Pour être honnête, ce film est déconcertant. Il laisse une véritable interrogation en suspend. N'est-ce pas là une réelle bouse ? L'interprétation du film reste difficile pour moi. La plupart des films de cet auteur le sont d'ailleurs. J'ai lu une critique de spectateur qui évoquait la dénonciation de l'incommunication. Oui. Et non. Un film particulièrement vide apparemment. Du désert, cailloux, poussière, paysages grotesques de nullité avec ses buissons secs. Une vie de couple aussi vide et sans intérêt que de regarder passer des trains, s'ébahir devant des éoliennes. Houlà, leur profond ennui devient rapidement contagieux car on peine à découvrir un message, un quelconque intérêt à se faire ch ainsi, se faire du mal à loisir. Il y a tellement de meilleurs WE que d'aller s'encroter dans le désert. Les pôvres californiens. Dumont s'est rendu aux USA, il a pas aimé du tout! Il nous décrit ces Redneck, paysans qui vous insultent gratuitement si vous marchez sur LEUR trottoir, vous font chier à vous barrer la route, si vous ne tenez pas compte de leur avertissements. Une amérique totalement vide et insipide, remplie de gros lourdauds qui vous cherchent des ennuis, par ennui. Pourtant en plein coeur d'une Californie montrée (par eux) habituellement en exemple. Au milieu de cela, l'histoire d'un petit Roi, accompagné de son gentil sac à baîser, ou sac à viande ainsi qu'il la considère. Elle, est folle amoureuse de lui. Et jusqu'au bout. Elle devient hystérique parfois, tant il la déconsidère fréquemment. Puis survient (tardivement) l'accident ou le petit Roi se fait gentiment cassé, ôte sa couronne (se scalpe) puis nique tout se qui lui devient insupportable. Auparavant, une simple rayure sur son HUMMER devenait déjà une affaire d'état. Mais là, ce qui lui arrive, lui reste en travers de..enfin en travers. Une critique détournée de l'amérique, montrée sous un angle alternatif, un pays particulièrement vide et triste, remplie de culs-terreux. Le tout, sur un fond de pseudo-romance qui vire au cauchemar. Le vide est si présent, qu'à part baiser ou copuler sur des cailloux, il n'y a pas grand chose à faire pour se sentir exister. La situation de "vide cérébral" des personnages est si intense (hum.), que les dialogues tiennent bien évidemment sur un confetti. Leur frustration devient fatalement la notre. La force de Mr. Dumont, est d'exprimer de façon muette, un torrent d'idées, de paroles, posés sur des vides peuplés de cailloux. Et pourtant, une bande sonore si expressive et si intense, qu'elle en devient à elle seule, rapidement insupportable, voire même agressive, haletante. La démonstration que le cinéma n'existe pas seulement par les images, mais bien par un souffle, des idées à écouter. Encore faut-il accepter de les entendre, je veux dire, s'y préparer par avance. Un film "Dumont" ne se prend jamais à la légère. Au final, un scénario particulièrement audacieux, et singulier surtout. La maîtrise habituel de ce réalisateur qui nous apprend sans cesse à découvrir un sens différent au flot d'images déversées habituellement au cinéma, à nous interroger, à faire l'effort de comprendre. Et fort heureusement, il y a matière à interpréter de mille façons différente ce road movie. Malheureusement, bon nombre de spectateurs n'en sont pas conscient et considèrent, à tort, que ce film est lent. Une réalisation qui laisse pourtant largement le temps de réfléchir, de donner un sens aux situations. Il n'y a donc aucune frustration. Bien au contraire, une richesse intense. La démonstration qu'on peut faire un film 'plein', sur un désert 'vide', et des personnages dans leurs plus mauvais jours et particulièrement en défaut d'intensité, proches du vide total. A découvrir et à apprivoiser dans cet exercice ou le vide appelle le plein. Et où, le spectateur doit prendre les choses en main, réfléchir, agir et participer à remplir le vide laissé délibérément ouvert, montré du doigt. Une opportunité pas si courante, qui peut rebuter les grands consommateurs d'images qui bougent. Pour ma part, je ne peux qu'être reconnaissante de l'effort que réclame ce film. Merci.