Jusqu’au bout du rêve est un projet ambitieux, mais il faut reconnaître que le traitement n’est pas au niveau. On peine franchement à réellement adhérer à ce projet « métaphysique », naïf et surtout d’un traitement lourdaud et artificiel.
Le souci c’est que c’est plein d’incohérences, de renversements de situations soudains et burlesques, et le mix fantastique-réalité est terriblement mal fichu. Parmi les renversements de situations burlesques on peut parler de cet antagoniste qui tout à coup se met à voir des fantômes sans raison. On peut aussi parler de ce type qui accueille le héros à coup de barre de fer et qui en deux ou trois tirades loufoques en vient à le suivre à des milliers de kilomètres de là pour voir un terrain de base-ball comme il y en a des tas aux US. Et puis la gestion du temps est catastrophique. On a l’impression que tout se passe en quelques jours, alors qu’en fait c’est beaucoup plus près de plusieurs semaines. Je veux bien qu’un film impose une tonalité conte moderne, mais ici le traitement n’est pas au niveau, et la fin est tellement attendue depuis des lustres qu’elle perd tout effet. En somme, c’est naïf et gentillet, mais on nage parfois en pleine guimauve, et il y a des situations ridicules (le monologue, ode au base-ball !).
Le casting est sympathique, mais sous-utilisé. Ray Liotta par exemple se contente de trois apparitions en costume de base-ball et de répliques sans relief. Burt Lancaster de même, et finalement le film s’appuie quasi-essentiellement sur Costner et Earl Jones. Les deux acteurs font ce qu’ils peuvent, semblant croire vraiment au projet, c’est déjà cela. Earl Jones impose tout de même un peu de fantaisie et de relief, face à un Costner sympa mais tout de même trop sérieux vu son rôle.
La forme reste peut-être le meilleur aspect du film, même si ce n’est pas forcément excellent. La mise en scène reste plate, mais l’ambiance, grâce à la musique, à la beauté de la photographie (très belle séquence entre Lancaster et Costner dans la ville déserte), aux décors bien choisis, parvient à être prenante, et, quelques fois, envoutante. Le film reste beau, mais soyons franc, le réalisateur n’a pas une grande maitrise, et il loupe ses passages fantastique-réalité, et a beaucoup de mal à donner du relief aux séquences fortes (la fille qui chute entre autres).
Jusqu’au bout du rêve est un film qui ne convainc donc pas. Dans le registre il existe mieux, et malgré le casting attrayant, les errances de l’écriture, les acteurs mal utilisés et la mise en scène quelconque pour un exercice pourtant très ambitieux, ne permettent pas vraiment d’être embarqué. 1.5 pour la photographie et le décor surtout, et puis pour un Earl Jones attrayant.