
L’histoire est tout de même très moyenne, et le sens du récit reste faible. En dépit, de cela, il y a un acteur principal très charismatique. Gordon Liu a de l’allure, et il faut avouer qu’il porte solidement son personnage, ne surjouant pas et parvenant à lui donner, malgré un scénario qui ne l’aide guère, une certaine profondeur. Il est entouré d’acteurs corrects eux aussi, malgré des méchants caricaturaux et assez cabotins et des acolytes dans la dernière partie assez typiques de l’humour « balourd » asiatique. Lorsque je parle d’acteurs corrects je pense surtout aux moines, tous très bien campés, et qui ne sont pas pour rien dans la qualité supérieure de la partie centrale du film.
Reste la forme. Pour ma part, le film est un peu inégal. Si le film possède des scènes d’action lisibles grâce à un réalisateur convaincant qui offre une mise en scène fluide, sans effet de style intempestif, et toujours à parfaite distance des acteurs, elles ne sont pas aussi énormissimes que je le supposais à la lecture de certaines critiques. Ok les chorégraphies sont bonnes, quoique clairement trop « jouées », avec une dimension démonstratif, mais il y a des choses assez gênantes. Je pense à certaines armes, qui font vraiment carton-pâte (la hache au début !), au sang orange, et à des scènes frôlant le ridicule (le type qui reçoit une dizaine de coups d’épée dans le ventre et qui continue de faire arghhhh avant de mourir brutalement !). En clair, c’est assez frustrant, et de la même manière les séquences d’entrainements ne sont pas toutes égales. Certaines tirent en longueur pour ce qu’elles montrent tout de même. Après, il y a des décors de belle facture, la photographie est assez belle, ce n’est pas un film ridicule.
Néanmoins, je ne vois pas trop en quoi La 36e chambre de shaolin est un film mémorable. C’est un film de kung-fu, qui a cela de bien de nous montrer finalement plus la phase entrainement que la phase combat, mais en dehors de cela une histoire bien faible et une interprétation inégale plombent assez un métrage qui possède aussi des aspérités formelles. 2.5