Burlesque est le premier long métrage de Steven Antin. Il a notamment écrit le scénario, choisi les chansons pour la bande originale et créé les numéros musicaux. Après avoir créé des spectacles burlesques plus tôt dans sa carrière, c’est tout naturellement qu’il est passé à la réalisation. Dès son plus jeune âge il est apparu dans Les Accusés de Jonathan Kaplan, Les Goonies de Richard Donner et The Last American Virgin de Boaz Davidson. Il a également tenu un rôle récurrent dans la série New York Police Blues et a été nommé à l’ACE Award du meilleur acteur pour le téléfilm Vietnam Story.
Pour cette première comédie musicale, Steven Antin n'a pas lésiné sur le choix des acteurs. Pour les rôles principaux, citons, bien entendu, Cher (en cheftaine, propriétaire du cabaret) et Christina Aguilera (Ali Rose, la jeune chanteuse qui vient tenter sa chance à los Angeles). Parmi les personnages secondaires, citons, entres autres, Eric Dane de Grey's Anatomy, Cam Gigandet (Twilight - Chapitre 1 : fascination), Peter Gallagher (Newport Beach), Alan Cumming (X-Men) et...Kristen Bell!
A l'origine ce sont Jessica Biel et Lindsay Lohan qui étaient pressenties pour le personnage de Nikki. C'est finalement Kristen Bell, l'héroïne de la série Veronica Mars, qui a remporté le rôle. Elle interprète cette jeune femme dont l’attitude et le caractère autodestructeur font des coulisses du "Burlesque Lounge" le théâtre de nombreuses scènes. Elle explique : "Je ne crois pas que l’on puisse, en tant qu’acteur, jouer le rôle d’un antagoniste en pensant que ce personnage est foncièrement mauvais. Il faut chercher les raisons pour lesquelles Nikki pense que ce qu’elle fait est juste. Elle a tout simplement plus de légitimité ici que n’importe qui". Elle devient au fil du film une concurrente pour Ali Rose alors que celle-ci bouleverse les relations autrefois établies entre Nikki et Tess.
Les producteurs savaient que seule une star pourrait donner son panache au film et rendre vivant le "Burlesque Lounge". Comme cheftaine du lieu, il fallait une forte personnalité et quelqu'un qui ait une véritable présence sur scène. Ils ont donc poursuivi Cher sans relâche jusqu’à ce que l’actrice oscarisée ( Eclair de lune) accepte de mettre fin à une période de sept ans loin des plateaux de tournage et de faire son retour au cinéma. Ce film signe sa première comédie musicale. C'est en effet la première fois qu'elle est amenée à chanter dans un film.
Le film a permis à de nombreux membres de l'équipe de se retrouver: Peter Gallagher et sa partenaire de la comédie musicale Blanches colombes et vilains messieurs, Denise Faye, qui est l'un des chorégraphes de Burlesque, ont été réunis sur le tournage. Peter Gallagher avait également rencontré brièvement Cher sur le tournage de The Player de Robert Altman. Le chef costumier Michael Kaplan a été assistant sur le "Sonny and Cher Show". Par ailleurs, les éclairagistes Peggy Eisenhauer et Jules Fisher ont déjà travaillé avec les chorégraphes pour Chicago de Rob Marshall.
Steven Antin insiste sur le fait que l'univers du film reste sexy tout en évitant le caractère sexuel qui serait, selon lui, inapproprié: "Burlesque est parfois osé, toujours sexy, mais jamais sexuel. Tout ce que nous faisons dans ce film, comme c’était le cas du burlesque original, a pour objectif de divertir. C’est une farce amicale, spectaculaire et aguichante. Le burlesque était à l’origine un spectacle pour les foules, et c’est toujours le cas aujourd’hui avec le film."
La sœur du réalisateur, Robin Antin, est la fondatrice des "Pussycat Dolls" et est connue pour ses chorégraphies.
Les décors ont eu grande importance dans le film puisque la plupart des scènes ont été tournées à l'intérieur du music-hall. La construction du bar a demandé six semaines de travail au chef décorateur, au directeur artistique et à leurs équipes. Pour rendre le décor aussi fonctionnel et réaliste que possible, les bureaux, les vestibules et les vestiaires ont tous été reliés au club et à la scène. Il n’y avait aucun mur mobile ou décor à part pour ne pas briser l’illusion que le "Burlesque Lounge" était autre chose qu’un monde en soi, un cabaret en activité. L'intérieur du cabaret rappelle les années 20 puisque Steven Antin et Jon Gary Steele, le chef décorateur, ont décidé de décorer l’intérieur du cabaret de manière plutôt anachronique, l'imaginant "ancien et luxueux, un théâtre rouge et or. Nous voulions qu’il ait l’air décadent tout en étant beau et élégant", rapporte ce dernier.
Christina Aguilera a non seulement joué, chanté et dansé dans Burlesque, mais elle a également coécrit trois des chansons du film : "E.X.P.R.E.S.S", "Bound to You" et "Show Me How You Burlesque". Elle a proposé de composer la musique et Steven Antin a accepté de bonne grâce lui disant clairement que si les chansons ne lui plaisaient pas, il ne les mettrait pas dans le film. D'ailleurs, il a lui même écrit et composé un des titres chantés par Ali Rose, intitulé "But I’m A Good Girl".
Bojan Bazelli, directeur de la photographie, a énormément réfléchi aux couleurs à apporter au film, épaulé par le réalisateur. Il explique ses choix esthétiques : "Le burlesque, dans mon esprit, est rouge. Nous avons ajouté beaucoup de tons de rouges tout au long du film. Un rouge très riche et saturé accompagne tous les numéros." Bojan Bazelli souhaitait créer une distinction entre le Hollywood d’Ali et son univers à l’intérieur du cabaret : "À chaque fois qu’on entre dans le cabaret, tout est éclatant, les couleurs sont vibrantes. Le contraste est plus important. Alors que quand nous nous trouvons dans les rues – non pas qu’Hollywood ne soit pas un endroit éclatant – mais nous avons essayé de faire en sorte que ce soit un peu moins coloré. La tonalité dominante est davantage monochrome", explique-t-il.
Si le travail accordé aux décors et à l'atmosphère du lieu a été des plus importants, les costumes et le maquillage l'ont été aussi. Steven Antin a employé les grands moyens: Cindy Williams et une équipe composée de 15 à 18 maquilleurs ont occupé quatre caravanes et une tente équipées de postes de maquillage pour donner aux danseurs et aux autres acteurs leur look unique pour le film. Elle explique : "Nous avions une caravane entièrement dédiée au maquillage pour le corps. Des aérographes fonctionnaient en permanence pour retoucher la peau de toutes les filles parce qu’elles prenaient des coups lors de leurs numéros de danse et avaient des bleus."
Habiller les acteurs du film a représenté une somme de travail considérable pour le chef costumier Michael Kaplan, qui a notamment collaboré pour Blade Runner, Flashdance, Fight Club et Star Trek. Travailler sur une comédie musicale l’a conduit à relever de nouveaux défis. Dans le final déchaîné du film, par exemple, il a imaginé des danseurs habillés de costumes confectionnés avec des chaînes en or et du cristal Swarovski. Il a procédé par tâtonnements et a dû faire preuve d’ingéniosité pour parvenir à concevoir des costumes qui puissent bouger et être malmenés tout en restant en place. En tout, environ 250 000 cristaux Swarovski de quinze couleurs différentes ont été minutieusement assemblés pour créer ces pièces. Afin de donner l’illusion de voir plus de peau que l’on n’en montrait réellement, Michael Kaplan a habillé chacun des danseurs d’un vêtement très ajusté qui était teint pour s’accorder précisément à leur couleur de peau. Les chaînes en or y ont précautionneusement été fixées.
Le chef décorateur a travaillé en étroite collaboration avec les chorégraphes puisqu'il fallait que les décors et la scène soient à la fois esthétiques et fonctionnels. Il a lui-même apporté sa petite contribution à la chorégraphie en suggérant que les miroirs situés derrière le bar se séparent et s’ouvrent.
Certains danseurs ont été blessés pendant le tournage de Burlesque. Certaines chorégraphies requéraient des prouesses physiques dignes de cascadeurs: Julianne Hough se souvient du numéro de "Diamonds Are A Girl’s Best Friend" : "Je suis tombée sur ce rideau en perles métalliques et je me suis retrouvée prise dedans. Je n’avais rien pour me retenir. Le problème, c’est qu’on aurait dit que j’avais des brûlures à cause de toutes ces marques laissées par les perles métalliques partout sur mon corps. C’était très douloureux !" . Pour le danseur Sean Van der Wilt, la douleur a eu une autre cause : les robes de la séquence finale conçues avec des chaînes en or. Il explique : "Je me suis coupé avec les chaînes des robes des filles au moment où elles glissent le long de mes bras. Mais le film vaudra totalement le coup.".
Steven Antin a fait le pari fou de filmer une scène sur Hollywood Boulevard provoquant ainsi une émeute gigantesque: "Je n’imaginais pas du tout que ça allait être aussi dingue ! Il y avait une véritable foule. J’avais l’impression d’être à Times Square. Je n’ai jamais vu autant de monde à cet endroit", rapporte le réalisateur.
Steven Antin, peu connu pour ses longs métrages, signe ici sa première comédie musicale. Il emprunte bon nombre de procédés et d'éléments au courant néo-burlesque. Ce courant apparu dans les années 1990 aux Etats-Unis prend sa source dans le music-hall. Sa caractéristique principale est d'allier le strip-tease à la danse et au théâtre. La dimension subversive est présente mais elle reste sous-couverte d'une grande recherche esthétique à la limite du kitsch. On devine dans le déhanchement suggestif des stars appartenant à ce courant la marque d'un glamour provocateur tirant à la satire sociale. Si le réalisateur célèbre le corps de la femme (Christina Aguilera est on ne peut plus sophistiquée!) et cultive les charmes rétro du burlesque, il élude la dimension politique qui accompagne l'apparition de ce courant avant-gardiste. Il s'intéresse plutôt à la dimension spectaculaire et au show dans la lignée des films tels que Coyote Girls, Dancing Girls ou encore Nine.