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    L'Ange exterminateur
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     Kurosawa
    Kurosawa

    591 abonnés 1 509 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 18 avril 2018
    "L'ange exterminateur" ne pourrait être qu'un film à pitch dans la mesure où l'impossibilité pour ces bourgeois de sortir de la maison de leur hôte n'est pas expliquée. Ils se demandent pourquoi ils ne peuvent aller au-delà du salon mais ne tentent jamais de le faire : c'est peu dire que Buñuel fait preuve d'un sens aigu de la tragédie en observant ses personnages inexplicablement coincés dans la même pièce, progressivement gagnés par la folie et la haine. Mais le film n'est pas qu'une succession de reproches, il marque surtout l'évolution de l'élégance à la sauvagerie et insiste sur la détestation de ce changement : la critique de la bourgeoisie est cinglante et, à ce titre, on a vite compris qui était l'ange qui planait au-dessus de ce petit monde. Si l'ensemble est d'une violence morale forte, il est aussi traversé par des dialogues imprégnés d'un comique absurde et par des images abstraites totalement folles, comme cette main qui se déplace sous les yeux d'une femme en proie au délire, qui déconnectent encore un peu plus les personnages de la réalité. Ce salon est vu comme un monde autonome, un univers punitif qui ramène ses prisonniers à leurs instincts primaires – la présence incongrue d'animaux ne fait pas seulement partie du programme surréaliste de Buñuel mais sert aussi à la survie des invités – et qui trouvera sa transposition dans une église lors des dernières minutes, une façon pour le cinéaste de montrer que l'ange, c'était bien lui.
    Estonius
    Estonius

    3 460 abonnés 5 453 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 14 septembre 2018
    Il faut peut-être prendre un peu de recul et analyser froidement ce film. Aucune des louanges qu'on lui attribue généralement n'est justifiée : du point de vue formel, il y a des répétitions inexplicables, des entrées et sorties de champs à la paresseuse et un éclairage médiocre. Du point de vue de la progression dramatique, Buñuel tombe dans le piège des films chorals, à part deux ou trois personnages bien typés, on fait vite dans la confusion, l'impossibilité de sortir de la pièce est particulièrement mal expliquée, c'est répétitif en diable et ça tourne en rond, l'explication de sortie de crise est tordue (d'ailleurs pourquoi ce besoin subit d'expliquer ?) Enfin le fond est lourd, si la bourgeoisie est éventuellement condamnable en tant que classe, ses tics et comportements sont peut-être ridicules et artificiels mais ni plus ni moins que ceux des classes moyennes ou défavorisées. Quant à l'humour surréaliste dont ferait preuve le film, je le cherche encore ! Un an après le sublime Viridianna, la deception est de taille !
    Redzing
    Redzing

    1 144 abonnés 4 493 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 7 avril 2020
    Un couple d'aristocrates reçoivent une vingtaine de convives. Alors que la soirée commence, les domestiques quittent inexplicablement un par un la maison. Les invités décident de passer la soirée au salon, et vont s'y retrouvés coincés, comme contraints par une force surnaturelle. On retrouve dans "El ángel exterminador" au moins deux traits caractéristiques du cinéma de Luis Buñuel : l'ambiance surréaliste, et la critique acerbe de la bourgeoisie. En effet, devant une situation qui va s'avérer de plus en plus difficile, le peu d'humanité et de civilisation de ces personnages vont vite s'effacer. D'abord les conventions les plus sophistiquées vont disparaître, puis le respect, la compassion, l'entraide, etc. Le tout écrit avec soin, utilisant ellipses ou au contraire répétitions, suggestion ou au contraire séquences quasi-fantastiques avec des allusions religieuses. La mise en scène offre par ailleurs quelque belles idées, tel la barrière infranchissable, et les acteurs sont justes. Bref, du cinéma surréaliste qui ne plaira pas à tous, mais qui propose des éléments intéressants et divertissants.
    Caine78
    Caine78

    6 788 abonnés 7 398 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 23 janvier 2009
    Bunuel reprend sa dissection de cette bourgeoisie qu'il déteste tant, cette fois-ci en la placant dans un huit-clos particulièrement étouffant, mais qu'elle est pourtant la seule à s'imposer. Mais au-delà de l'aspect symbolique et métaphorique de l'oeuvre sur lequel il serait très long de revenir, c'est la manière dont Bunuel a représenté ses personnages qui fascinent. Tout le monde y tient ainsi son rôle à merveille, sans jamais tomber dans la caricature ou dans le stéréotype. De plus, Le réalisateur sait également montrer une grande retenue dans sa mise en scène, et c'est également là une des grandes forces de l'oeuvre. En effet, si les affrontements physiques ne sont jamais loin, Bunuel sait remarquablement les suggérer, ce qui les rend en définitive d'autant plus forts. Et que dire de cette fin délectable et particulièrement subversive... Bref, et cela même si l'oeuvre est légèrement inégale dans son rythme, "L'Ange exterminateur" n'en demeure pas moins tout à fait essentiel. Un must.
    scorsesejunior54
    scorsesejunior54

    153 abonnés 694 critiques Suivre son activité

    1,0
    Publiée le 14 décembre 2008
    Un an après "Viridiana", Luis Bunuel, toujours exilé au Mexique signait "L'Ange Exterminateur", film fantastique au concept proprement génial. Prenez une grande réception bourgeoise, faites partir les domestiques, laissez les aristocrates entre eux et empêchez-les de sortir de la maison, sans que l'on ne sache pourquoi ni comment... Ah, les classes dominantes aux prises avec leurs vieux démons et ce cher Luis qui s'amuse à faire ressortir tous leurs vices... Un cheval de bataille indémodable pour un cinéaste régulièrement inspiré et jamais calmé intérieurement ! Bref, en-dehors de cette inévitable mise en bouche, "L'Ange Exterminateur" ne respire pas le "tout est politique", loin de là. Au contraire, L.B. tente de construire un pur récit de genre à travers un conte surnaturel dans lequel il inclura même quelques (tentatives d') effets spéciaux. Si le point de départ est comme je l'ai souligné plus haut excellent, la suite laisse à désirer. Pour une fois, la caméra de Bunuel n'est guère inspirée, restant en retrait, comme compressée dans un huis-clos dont elle ne parvient à faire ressortir aucune tension. Les plans sont tout à fait carrés et sans inventivité, le montage est on ne peut plus académique, le travail sur la lumière convenu ; et ce rythme, ronfffllle... Heureusement que je ne l'ai pas démarré tard le soir, sinon je crois que je n'y aurais pas survécu ! Le moins que l'on puisse dire, c'est que l'on s'ennuie certes poliment mais de manière tout à fait ferme. Ca me rappelle ces nouvelles fantastiques de Maupassant, où l'auteur était visiblement emballé par ce qu'il entreprenait bien qu'il ne fut à aucun moment capable d'imprimer un quelconque suspense, et ce malgré un beau maniement de la langue : ou comment se détruire en faisant quelque chose d'inhabituel sans tenter vraiment d'adapter son style au contexte... Lé dénouement est soigné et la technique évidemment correcte ; n'empêche, une heure trente quand on a rien à dire, ça fait long pour le spectateur.
    Newstrum
    Newstrum

    49 abonnés 261 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 25 mai 2018
    Un des chefs-d'oeuvre de Bunuel. C'est à la fois un formidable film fantastique, avec un mystère qui reste inélucidé (de grands bourgeois mexicains restent prisonniers d'une pièce à l'issue d'un dîner), une satire religieuse, comme Bunuel en fit beaucoup, et un pamphlet politique dénonçant indirectement la complicité (au pire) ou l'inertie (au mieux) de la bourgeoisie espagnole dans l'Espagne de Franco qui venait de condamner pour blasphème Tristana du même Bunuel. Génial. Voir ma critique complète ici : newstrum.wordpress.com
    TTNOUGAT
    TTNOUGAT

    599 abonnés 2 530 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 12 février 2011
    Luis Bunuel est un cinéaste qui a connu ses heures de gloire de son vivant mais je ne suis pas persuadé qu'il laissera une grande trace dans l'histoire du cinéma .A revoir ses films on est souvent déçu,la première impression favorable s'est atténuée. C'est particulièrement vrai pour ''l'Ange exterminateur''.Je pense que le climat de l'époque à du jouer beaucoup car il était de bon ton de passer pour un intello en allant voir ses films. Bien entendu,c'est soigné et beau sur l'image mais si la camera se déplace bien, elle a une lourdeur qui finit par géner et comme les personnages montrés ne sont guère intéressants,l'ennui vient vite. Que Bunuel fasse n'importe quoi,il en a le droit ,mais je crains que ce film n'intéresse plus beaucoup de monde. Il est terriblement subversif et surtout d'une façon particulièrement gratuite qui n'aboutit à rien. Les allusions à la religion sont lourds:vierge,agneaux pascals,ange,apocalypse...Tout cela est bien convenu. Dans ''Nazarin ''on ressortait du film en ayant compris un certain nombre de choses;entre autres pourquoi Bunuel avait un problème avec la morale catholique. Ici rien de tout cela et seuls ceux qui aiment ce genre de cinéma y trouveront leur compte.
    stebbins
    stebbins

    506 abonnés 1 747 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 20 juin 2009
    Voici l'un des tous meilleurs films de Luis Bunuel, une fable apocalyptique fascinante doublée d'un sens de l'humour dévastateur. L'Ange Exterminateur succède à Viridiana et s'inscrit d'une certaine manière dans sa continuité. La petitesse de la bourgeoisie et l'Eglise sont une nouvelle fois sur la sellette ( cela dit, le film s'avère davantage surréaliste que la Palme d'Or 1961 ). Bunuel part d'un postulat somme toute assez génial, sensiblement similaire à celui que Jean-Paul Sartre avait appliqué dans sa pièce de théâtre intitulée Huis Clos : enfermer plusieurs personnages dans un lieu isolé pour mieux rendre compte du désespoir suscité par la promiscuité et le rapport à l'Autre. Mais là où le philosophe français signait une oeuvre conceptuelle relativement sèche, Bunuel n'oublie pas de raconter une histoire, au risque de tomber parfois dans la caricature. On passera sur certains symboles un peu faciles ( tiens, des moutons qui vont à l'église, quelle idée ! ) pour mieux nous concentrer sur la richesse des thèmes abordés : l'inconscient collectif qui suggère l'idée du fléau, la tension entre volonté d'agir et destin ou encore l'hystérie groupale. Enfin, on admire pleinement l'insistance volontaire sur le caractère interminable de l'intrigue, qui passe paradoxalement très vite : en un sens, L'Ange Exterminateur est un film en dehors du temps, dont on remarque la durée tout en s'en délectant. Un chef d'oeuvre.
    Anaxagore
    Anaxagore

    129 abonnés 135 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 3 novembre 2008
    La période mexicaine de Bunuel est à mon sens bien supérieure à sa période française, même si celle-ci comporte quelques belles réussites («Le charme discret de la bourgeoisie», «Le fantôme de la liberté» ou «Cet obscur objet du désir»). «L'ange exterminateur» (1962), l'un de ses deux ou trois plus grands films, en est à mes yeux la preuve éclatante! Non pas que ce film soit plus profond que les autres, la réflexion du réalisateur ne manquant jamais d'être caricaturale et, pour le moins, sommaire. Mais la mise en forme du fantasme bunuelien y accède à un degré de perfection rarement égalé. L'obsession du réalisateur espagnol est à peu de choses près toujours la même. Il s'insurge viscéralement contre tout ce qui peut réprimer les pulsions vitales de l'être humain, en particulier la pulsion sexuelle. Et ses cibles coutumières sont les us et coutumes de la classe bourgeoise, l'autoritarisme militaire et les préceptes de la morale catholique. Ici la répression bourgeoise de la vie est très brillamment illustrée par la métaphore d'un enfermement physique des personnages dans une grosse demeure, lequel sera prolongé de manière saisissante à la fin du film par l'enfermement de toute une foule dans une église, alors qu'une émeute se voit réprimée par la police, symbolisant cette fois vraisemblablement la répression religieuse et policière. Il y a lieu, je pense, de ne pas pousser trop loin l'interprétation en laissant sa place au goût pour l'absurdité qui caractérisait le réalisateur. Il importe plutôt de goûter la finesse et la férocité de l'humour ravageur de Bunuel, l'inventivité de sa mise en scène ainsi que la beauté d'images magnifiques, parmi les plus belles qu'il nous ait laissées. Un ouvrage, cette fois, pleinement abouti !
    Plume231
    Plume231

    3 928 abonnés 4 639 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 31 mai 2011
    Luis Buñuel et la bourgeoisie, une union pour le meilleur, enfin surtout pour Buñuel et les spectateurs, et le pire, pour les bourgeois uniquement heureusement. Partant d'un argument totalement surréaliste et qui fait tout le charme de l'oeuvre, le cinéaste développe avec une logique imperturbable et une acuité redoutable une véritable satire bien vacharde où il se plaît à montrer les bourgeois tels qu'ils sont, se dégageant peu à peu de leur vernis de "respectabilité". Ils s'humilient tellement qu'on aurait presque pitié d'eux (je dis bien presque!!!). Traduction : ce film est extrêmement jouissif de la première jusqu'à la dernière seconde. Et en plus, la cerise sur le gâteau est pour la fin, réjouissante comme cela devrait pas être permis. Loin d'avoir tout vu pourtant de ce cinéaste, il est certainement incontestable qu'on a affaire à un des sommets du réalisateur. Incontournable.
    cylon86
    cylon86

    2 543 abonnés 4 430 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 12 mars 2013
    Un groupe de personnes issues de la haute société se retrouvent à une réception. Mais arrivé le moment de partir, aucun d'entre eux ne parvient à quitter le salon et ils se retrouvent enfermés dans la pièce pendant plusieurs jours. L'idée est géniale et sert bien évidemment de prétexte à Luis Bunuel pour montrer toute la nature cruelle, hypocrite et brutale de l'être humain qui ne parvient jamais à réaliser ses désirs. Jamais on ne s'ennuie une seconde dans ce film truffé de scènes aussi fantasques que cruelles (la main qui se balade dans le salon, l'ours et les agneaux dans la maison, les discussions invraisemblables) où les personnages en viennent à des gestes radicaux. Interprété avec justesse, "L'ange exterminateur" se conclut sur une scène finale aussi drôle que décourageante.
    Jean-Sébastien T.
    Jean-Sébastien T.

    25 abonnés 95 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 13 septembre 2018
    Très décevant ce Buñuel ! Une charge contre la bourgeoisie ? Si c'est cela (car ce n'est même pas sûr), je l'ai trouvé bien caricaturale ! Du burlesque, de l'humour ? Où ça, ou ça ? Moi je n'en ai point vu ! Et puis pendant tout le film je me suis posé une question fondamentale à laquelle je n'ai pa eu de réponse : Où et quand ces messieurs dames font-ils pipi ?
    ronny1
    ronny1

    39 abonnés 913 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 15 mai 2021
    « L’ange exterminateur » est un film fantastique qui se veut une étude sociale. C’est en fait une analyse sociétale d’un groupe précis : les grands bourgeois. Prisonnier de leur convenances et rites, ils s’abandonnent à la déliquescence de ce que fut leur civilisation. Bien sur, les employés sont partis dès le début, seul reste le parfait laquais selon la phraséologie maoïste : le majordome. Message marxiste clair : les dirigeants de la classe capitalistique par excellence n’offrent aucun souffle, ni perspective. Prisonnier de leur propre enfermement, faute de solution ils se laissent prendre dans le retour à la barbarie bestiale. Ils sont prisonniers d’un piège que le bon peuple (les employés) a évité. Leur vernis définitivement craquelé, ils offrent le catalogue exhaustif des sept péchés capitaux. Ainsi après la gourmandise et l’orgueil, place à l’envie, la colère (la haine), l’avarice, la luxure et la paresse (ou absence de volonté). Si par instant l’espoir d’une prétendue rédemption morale pourrait être entretenu, la fin profondément anticléricale, l’anéantit définitivement. Juste avant la révolution populaire et la répression, évidemment militaire, évidemment franquiste, qui s’en suit. Si ce n’était quelques remarquables trouvailles visuelles, comme la répétition pour ponctuer l’enfermement, la main qui matérialise le délire schizophrène d’une convive, l’ours qui semble regarder une pantomime, la justesse de l'interprétation (admirable direction d'acteur), la balourdise manichéenne du fond peut surprendre. Le réalisateur nous a habitué à plus de finesse, à défaut de nuance. Heureusement, le trait sera considérablement dégraissé dix ans plus tard, dans « Le charme discret de la bourgeoisie » dont « L’ange exterminateur » semble être une esquisse.
    GabbaGabbaHey
    GabbaGabbaHey

    209 abonnés 1 583 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 23 février 2012
    Un film tres intéréssant de Buñuel... Un film dont le sujet met l'eau a la bouche, un repas bourgeois au cours duquel surviennent des événements étranges, comportement des domestiques inexplicable, disparition des domestique, pour finalement arriver vers le fait clé : Il est impossible pour les personnages de quitter la pièce, sans la moindre raison, il y sont littéralement enfermés, soudain. l'Occasion pour le réalisateur de mettre a nu les humains et les montrer tels qu'ils sont, qu'ils soient bourgeois ou pas, sans manquer de s'attaquer au passage a la religion comme il aime le faire. "l'Ange Exterminateur" est un film tres riche, plein de symboles et d'une justesse profonde, gorgé d'un humour particulierement acide et d'une audace marquante ! Brillant.
    Flavien Poncet
    Flavien Poncet

    242 abonnés 1 024 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 21 février 2007
    «El Angel exterminador» (Mexique, 1962) est l'un des dernier film mexicain de Luis Bunuel. Un pied dans le surnaturel, le film garde tout son corps dans le surréalisme. A partir ce qui pourrait être un paris simpliste : enfermer des bourgeois dans un salon sans nuls obstacles, Bunuel réussi à créer une oeuvre non-sensique délicieuse. Ainsi enfermés, les bourgeois organisent un campement, ils vont rester cloîtrer dans cette unique salle, hors de tout sauvetage car la superstition a voulu aussi que personne ne puisse rentrer dans la demeure. Vont durant cette période se croiser folie, désir charnel, dignité et mort. La moquerie subtile de Bunuel plane sur le film, accompagnant nos rires nécessaires en vue des situations. Aucune logique à cet «Angel exterminador» sinon celle de n'en avoir aucune. Or si le salon où ils sont enfermés représentait la vie et si le dehors représentait la mort ? Le film deviendrait donc une peinture sur la peur de la mort. Entre acceptations de cette mort, pulsations mortels, négation totale, etc... Luis Bunuel nous illustre là donc son film le plus mortel, dans le sens où c'est celui qui parle le plus et le mieux de la mort. La scène finale, semble condamner ad vitam le groupe bourgeois à l'enfermement. Le film est d'ailleurs accompagné par une photographie totalement adéquate, aussi sombre que l'absurde de la situation. Absurde qui se répercute aussi sur les dialogues et leurs répétitions mécaniques. La distribution quant à elle et parfaite. Jacqueline Andere, qui interpéte la maîtresse de maison a d'ailleurs un physique à la croisée entre Anna Magnani et Sofia Loren. Pour conclure, «El Angel exterminador» est un des meilleurs films de Luis Bunuel, un bijou de surréalisme, assez lynchien d'ailleurs dans le sens où les peurs des uns se répercutent sur nous si bien que l'on se prend à vouloir nous même sortir du salon. Apogée du huis clos.
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