Ah, Bronson et ses films bourrins de fin de carrière ! Steven Seagal en second ! Le Justicier de minuit reste cependant une série B assez efficace, malgré ses lourdeurs, roublarde à souhait, volontiers racoleuse, mais finalement divertissante si tant est qu’on adhère à ce genre de plaisir coupable.
Au casting Bronson donc, qui se la joue justicier prêt à tout et qui en a marre du laxisme de la justice. L’acteur garde la classe, il s’empare plutôt bien du personnage, et finalement il garde sa crédibilité et son honneur dans ce métrage, face à un casting d’acteurs moins connus, mais pas égarés. Gene Davis en fait un peu beaucoup dans la dernière partie, mais il reste d’un bon niveau, tandis que Andrew Stevens est à mon sens la bonne surprise du film, ne se laissant pas écraser par Bronson. Le casting féminin est plus inégal, mais Lisa Eilbacher ne s’en tire pas mal. A noter que le film dispose d’un méchant qui a du relief, et c’est à souligner quand même !
Techniquement le film dispose d’une mise en scène volontiers racoleuse de Thompson, mais le réalisateur en vieux routier de la série B livre un travail plutôt efficace, notamment lors de certains meurtres, et sa réalisation reste fluide. Le métrage ne casse pas la baraque, mais son ambiance sombre, son style crépusculaire plutôt bien tenu, lui permettent de garder une certaine classe, une élégance appréciable, et on ne s’ennuie pas devant ce produit bien emballé, avec une musique un peu neutre.
Le souci majeur du film reste son scénario et son déroulé. Bien lourdingue, le film se veut outrageusement manichéen, et surtout tout est vraiment taillé à la serpe. Bronson est un génie, le méchant laisse aucun indice mais se fait démasquer quand même… bref, le film recèle une certaine artificialité, et même si ça reste plutôt pardonnable de par le rythme du métrage, c’est gênant par moment. Le Justicier de minuit est loin d’être infâme, parce qu’il est nerveux, violent, mais quand même, la sortie est asse ridicule, il y a des incohérences, et c’est balourd. Mais enfin, il y a de l’audace niveau violence, le traitement du tueur ne manque pas de relief, et c’est louable, surtout dans un fil où le tueur n’est pas inspiré d’un tueur réel.
Honnêtement difficile de présenter Le Justicier de minuit comme un grand film, mais c’est sans doute un des plus décents de la fin de carrière de Bronson. C’est une sorte d’Inspecteur Harry plus poisseux et plus extrême, moins finement mené aussi, mais c’est sympa. 3.